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Tenet [Film] 2020

Espionnage SF | USA, Royaume-Uni |

Une prise d'otages est en cours dans un opéra en Ukraine. Un agent infiltré, nommé Protagoniste, se trouve parmi les brigades anti-terroristes dépêchées pour déjouer la prise d'otages, qui se trouve être un leurre pour faire assassiner un diplomate et subtiliser un colis. Alors qu'il récupère toutes les bombes posées par les terroristes, le protagoniste est sauvé par une balle inversée mais il est capturé. Alors qu'il est interrogé, il avale une capsule de cyanure. Mais en fait, c'était pas vraiment du cyanure, et l'assassinat du diplomate était un leurre aussi.
"-Je démissionne.
-Vous êtes morts, vous ne travaillez plus pour nous. Votre devoir transcende l'intérêt national, c'est une question de survie. [...] Il s'agit de cloisonner le savoir. Je n'ai à vous donner que ce geste, associé au mot "précepte" ou "tenet". A manier avec soin. Il ouvrira les bonnes portes, et parfois aussi les mauvaises."

Tenet ? Un film d'espionnage nextgen à la sauce terroriste. Ou une bonne comédie d'espionnage, selon... Quand Nolan emprunte des idées à Jean Cocteau, et Doctor Who à la fois¹. Mais Nolan n'en a pas parlé.
Nolan, ou le mec qui passe la moitié de son temps à faire des grosses prods expérimentales. Le Prestige est bien loin (son film en tout cas, parce que le prestige lui, colle un peu à sa pelloche).
Nolan, un des rares réalisateurs modernes (ou futuristes selon le point de vue).
Nolan, ou comment se faire un AVC en essayant de suivre deux trames temporelles en même temps. Tournicoti, tournicota ! C'est le Manège enchanté.
Pourquoi ? Parce qu'il part presque d'une idée de cinéma (rembobiner) et la plante dans un réalisme de guerre et d'espionnage (une Guerre Froide). D'autant plus que Tenet tourne bizarrement autour de l'art : d'abord dans un opéra, puis autour de DEUX copies d'un Goya. C'est donc le double de Tenet qu'il faut regarder... Une expérience de cinéma alors, mais pourquoi faire ? N'est-ce pas là, pur argument de fiction ?
Pur argument de fiction ? Ou est-ce que le moment serait venu d'inverser le temps ? De rembobiner ? D'inverser les conceptions des choses ? En voilà une inception ! Le cinéma étant déjà le miroir déformant de notre société...

Tenet tient une partie de son inspiration du carré Sator, un carré magique lisible dans tous les sens et composé de cinq mots : Sator arepo tenet opera rotas soit "le semeur à la charrue maintient par son travail la rotation." Bien que j'aie pas fait latin.
Deuxième "devise" du film : "Notre monde est clair-obscur et sans ami au crépuscule".
Les deux attentats terroristes du film se trouvent être des leurres pour camoufler des opérations d'espionnage, ce qui à l'instar de 2001, en fait un film sur le secret.
Du point de vue réaliste, un certain nombre de questions pratiques restent en suspens. Mais le contenu "Dickien" ou "moderne" est là et c'est bien suffisant. Les questions portant sur la temporalité du film n'existent de toutes façons, pas. Les questions internes étant acceptées comme telles.
Pour la première fois de ma vie, j'ai peur d'un film, de me fissurer les neurones. Je crains que ce film soit pur vortex.
"N'essayez pas de comprendre. Ressentez" nous est-il dit au début du film.
Par ailleurs, le casting international est très chouette, et Kenneth Brannagh presque méconnaissable ("c'est lui ?""c'est pas lui ?").
Le vrai problème désormais, est de regarder Tenet à l'envers sans bousiller son lecteur ?

Assurément un film d'espionnage très métaphysique alors accrochez-vous !


1. Orphée, de Jean Cocteau, un des rares films tourné à l'envers. Docteur Who : voir River Song de la saison 4 (épisodes La Bibliothèque des ombres) à la saison 7.

Cinéma, science fiction, action, anticipation, espionnage, espace-temps, policier SF, thriller, technologie secrete, critique, analyse

Les Nouveaux mutants, et la saga X-Men [2020]

Super-héros | USA |

OK, le rachat de la 20th Century Fox par Disney n'a pas été la seule péripétie dans la post-production du film.
La sortie avait été ajournée plusieurs fois pour cause de concurrence avec Deadpool 2, puis Dark Phoenix, mais aussi pour cause de remontage suite à l'échec d'X-Men : Apocalypse, puis au succès de Ça.
OK, c'est pas vraiment le film d'horreur que promettait la bande-annonce (tournez-vous plutôt vers Brightburn pour ça). Et, well, le film est clairement orienté ado : scarification, suicide, premières amours, rébellion... tous les stigmates de l'adolescence sont présentés ici, avec un fil rouge : au cœur de l'histoire, encore une fois, la différence.
Le film se rapproche beaucoup de l'expérience de Split, avec ses personnages "morcelés", et qui était un premier pas vers le super-héros tourmenté (Phoenix ayant raté son coup en 2006¹). Cette fois-ci l'objectif est de le faire basculer dans l'horreur, ouai carrément, et qui s'y colle ? La licence X-Men.

X-Men avait déjà été la première à faire entrer les Mutants à "Hollywood". Après les expériences de Matrix et Incassable, qui sont les premiers vrais supers au sens d'effets spéciaux : wire-fu et pouvoirs pour l'un, approche réaliste et psychologique pour l'autre. Ainsi tous les éléments étaient réunis pour que les Supers en titre fassent bonne figure dans la place. Et les X-Men vinrent en premier, les plus légitimes à Hollywood peut-être, qui aime à mélanger grand spectacle et mythologie.
Persécutés, avec des pouvoirs psy étant l'expression de leur trauma, ils étaient la transition idéale.

Oui, selon moi, la réussite d'un effet² dans un film prépare celui du film suivant. Ce n'est pas seulement l'évolution des vfx qui a fait la différence entre les anciens films Marvel et les nouveaux, mais aussi l'approche psychologique et réaliste. Évidemment, l'une n'est rien sans l'autre.

Et donc, l'ambition de la série cause son propre échec, tel Icare se sentant pousser des ailes et qui voulait voler trop haut. C'était arrivé une première fois avec L'Affrontement final, à la fois trop ambitieux et trop court pour être opérationnel : beaucoup trop de personnages³. Cette erreur de parcours avait amené une suite tout aussi ambitieuse : un nouveau départ aux mutants (le Commencement), puis pas moins que la modification de la première ligne temporelle, avec Logan qui remonte le temps.
Osé ? C'est quand même une belle couleuvre à faire passer.
Mais la série se plante une nouvelle fois avec Apocalypse, un personnage ancré dans l'antiquité. Pas assez riche, cette fois. Mais elle réussit à surprendre à nouveau son public, avec Logan en mood réaliste et vieillissant. Et entre-temps, une magnifique comédie romantique (Deadpool prem's du nom).
Et enfin : Dark phoenix, qui explore à nouveau la figure de la sorcière (motif du feu, de la féminité et du pouvoir destructeur), et se heurte à nouveau à l'incompréhension du public. Alors qu'elle est pourtant l'ultime symbole des mutants persécutés, ces magiciens modernes... alors qu'elle est la figure centrale originelle et ambivalente des X-Men : la seule femme au commencement⁴. Bon.

Donc cette fois, à nouveau, Les Nouveaux Mutants prend le temps de présenter ses personnages. A tort ou à raison, d'ailleurs : l'humour d'Ilyana et Roberto étant ce qu'il est, un peu pourri-gâté. Ilyana étant la plus insupportable des deux, pourtant incarnée par Anya Taylor-Joy (Split, nouveau ping-pong). Et aussi, il y a un clone de Willow dans Buffy. Mais après une longue exposition, cahin caha, on a enfin ce qu'on est venu chercher, ou quand les traumas des personnages sont révélés. La dimension psychique et/ou mythologique s'installe et on assiste enfin aux combat des énergies et des archétypes, éternels, universels. Ouais : ils se mettent sur la moule !
Car le film s'articule autour du personnage de Danielle Moonstar, d'origine cheyenne, et d'une légende de son peuple : "En chacun de nous cohabite deux ours qui luttent éternellement pour notre âme. Le premier ours symbolise le bien, la compassion, l'amour, la confiance. Le second représente le mal : la peur, la honte et l'autodestruction". Précisément le truc qu'Abraham a laissé en cours de route⁵.

Il est relativement intéressant de constater que la structure est similaire à celle de Glass, en tant que faux jumeau. Les Nouveaux mutants sont ici encadrés par le dr Cecilia Reyes, afin d'apprendre à contrôler leurs pouvoirs. Dans Glass, les personnages sont placés sous l'autorité de la docteure Ellie Staple afin qu'elle leur prouve qu'ils sont bien malades et se remettent de leurs illusions (mais...).
Les traumas sont au centre des deux approches. Les individus sont placés en surveillance. Les docteurs sont ambivalents.
Sympa.

Pas génial pour autant, mais un petit film sympa (un peu régressif pour les adultes quand même), en attendant le big remake avec le grand absent de ce film : Warlock.

1. Dans X-Men : L'Affrontement final.
2. En l'occurrence, cet effet est dans l'identification. Le super-héros aurait pu prendre une forme différente au cinéma de ce qu'il était en BD. C'était d'ailleurs le cas dans le premier X-Men : les personnages jouent tout le film en civil, il n'y a que démonstration de pouvoirs. Ce n'est qu'au tout dernier moment qu'ils sortent le dernier pan de la panoplie : oui, les costumes. En aucun cas il n'aurait pu leur faire porter dès l'intro. Une fois la pilule passée, tous les films peuvent commencer en slip ou wonderbra à paillette (cf. WW84).
3. Cet échec sera d'ailleurs le moteur d'Avengers, qui présentera les personnages de sa série un par un, à chaque film.
4. Jean Grey, alias Strange girl, est la seule femme de la première équipe des X-Men en 1963, qui comptait Cyclope, Fauve, Iceberg et Angel. Ce n'est qu'en 1975 que viendront Logan, Diablo, Tornade... Strange girl deviendra Phénix au contact de la Force Phénix en 1976.
5. Dans Star wars : l’Éveil de la Force.

Cinéma, science fiction, super heros, bande dessinée, mutation, mythologie, critique, analyse

Glass [Film] 2019

Super-héros | USA, Chine |

Sur la piste de la Horde, le sociopathe aux personnalités multiples, David Dunn, alias le superviseur, tient un magasin d'articles de sécurité avec son fils Joseph. Celui-ci lui propose de quadriller le secteur industriel, et comme David a le pouvoir de voir les souvenirs des personnes en les touchant, il découvre où les pompom girls sont retenues prisonnières en croisant Barry (la personnalité enfantine de la Horde). A armes égales avec la Horde, ils peuvent enfin se mettre sur le coin de la moule, mais sont arrêtés par la police lors du combat, et enfermés dans un centre spécialisé. Très spécialisé.
Car mrs. Staple est passée maître dans le traitement des individus persuadés d'être des super-héros, en tant que mythomanes, et se donne trois jours pour les soigner.

On l'a déjà dit, Shyamalan a du mal à frayer avec le spectaculaire. Il ne sublime pas la maladie ni le pathétique (il y a d'ailleurs beaucoup d'humour chez la Horde), et poursuit sa vision réaliste et psychologique du héros.
De plus, entre les conditions de détention, l'intervention des différents personnages secondaires mais capitaux, et l'approche psychanalytique à proprement parler, le temps passe vite. Encore une fois, après Incassable puis Split, le réalisateur met en place tous ses éléments doucement, implacablement, afin de rendre les choses crédibles à force d'arguments et de contre-arguments. Les traumas de chaque personnage est le leitmotiv intrinsèque : les trois titres ont à voir avec la fêlure et les destins brisés, et chacun des trois films est centré sur un personnage. Tant va la cruche à l'eau, donc, jusqu'à un final de super-héros tout juste digne de ce nom, puisqu'il fait hommage au genre mais sans se renier pour autant. Donc non, ils ne se bastonneront pas sur la lune.

Les personnage secondaires, souvent révélateurs en tant qu'ennemis, à l'instar du Joker et de Catwoman dans Batman, ou de Lex Luthor dans Superman, etc., sont ici amis et donnent toute leur force aux personnages : ici la mère de Glass, le fils d'Incassable, l'otage amoureuse¹ de Split. Car ici, la force provient de leur croyance et de la confiance qu'on leur accorde.
Anti-spectaculaire au point de truquer sa fin, Night M. Shyamalan nous parle d'un pouvoir tout autre... celui que les dieux de l'Inde ont subtilisé à l'homme... et qu'ils ont dû lui cacher.
Il ne fait finalement qu'appuyer sur l'abcès éclos dans Split.

Il nous rappelle aussi, comme en Aïkido, à se servir de la force de son adversaire. Et c'est vachement bien vu.

Enfin un super-héros qui s'occupe intelligemment au lieu de mettre des pauvres en prison ! Tousse tousse. Désolé.


1. Syndrome de Stockholm oblige.

Cinéma, science fiction, super heros, societe, surhumain, mythologie, critique, analyse, James McAvoy, Samuel L. Jackson, Bruce Willis, M. Night Shyamalan

Cloverfield [Film] 2008

Film catastrophe | USA |

Une vue de Central Park prise au caméscope. Rob et Beth, un jeune couple, euphoriques, se réveillent d'une nuit ensemble. Au plan suivant, le caméscope a changé de main. Il changera encore de main, et c'est Hudson qui s'occupera finalement de prendre les messages des copains pendant la soirée d'adieu de Rob. Alors que Rob et Beth sont séparés.
Le soir venu, alors que ce dernier se confie à son frère Jason et Hudson, qui lui remontent le moral, un énorme bruit retentit dans la ville et l'électricité est coupée. Ils sont sous le choc mais une explosion se produit au loin, et les retombées de projectiles les obligent à quitter la terrasse. En bas, tout New-York est sorti aussi, et court dans la rue en criant. La tête de la statut de la liberté est projetée et tombe à côté de nous (ce serait une référence à la Planète des singes, je crois que c'est plutôt une référence au terrorisme mais bref). Quelque chose de vivant et d'énorme frôle un building, qui s'effondre. Le groupe d'amis est pris dans la tourmente. Très vite les militaires arrivent et les civils commencent à être évacués. Mais Rob veut retrouver Beth et fait marche arrière.

Un film catastrophe sur fond de Kaiju, filmé caméra à l'épaule, qui a retenu les leçons du slasher. Dix ans après Godzilla, les monstres géants commencent à s'installer aux US. Un rescue movie, aussi, si ce modèle persévère¹.
New-York transformé en zone de guerre, avec des tentes de médecins dans les sous-sols pour accueillir les centaines, les milliers de blessés... C'est encore le terrorisme en toile de fond, véritable trauma collectif.

Mais la qualité d'écriture du sous-texte n'a aucune importance à ce niveau de suspense et d'immersion... le scénario devient avant tout un indispensable outil technique.
La contrainte avec le found-footage, c'est de trouver le moyen de faire les coupes. Arrêter le caméscope pour revisionner un passage, c'est une coupe, le noir des coupures d'électricité en est une autre... mais avec le fond vert, tout devient plus simple. Du moins sur le plan du séquencier.
Mais aussi, avec une menace unique, comment rebooter l'intérêt du spectateur ? C'est comme les zombies, ils sont dangereux mais lents. Un seul ennemi implique de grandes contraintes. Et donc, ils sont silencieux, comme invisibles. D'ailleurs, que ce monstre-ci soit si peu visible facilite le réalisme du monstre géant : J.J. Abrams et Del Toro feront de même avec les leurs.

Deux "suites" à Cloverfield ont été mises en chantier sur le tard : 10 Cloverfield lane et The Cloverfield paradox. Sans être des suites à proprement parler, les films se déroulent dans le même univers : le "cloververse". Un thriller en huis-clos, tout d'abord, qui semble reprendre un scénario de Metal hurlant chronicles (le 2e épisode) et qui n'avait, initialement, rien à voir avec le premier film. Gros succès au box-office, surfant sur celui retentissant du premier. Puis une autre suite, un huis-clos à bord d'un satellite. Pas mal mais nettement inférieurs à l'original qui était particulièrement spectaculaire.
Les rumeurs précédant la sortie du premier film tournaient autour de Godzilla, mais plus particulièrement de Cthulhu² dont la société de production avait racheté les droits. L'idée aurait en fait été inspirée par le bloop, un mystérieux son d'ultra-basse fréquence marin entendu en 1997 (dans la réalité), et tout portait à croire (dans le film) qu'il s'agit d'un monstre marin réveillé par une société japonaise extrayant du sol marin un ingrédient pour une boisson énergisante (wtf ?!) : le satellite de l'entreprise se serait écrasé sur sa propre plateforme d'extraction... C'est ce que disent les bonus cachés du DVD en tout cas.

Technique, spectaculaire, vous êtes prévenu !


1. je ne sais pas s'il a déjà été formalisé : Il faut sauver le soldat Ryan, Supernova, Osiris... Le "rescue movie" étant un code similaire au buddy movie, sauver quelqu'un étant l'enjeu du film, ou partie du film.
2. Une création de H.P. Lovercraft, de la SF horrifique : L'Appel de Cthulhu (1928).

Cinéma, science fiction, found footage, film catastrophe, bloop, kaiju, critique, analyse

Split [Film] 2017

Super-héros | USA/Japon |

Ciné - Super-héros et fracture psychosociale

Split, ou l'art de transformer un film de super-héros en thriller psychologique.

Un thriller assez peu horrifique, malgré les compositions honorables de James McAvoy¹ et des jeunes otages.
Problème d'identification déjà : le prédateur est un mâle de type caucasien. Inconsciemment, nous (je) nous mettons à sa place plutôt qu'à celles de ses victimes, des étudiantes. OK. Mais il faut dire aussi que c'est du Shyamalan, peu penché sur le spectaculaire (même s'il arrive à le faire émerger par moments).
Malgré la présence d'un personnage à personnalités multiples, qui aurait pu être, sinon fascinant, tout au moins troublant, c'est le personnage de Casey (Anya Taylor-Joy) qui s'affirme, par négation d'abord, puis totalement. C'est elle le vrai personnage principal, avec son souvenir traumatique presque ordinaire².
Shyamalan, pour son super-héros, adopte le point de vue clinique (et même psychanalytique), ce qui fait penser au syndrome de la pensée magique³. Il évoque aussi un proverbe de la pensée religieuse hindouiste : alors que les humains se battaient tout le temps, et détruisaient tout, Dieu a décidé de cacher leurs pouvoirs là ils n'iraient jamais les chercher, dans leur cœur.
Mais l'argument du film est le suivant : si un individu à personnalités multiples peut être diabétique et pas les autres, si l'esprit est capable de rendre une personnalité allergique aux piqûres d'abeilles et pas les autres,  quelles sont les limites de l'esprit ?
Encore une fois, si Shyamalan peut être très pertinent, il a selon moi un vrai problème, volontaire sûrement, avec le spectaculaire qui sans être inintéressant, le rapproche parfois du téléfilm, avec une fâcheuse tendance à désamorcer ses meilleurs effets. Par exemple, aucune trace de sang après que la Bête se soit nourri. Aucune effusion non plus lors du final, avec ses différentes personnalités : qu'il passe d'une identité à l'autre aurait pu être très impressionnant. Mais non, Shyamalan ne fera pas ces choix (il les fera au suivant).
On peut déduire deux choses : Split aurait pu être TRÈS sordide, voyeuriste, mais Shyamalan est "classe" et ne s'y mouille pas. Et aussi, que son propos est finalement l'inverse de celui d'un film d'encapé : remettre l'humain ordinaire au centre de la notion de pouvoirs. Et donc, faire dans le spectaculaire aurait desservi son propos.

Mais Split, en réalité, est un film sur la souffrance. La souffrance de Kevin, la souffrance de Casey. Et ce sont celles-ci qui les rapprochent, ces personnes brisées : SPLIT.

"Vous avez écrit sur une femme en Allemagne qui était restée aveugle pendant dix ans. Puis on a découvert qu'elle souffrait de dissociation et trois de ses identités ont développé la vue. Vous aviez avancé que son nerf optique avait été régénéré par sa conviction."
Ici, il s'agit du pouvoir de régénération, bien connu des comics, des vampires, et des salamandres. Mais difficile de savoir si l'anecdote est vraie ou inventée par Shyamalan.
"Des négligeables" dit la Bête, prédateur universel. Sexuel, cannibale, social.
"-Une identité chez un individu qui souffre d'un trouble dissociatif, va avoir trop de cholestérol. Une seule. On note des cas où une identité était allergique aux piqûres de guêpes et pas les autres.
-Est-ce qu'il peut arriver que deux entités coexistent en même temps ?
-Oui il arrive parfois que deux entités "prennent la lumière", ou s'octroient le devant de la scène, et cela simultanément. Cela s'est produit avec une lycéenne au cours d'une séance. Elle écrivait de la main droite et en même temps de la gauche. Les écritures étaient différentes et ses notes simultanées portaient sur des sujets sans aucun rapport. La différence entre les identités peut s'avérer spectaculaire, au même titre que peut l'être la différence entre vous et moi [...] Est-ce que notre sens du surnaturel ne nous viendrait pas de ces zones inexplorées ?"

Encore une fois on pourra supposer que ces arguments d'autorité placés dans la bouche de la psychiatre proviennent de l'imagination débridée de M. Night Shyamalan, mélangeant vraies et fausses informations pour construire son discours visant tant à impliquer le spectateur qu'à le mystifier. Force est de constater qu'il ne cite pas ses sources...
J'attends impatiemment Glass. En effet la méthode Shyamalan visant à crédibiliser des êtres surnaturels étant particulièrement chronophage, va-t'il se passer quelque chose dans le prochain opus ?


1. On pourra suspecter Shyamalan d'avoir choisi McAvoy pour sa précédente interprétation de Charles Xavier dans les X-Men. Le rapport entre les deux est excellent, d'autant plus que le fils de Xavier, dans les comics, est aussi atteint d'un trouble dissociatif. Son nom est Légion.
2. Selon l'Ipsos en 2019, 165.000 enfants chaque année, d'en moyenne dix ans. Source : https://www.doctissimo.fr/psychologie/news/enfants-victimes-violences-sexuelles-france
3.
Forme de pensée qui s'attribue ou attribue à autrui le pouvoir de provoquer l'accomplissement de désirs, l'empêchement d'événements ou la résolution de problèmes sans intervention matérielle.

Cinéma, super-héros, société, thriller, Night M Shyamalan, Bruce Willis, James McAvoy, critique, analyse

Upgrade [Film] 2018

Action SF | Australie |

Ciné - Cyberpunk. Gore. Cybergore.

Grey est mécanicien à son compte, il déteste le tout-électronique et ne s'occupe que des voitures de collection. Il vit avec sa femme programmeuse dans une maison relativement luxueuse et intelligente (oui sa maison). Il lui propose (à sa femme) de l'accompagner chez le client à qui il doit ramener la voiture qu'il vient de terminer, afin qu'elle le ramène, mais aussi qu'il la lui présente. Le propriétaire de la voiture n'est autre que Eron Keen, le directeur de Cobolt, qui ne trouve rien de mieux que leur montrer sa dernière micro-puce expérimentale secrète. Sur le retour, la voiture intelligente s'emballe (comme quoi l'intelligence ça fait pas tout) et c'est l'accident. Ils s'en sortent vivants, mais trois pauvres les trouvent, tuent sa femme et le laissent pour mort.

Un petit film australien, le second de son réalisateur Leigh Whannell (et avant Invisible man, 2020), plutôt réussi et très bluffant à la première vision. A la deuxième l'évidence est probante : le scénario aurait mérité d'être encore travaillé, car des non-sens pointent le bout de leur nez et font boiter le tout (comment boiter avec un bout de nez, ça...) Malgré tout c'est donc une bonne surprise. Un film de vengeance efficace, sur fond de cyberpunk (ou plutôt de néo-cyberpunk) avec des cyborgs dedans. Et c'est encore assez rare pour être apprécié. De bonnes idées pour rafraîchir le genre, notamment du gore et du transhumanisme, mais aussi plein de petites idées pour nous projeter : des téléphones de la taille d'une oreillette (finis les jeux vidéo dans le métro), des voitures assistées 12G (on en avait vu dans Cloud Atlas) qui ressemblent à des hypercars en moins aérodynamiques, et un fossé entre les classes sociales qui fournit l'argument de départ.
En plus il y a de jolies couleurs : c'est ça que le cinéma a retenu du cyberpunk après Blade runner.
Des voitures qui volent (probablement de type "taxis à Dubaï"¹), le background est sympathique et le décor bien planté.

Bien sûr tout ça ne serait rien sans une réalisation efficace et inventive.


1. Vrai projet de type mini-hélicoptères

Cinéma, cyberpunk, anticipation, action SF, cyborg, intelligence artificielle, transhumanisme, critique, analyse

Wonder Woman 84 [Film] 2020

Super-héros | USA |

Ciné - Tournée de dinde aux marrons

...est une merde dans le genre que Hollywood aime pondre de temps en temps. Pas un gros caca ou un étron, non ! une jolie petite merde moraliste bien troussée... "Oh ! si le personnage remontait le temps pour réparer ses erreurs et comprendre que sa vie, en fait, elle est trop bien ?" ou "Tiens et si les personnages faisaient un vœu et que grâce à un truc magique, ils se trouvaient exaucés ?" et ça donne parfois de beaux films et téléfilms (Touchback, 2012). Mais rappelons-nous juste, que Picsou mag et le Journal de Mickey nous la font depuis tout petits.
Et là c'est clairement le parti-pris, revenir à l'esprit naïf et light de la série des années 80. Mais voilà, à ne pas confondre avec la mièvrerie.

Mais heureusement, le film finira mieux qu'il n'a commencé : avec un antagoniste intéressant, tel Icare¹, (on est en plein dans l'inspiration mythologique grecque) pris par l'ivresse du pouvoir, et une deuxième qui n'est autre que Cheetah, une femme animale de toute beauté. Je ne sais plus trop par quelle finesse les scénaristes casent le thème du mensonge, auquel s'oppose WW en tant qu'allégorie de la vérité. Tout ça est donc bien mâtiné de mytho et de philo grecque. Malgré une lecture symbolique pas inintéressante, ça reste assez plan-plan. Sachant d'autant plus, que c'est le lot quotidien des super-héros d'offrir une relecture des mythes et d'en proposer de nouveaux².
Visuellement rien à dire, le film réserve de bons moments.

Après deux scènes d'introduction en complet décalage (un flash-back sur l'île des Amazones lors de leurs Olympiades) où la petite Diana se mesure à des grandes (cool) et est accusée de tricherie par Robin Wright (pas cool), et la deuxième dans un centre commercial (les financeurs sans doute) où WW fait une démo en mode Tarzan (les scénarios ont été mélangés ?), on découvre une nouvelle protagoniste -normale- qui va à son travail -normal- et alors que tous ses collègues l'ignorent -trop normale-, elle rencontre Diana Prince alias WW, super sympa, qui ne l'ignore pas. Elle envie sa façon de porter des talons -normal. Et donc, lorsque la protagoniste reçoit une importante fournée de trésors archéologiques suite au démantèlement d'une contrebande d'objets archéologiques, grâce à WW précédemment, et qu'un collègue obtient un café miraculeusement après l'avoir souhaité en touchant une citrine³ issue du butin, elles essayent à leur tour ! Normal ! L'une veut être comme l'autre -sexy- et l'autre comme l'une -normale. Mais aussi, retrouver son seul amour, Steve Trevor, décédé dans les années 40.

Ils avaient deux options pour adapter Wonder Woman : revenir au phantasme soft et fétichiste des débuts, mais ça n'avait déjà pas trop plu à l'époque⁴, ou en faire un film pour adolescentes (le public masculin étant déjà acquis). La major a tranché.


1. Ou plus exactement, l'hybris.
2. Surfait mais réel. Il y a Superman solaire comparé à Jésus (sur certains plans seulement), Batman lunaire, Thor bien sûr, Flash à la foudre, Namor/ Aquaman/ Poséidon... dans la majorité des histoires les super-héros se contentent pourtant d'arrêter des voleurs ou des extraterrestres.
3. Pierre semi-précieuse.
4. Les publications de Wonder Woman font partie des rares livres condamnés au bûcher, et ce par la population. Pour cause les publications elles-mêmes, mais aussi la vie tumultueuse de son auteur (qui plus est féministe), selon le beau biopic My Wonder women (Angela Robinson, 2017)

Film, science, fiction, fantasy, super, héros, héroïne, aventures, mythologie, Patty Jenkins, critique, analyse

Total Recall [Film] 1990

Thriller SF| USA |

Ciné - Crash neuronal et embolie schizophrénique

Parler de Total recall aujourd'hui, ça fiche un peu le cafard...
L'époque bénie où les effets spéciaux ne se sentaient plus pisser, où les réalisateurs n'avaient plus froid aux yeux, où même les cauchemars de Lovecraft pouvaient enfin prendre vie (cf. : The Thing). Les effets spéciaux latex et mécaniques allaient loin, trop loin, et du coup, quarante ans plus tard, les films ont vieilli, ce qui est bien sûr tout à leur honneur. Et du même coup, ils se font remaker. Avec plus ou moins de succès. Heureusement les films vieillissent, OK, mais sont immortels et survivent sur de multiples supports. Le Pestacle !

Douglas Quaid, ouvrier terrien, rêve d'une vie d'aventure sur Mars, qui est désormais une colonie humaine. Il rêve de Mars, déjeune avec Mars au grand dam de sa femme, et prend le métro avec Mars. C'est en voyant la publicité d'une société proposant des souvenirs artificiels, qu'il se décide à en faire l'expérience contre l'avis son collègue de travail. A la sortie, il est à deux doigts de faire une embolie SCHI-ZO-PHRé-NIQUE, alors que le rêve n'est même pas implanté. Conclusion : Quaid est déjà allé sur Mars, et il a déjà un implant mémoriel. Les employés et le directeur de la petite entreprise décident de lui effacer de sa mémoire sa venue chez Rekall, et de le jeter dans un taxi ni vu ni connu. Sur le chemin, Quaid a repris conscience et se fait enquiquiner sévère par son collègue et trois autres hommes, qui lui reprochent d'être allé chez Rekall. Il les tue par réflexe, dans le feu de l'action, et en rentrant chez lui, c'est sa femme qui manque de le tuer.

Si Total recall sent les 80's c'est une chose, mais avec le recul c'est plutôt le "réalisme béton et fusil à pompe" qu'il fouette à plein nez¹. Quand il met la main à la pâte de la scifi, Verhoeven nous fait Robocop, Starship troopers... des films de SF où l'on tire à balles réelles. Verhoeven sait donner une crédibilité crue à sa SF. Par ailleurs, le fait d'être dans une bande SF est tout-à-fait assumée : les billets de banque sont roses par exemple... A l'époque les influenceurs youtubeurs ne chipotaient pas sur des détails.

Ciné - Courir contre l'oubli
La genèse de Total recall est tout aussi intéressante. Ronal Shusett et Dan O'Bannon² écrivent le scénario dans les années 70 à partir d'une nouvelle de Philip K. Dick, Souvenirs à vendre. Trop ambitieux pour l'époque, le scénario passe de studio en studio jusqu'à ce qu'il soit acheté dans les années 80 par Dino de Laurentiis. Puis il est réécrit par David Cronenberg, mais la prod veut impérativement un film d'action, et il quitte le projet. Suite à l'échec de Dune, De Laurentiis abandonne le projet, et c'est Schwarzennegger, qui avait essayé d'obtenir le rôle, qui reprend en main le projet. Il trouve le producteur, Carolco pictures, puis le réalisateur, Paul Verhoeven, qui l'avait déjà envisagé pour le rôle-titre de Robocop. C'est encore Schwarzennegger qui trouvera le scénariste pour boucler le dernier acte qui faisait défaut au scénario. Rob Bottin³, enfin, s'occupera des effets de maquillage avec le succès qu'on connaît. Total recall a vieilli, certes, mais n'a rien perdu de son efficacité.
Pour en faire un bon remake, il faudrait déjà pouvoir garder tout le contenu Dickien, tout simplement, à l'inverse de quoi vous n'obtiendrez qu'un film lambda.
Si Terminator est au patrimoine national américain⁴, alors Total recall est à inscrire au patrimoine martien.

Total recall est largement un chef d’œuvre, et l'émergence des effets spéciaux numériques n'auront fait que le graver un peu plus profondément dans le marbre.


1. Le réalisme béton et fusil à pompe, comme je l'appellerai dorénavant à défaut de trouver le nom d'origine, c'est une esthétique d'inspiration industrielle, béton, à l'exact opposé de la fantasy : Outland, Toal recall, Starship troopers, Wing commander, Event horizon...
2. Scénariste notamment de The Long tomorrow avec Moebius, qui inspirera le film Blade Runner, et d'Alien le 8e passager.
3. Responsable des effets spéciaux sur the Thing.
4. Véridique. 

Cinéma, science, fiction, anticipation, espionnage, action, thriller, colonisation spatiale,  androïdes, mutation, Arnold Schwarzennegger, Paul Verhoeven, critique, analyse

The One [Film] 2001

Kung-fu | USA |

Ciné - Double Jet, un film d'action interdimensionnel

Le film s'ouvre avec le méchant Jet Li en prison, sur le point d'être transféré. Mais un super-méchant Jet Li arrive et le tue. En tuant ses doubles des mondes parallèles, il devient plus puissant et rapide. Ainsi il élimine toute la troupe d'escorte facilement, mais il est arrêté plus loin par deux flics du multivers (et leurs rayguns futuristes). Ensuite ils sont tous téléportés dans leur univers pour son jugement. Sur le point d'être transféré à perpétuité dans un univers-prison, une jolie fille présente dans la salle fait diversion en explosant une souris à distance. Jet Li reprogramme alors la destination du transfert afin d'assassiner son dernier "double", le gentil Jet Li.

Avec son allure de film HK, The One est pourtant bien un film américain. Un film d'action SF à la sauce wire-fu post-Matrix très cool, à moins d'être allergique. Mais soyons clairs, derrière son argument SF voire, aujourd'hui, scientifique¹, il s'agit surtout d'un film d'action efficace. Une série B avec du second degré dedans.
Statham et Delroy Lindo sont très rigolos en régulateurs à la Terminator-Matrix. Les régulateurs, bientôt stéréotypes de série B² ?
Et l'effet de morphing qui accompagne le transfert, faut vraiment le voir pour le croire.
La fin laisse présager une suite, type survival, genre trilogie foutraque à la Riddick...


1. La théorie du multivers a été formulée pour la première fois par le philosophe grec Anaximandre au VIe siècle av. J.-C. Aujourd'hui c'est un postulat quantique.
2. On pense aux Régulateurs de Stephen King /Bachman, au Régulateur de Corbeyran et Moreno...

Film, science-fiction, action SF, kung-fu, wire-fu, mondes parallèles, dimensions, surhumain, critique, analyse

Six-string samuraï [Film] 1998

Kung-fu anticipation | USA |

Ciné - Un survival musical sauce kung-fu

L'histoire prend place autour de Lost Vegas, le dernier bastion de liberté après que la bombe ait explosé en 1957 et que les Russes aient envahi ce qui restait des USA. Elvis fut couronné roi, mais après quarante ans de rock'n'roll, le King est mort, et les guitaristes à l'épée se battent pour la succession. C'est dans ce contexte que la "samouraï Six-cordes" sauve un enfant mutique (en pyjama et à la toque de Davy Crockett) des quatre cavaliers de l'Apocalypse, un groupe de Death metal dirigé par la Mort.

Dans un contexte post-apocalyptique, et uchronique, Six-string samuraï est un film de castagne où fétus de paille et guitaristes fêlés se côtoient. Ou plus précisément, un film de samouraï /kung-fu musical sur fond d'apocalypse.
Musical car la bande-son, assez épique, accompagne le film de bout en bout. Samouraï, il rappelle d'ailleurs beaucoup Baby cart avec sa figure du samouraï errant, samouraï à l'enfant. Kung-fu parce qu'il y a plus de deux-trois coups de pied sautés qui ne se perdent pas, et post-apocalyptique, parce que l'histoire prend place dans le bush nord-américain avec des néo-zombies rendus à l'état de Néanderthals ou de golfeurs cannibales.
Et aussi road-movie, western. Oué tout ça.
Mais ici, l'objectif du réalisateur n'est pas de surenchérir en mettant de tout ce qu'il aime dedans, mais bel et bien de créer un espace onirique¹ entre la vie et la mort, entre le rêve et la réalité, où la Mort est guitariste, le monstre-épinard mange les petits enfants, et où les mariachis jouent pour le titre.
Entre les pluies de bubblegum et les tempêtes de sable, le samouraï Six-cordes inscrit sa folle légende. Parce que les radiations, ça attaque.

D'abord sorti en VHS 4/3, Six-string samuraï est enfin disponible en 16/9° sous-titré... sur toutes les bonnes plateformes de streaming et de sous-titrage.
Quelques emprunts peut-être... on pense par moments aux frères Dalton, dans Lucky Luke, Reservoir dogs ou à Terminator 2.
La valeur ajoutée majeure du film étant sans conteste la B.O., alternant rock et rockabilly. Elle est réalisée par les Red Elvises et Brian Tyler qui signera plus tard celles de Bubba Ho-Tep, Prisonniers du temps, Constantine, Alien vs Predator, l'Œil du mal, the Lazarus project, Insaisissables, quelques Marvel...

Un OVNI cinématographique à réhabiliter, donc !


1. Remember Johnny Suede, the Fall...

 

Film, science-fiction, anticipation, post-apocalypse, uchronie, action, kung-fu, chambara, mutation, écologie, critique, analyse

Renaissances (Self/Less) [Film] 2015

Thriller SF | USA |

Ciné - Immortalité et transhumanisme : une course contre la montre

Un riche architecte est sur le point de mourir d'un cancer. Malgré tout ce qu'il a réussi dans la vie, il aurait aimé aussi réussir sa relation avec sa fille, Claire. Il décide donc de faire appel à Albright, une entreprise proposant une seconde vie grâce au transfert de conscience. Mais la société lui livre les termes du contrat au compte-goutte : il apprendra qu'il devra renoncer à sa richesse pour être quelqu'un d'autre, puis après l'intervention, qu'il devra définitivement renoncer à ses proches aussi (les arguments de départ du film ne tenant plus debout), et à ses souvenirs aussi puisqu'il devra en apprendre de nouveaux pour sa nouvelle vie. Et encore, qu'il aura un suivi régulier de l'entreprise, et enfin, qu'il y aura des effets secondaires et des pilules pour y palier. Bref, Damian Hale était prêt à renoncer à l'argent, à ses proches, mais pas à la vie. Mieux, il peut enfin faire des choses pour lesquelles il n'était pas prédestiné dans sa vie d'avant. Cependant les effets secondaires qui l'assaillent s'apparentent de plus en plus à des souvenirs, mais vécus par qui ?

Self/less, c'est deux types dans le même corps. Donc, c'est dickien, puisque personne n'a bien développé le sujet à part Dick. Du moins pas d'autre auteur classique¹, puisqu'il faut bien commencer à considérer K. Dick comme tel. Son impact est tel sur la SF qu'en plus que son nom soit devenu un adjectif de la science-fiction, il a déjà été adapté une vingtaine de fois au cinéma.
Dick, c'est aussi les méandres du cerveau et de la paranoïa. Mais la comparaison s'arrêtera là, faute de concret à se mettre sous la dent. Self/less propose un film d'action à la troisième personne, et pas une expérience immersive.
Sur fond d'action et thriller ici à égalité, façon Total Recall, Paycheck, ou encore Impostor, avec une intrigue donc moins labyrinthique mais menée tambour battant.
Il y a d'autres emprunts qu'à Dick, notamment au fantastique (Shining, et le thème de l'enfant maudit), qui accentuent la tension du film et facilitent les coups de parapluie.

Le film est réalisé par Tarsem Singh (réalisateur de the Cell, the Fall...) et joué par l'apathique Ryan "bichette" Reynolds² (Green lantern, Deadpool, Life : Origine inconnue...).
Le sujet du film, c'est évidemment le transhumanisme et le dépassement de la mort.

Self/less/Renaissances est un film d'action très sympathique qui nous balade du début à la fin pour notre plus grand plaisir.


1. Quoi Robert Louis Stevenson ?
2. Principal concurrent de Ryan Gosling avant Deadpool.

Film, science, fiction, anticipation, thriller, action, transhumanisme, critique, analyse

John Carter [Film] 2012

Fantasy | USA |

Ciné - Une cavale sans issue

Les cités de Zotanga et Hélium se livrent une guerre millénaire, car Zotanga est gourmande en énergie et vampirise les dernières ressources de Mars.
Pendant ce temps, à New-York, en 1881¹, John Carter tente de semer l'homme qui le suit, et fait envoyer un télégramme à son neveu Edgar Rice Burroughs, "Ned", en le priant de le rejoindre rapidement. En arrivant sur place, Ned apprend le décès prématuré de son oncle. Le notaire lui lit le testament indiquant que la fortune et le domaine lui reviennent. Il l'accompagne au mausolée, dans le jardin, qui ne s'ouvre que de l'intérieur et qui porte l'inscription "Inter Mundos". Enfin, il lui confie son journal qu'il est le seul à pouvoir lire. Dès le départ du notaire, Edgar ouvre le journal et se plonge dans les aventures de son oncle.

Un scénario sympa, des acteurs sympas, on a même failli avoir des méchants sympas... Mais pourquoi est-ce que tout brille là-dedans ? Pourquoi Disney polishe-t'il tout ce qu'il trouve ?

Peut-être que tout cela manque-t'il de matte paintings exotiques, peut-être que tout cela manque-t'il de montures fantastiques ? C'est comme s'ils avaient oublié la moitié des codes de la fantasy. Peut-être qu'une inspiration du serial auraient été bienvenue, on pense aussi au faste de Flash Gordon, le film... La brillance aurait pu se mettre au service des costumes et des palais... On regrette notamment les illustrations de Frank Frazetta et de ses confrères, qui ont tellement contribué au succès des romans : plus dark, plus sexy, d'inspiration plus héroïc (des têtes coupées peut-être ?), et quoiqu'il en soit, quitte à garder le naïf : plus de combats à l'épée...
Les designs des vaisseaux, eux, sont franchement originaux, et surtout, assez bien mis en valeur².
Trêve de considération : le scénario est sympa, les comédiens sont sympas... Pas de vraie surprise. Mais 250 millions $ de budget, franchement³...

Edgar Rice Burroughs, auteur de westerns et policiers, et auteur de John Carter, a beaucoup œuvré pour la fantasy et lui a donné de grandes sagas : John Carter, Tarzan, pour citer les plus connus, mais aussi Pellucidar (au cœur de la Terre), le cycle de Vénus, le cycle de Caspak, ont pour la plupart été écrits dans les années 30 et 40. Pour l'instant, seul Tarzan a remporté le défi de l'adaptation.

John Carter -de Mars- est indéniablement une hyper-production ratée, mais reste un beau film avec des soleils couchants.


1. "New-York 1881" aurait fait un bon titre...
2. Remember Star wars épisode 1, où les vaisseaux biens polis de Naboo semblent prendre parfois la place des personnages principaux.
3. On parle même de 350 millions estimés.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Film, science-fiction, space, fantasy, heroïc, écologie, aventures, critique, analyse

Knight and day [Film] 2010

Comédie espionnage | USA |

Ciné - Nuit et Jour, un duo explosif et une pile ultra.
Quand une passionnée de mécanique (Cameron Diaz) rencontre un agent secret nextgen¹ légèrement vrillé (Tom Cruise) dans un aéroport, ça donne une comédie d'action fraîche et allumée (je n'osais pas dire brillante).

Elle avait cru rencontrer le prince charmant, mais c'était Cruise dans une auto-parodie... et c'est pourquoi next gen : cet agent secret sait tellement tout faire que ça en devient absurde. C'est bien pour cette raison qu'il peut soit faire penser à une caricature de ses rôles, particulièrement Mission impossible, soit à un agent secret du futur.
L'agent Roy Miller, en mission top secrète, lui apprendra plus tard être en la possession d'une pile ultra², à la durée de vie infinie, qui serait à même de corrompre ses collègues, ainsi que tout un tas de gens qui sont à ses trousses pour s'emparer de cette invention extraordinaire.
Cameron, décidément, joue avec beaucoup de grâce et de style les ravissantes idiotes, ici bavarde et maladroite. Et en l'occurrence, une princesse qui se ferait tout le temps enlever (et qui plus est, chloroformer)³. Tom Cruise, que le scénario aurait certainement voulu plus ambivalent, ne l'est pas du tout, mais il est lui-même en plus allumé, et ça fonctionne. Le duo marche à la perfection.
Avec un peu de fantasy derrière tout ça...

Night and day, in french, une comédie d'espionnage bien balancée.

1. Next gen : prochaine génération
2. Aux oubliettes, le lapin Duracell infatigable !
3. D'où le jeu de mots Knight dans le titre américain.
 

Cinéma, science-fiction, espionnage, surhumain, technologie secrète, critique, analyse, Cameron Diaz, Tom Cruise

Prisoners of power [Film] 2009

Aventures SF | Russie |

Ciné - Crashé sur Saraksh
Prisoners of powers : Battlestar rebellion ; 2157 Planète inconnue ; Dark planet... Ah, tous ces titres qui sentent la série B de vidéoclub, le temps béni de la VHS avec ses chefs d’œuvres inconnus...
Un film de SF utopiste et foncièrement positiviste, un style plutôt léger : il s'agit effectivement d'un film pour adolescents et jeunes adultes, mais comme nous allons le voir, il vaut largement son pesant de cacahuètes...

"2157. L'âge d'or de l'humanité. Armés de la grande théorie de l'éducation, les Hommes ont oublié les guerres, la famine, et le terrorisme. La nature revit, la médecine a réussi à éradiquer les maladies et a permis d'exploiter toutes les facultés du corps humain. Les Terriens ont colonisé de lointaines planètes. Pour les nouvelles générations, les vols de prospection sont monnaie courante, et la dernière race de terriens est aussi forte et téméraire que naïve. Elle pense que rien ne lui est impossible."
A bord de sa fusée personnelle, Maxim discute avec sa grand-mère par "radio". Elle n'a pas fini de le sermonner sur son groupe de recherche libre qu'un astéroïde percute son vaisseau, et le voilà crashé sur Saraksh.

Maxime Kammerer vient de la Terre, une Terre idéale dont on n'apprendra presque rien. Il est parfait : une forme athlétique, une certaine invulnérabilité même. Un personnage qu'on suppose très instruit, mais poussé par l'intelligence du cœur. On ne sait pas trop si c'est à cause de son côté électron libre, ou de sa force incroyable, que les différents services du gouvernement tenteront de lui mettre le grappin dessus.
Un film frais, ambitieux, qui flirte avec 1984 et le mensonge d'état. Il est adapté d'un roman de 1971 paru en France sous le titre de L’Île habitée, écrit par Arcadi et Boris Strougatski, aussi auteurs de Stalker (1972) et Il est difficile d'être un dieu, également portés à l'écran. Dans leurs romans ils n'épargnent pas le régime soviétique, qui les censurera dès 1969, mais ils continueront de publier clandestinement jusque dans les années 80.
De son côté, le réalisateur Fiodor Bondartchouk fera Attraction en 2017.

2157 est tout-à-fait intéressant car malgré son côté grosse prod pour ados (le personnage principal est, en quelque sorte, un étudiant en voyage linguistique). L'utopie est un genre particulièrement difficile, et prend ici la forme d'une "utopie en balade dans une dystopie¹". La dystopie est déjà digérée, et sert ici essentiellement de décor.
Si on est loin du traitement d'Andreï Tarkovsky sur Stalker, ou même de la dernière adaptation, un poil incongrue et théâtrale, d'Il est difficile d'être un dieu, il explore des sujets tout aussi intéressants comme la société de contrôle, le choc des cultures, l'éducation, le surhumain...
2157 c'est aussi la rencontre d'un militaire et d'un pacifiste, et donc, il prend par moments la forme d'un buddy movie original.
Dans le futur, les héros sont de grands blondinets frisés avec des sweats à capuche, et la fange des bas-fonds, des dark cosplayeurs. Mais justement, les personnages sont très typés et de nombreuses trouvailles visuelles ponctuent ce film très "bande-dessinée", c'est-à-dire coloré et décomplexé.

Les décors, assemblages de béton obliques, rappellent l'architecture post-constructiviste. Un monde futuriste régi par des Pères inconnus, où l'on trouve patrouilles volantes, cyborgs, des designs de véhicules beaux et rares (on pense à Total recall), mais surtout efficaces.

Un découpage épique qui pourra surprendre ou ennuyer : il s'agit en fait d'une compilation de deux films, réalisée pour l'international.



1. Pas si dystopique d'ailleurs : où les prisonniers ne sont pas menottés, où les fonctionnaires commettent des fautes graves et sont tout simplement virés, où d'ailleurs ils éteignent leur cigarette à la demande des prisonniers, où les chefs d'état reçoivent des appels de leur "papa". On est loin du manichéisme à la Star wars...

Film, science, fiction, space opera, dystopie, utopie, colonisation spatiale, mutation, théorie de l'éducation, action SF, surhumain, cyborg, critique, analyse

L'Éclair noir [Film] 2009

Super-héros | Russie |

Ciné - Un ado et une voiture volante
En 2004, une équipe de chercheurs fore le sol à la recherche de diamants. La tête de la foreuse n'arrivant plus à percer la roche, ils arrivent à la conclusion que l'énergie nucléaire n'est plus suffisante. Ils se mettent en quête du nanocatalyseur, un million de fois plus puissant qu'une centrale classique, un projet développé à l'époque soviétique et laissé pour compte.
De nos jours, en fouillant les sous-sols, deux ouvriers trouvent une voiture en bon état qu'ils décident de revendre pour se faire un peu d'argent. De son côté, Dima Maïkov a les mêmes problèmes d'argent. Dima et Maxime sont en quête de filles et de voitures, croyant que les deux vont de pair. Alors que Maxime s'offre une Mercedes, Dima se voit offrir une vieille Gas Volga, un modèle des années 50. Ils vont entrer en compétition pour conquérir la fille de leurs rêves. Il cache sa voiture pour ne pas se taper la honte, et suite à une conférence de Victor Kuptsov, décide d'emprunter le même chemin : vendre des fleurs et ne plus s'occuper des autres.


Plutôt destiné aux ados et jeunes adultes, l’Éclair noir cause de réussite sociale et de valeurs morales, de triangulation amoureuse. Et si son titre évoque une amitié avec un cheval dans un vieux film Disney, c'est plutôt à la Coccinelle de Monte-Carlo qu'on pense étant donné le ton humoristique.
Tut-tut, plusieurs films ont déjà été tournés autour de voitures expérimentales sans être comparables pour autant. Car oui, ce film original a son identité propre.
D'autant plus qu'à un moment, le film bifurque et prend un virage étonnant : il devient un film de super-héros sans cape ni slip. Le scénario emprunte alors à Spider-man ou à Superman, tout en oubliant le decorum habituel. Aussi son personnage défendra les mêmes valeurs : non pas la liberté, ni le patriotisme, mais l'altruisme contre l'égoïsme... Avant les Guardians (de Sarik Andreasyan, 2017), tentative de super-héros patriotes russes, mais qui fonctionne assez mal, l’Éclair noir reste le meilleur dans sa catégorie (puisque ni Wanted ni Hardcore Henry n'en sont).

Car le super-héros hors États-Unis a toujours un goût étrange, avec tous ses accessoires et ses vêtements bariolés. D'ailleurs, notons que le sup' U.S. a toujours un goût étrange pour qui n'est pas habitué.

Cinéma, science-fiction, super-héros, fantasy, mécha, critique, analyse, Dmitri Kisseliov, Aleksandr Voytinskiy

Osiris la 9e planète [Film] 2016

Rescue movie | Australie |

ou The Osiris child : Science-fiction volume one

Ciné - Un space opera en eaux troubles
Un film d'aventure/action SF qui démarre sur les chapeaux de roues, ou presque (dans l'intro la "voiture" n'a pas de roues...).
Le film commence avec la voix de la fille du héros qui nous propose un mystère, une quête à l'autre bout de l'univers.
Mais dans le présent elle traverse le désert avec son père à bord d'un "landspeeder", il lui explique ce qu'ils font là, que la planète-colonie Osiris sera leur nouveau foyer. Et pourquoi ils ne seront pas ensemble la semaine suivante.
Le lendemain matin, il se réveille dans sa chambre, à bord de la base militaire aérienne au-dessus d'Osiris. Il consulte sa boîte mail (qui s'appelle sans doute autrement) mais les communications sont coupées. Leur Commander leur fait un topo : une émeute de prisonniers fait rage dans le camp de travail planétaire. Mais le bras droit de la commander, un ami à lui, vient lui expliquer la réalité de la situation : il n'a que 23h pour sauver sa fille.


Comment vous dire que dans son genre, disparate, d'action/aventure, Osiris est plutôt une bonne surprise ? Sans être hyper originale l'histoire dévoile un certain nombre d'éléments rares et émoustillants : une course-poursuite dans les nuages (sans doute le meilleur morceau), de beaux hand-made¹ monstres, des flashs-back sur Terre, des effets spéciaux réussis, une narration anachronique, un génocide à éviter, un final étonnant...
Mais les qualités d'Osiris font aussi ses défauts : ses monstres (oripeaux) sont franchement boîteux, sa narration sent le bricolage, et son histoire balance entre SF militaire, carcérale, planet opera, survival... les plus exigeants verront le film faire ce qu'il veut, ce qu'il peut...
Son découpage un peu artificiel, c'est-à-dire moyennement organique dans le jargon, voire l'ellipse énorme qui sent la scène cutée au dernier moment (ou le trou scénaristique, au choix).
Mais les problèmes et questions qu'Osiris semble poser, c'est qu'avec un scénario flaibard mais honnête, une bonne mise en scène et des FX qualitatifs, une partie du public reste sceptique et n'adhère pas. Le public le plus exigeant souhaite de l'originalité, tant que le film est compréhensible et fait à leur convenance. Alors, en admettant que l'équation soit possible (c'est vrai qu'on en vu quelques uns) elle n'est pas infaillible pour autant. La preuve, c'est que si Osiris a effectivement des faiblesses, pêchant par trop vouloir peut-être, faut-il vraiment regretter une absence de codes ou un plan scénaristique claudiquant ?
C'est vrai qu'en hésitant entre le space opera (un genre coloré) et la SF militaire (plus réaliste), difficile de se lâcher complètement. Difficile de créer des personnages charismatiques dans des conditions si peu propices au fun.
Troisième question, le titre original (The Osiris child : Science-fiction volume one) est-il simplement un coup marketing façon épisode IV ou y avait-il une vraie intention à la sortie de la première version du script ?
Et enfin, est-ce vraiment sérieux de mettre le terme "Science-fiction" dans un titre de film de science-fiction ?

Donc : un PETIT film qui sans vraiment convaincre, fonctionne assez bien comme un grand (puisque tous les critiques s'échinent à le comparer aux grands).
Une petite bouffée d'oxygène que ce PETIT film d'aventures/action scifi au milieu de la déferlante de "GRANDS" films pseudo-réalistes (ou plus rapprochés dans le temps) à la mode : Moon, Seul sur Mars, The Last day on Mars, Patati-patata sur Mars en passant par la lune, j'ai envoyé ma Tesla sur Mars... qui accompagnent le renouveau de la reconquête spatial.
A réserver aux amateurs de SF, donc, qui pourront le ranger derrière Prisoners of power et consorts.
 
Un peu comme le Cinquième élément, donc. Un coup moyen, un coup sympa.

Maintenant, sachant que la "bonne" SF est censée soulever de grands problèmes sociaux et/ou philosophiques, faut-il trouver un thème de fond à Osiris ? Faut-il trouver un engagement artistique ou un essai d'historiographie au fait d'évoquer des camps de prisonniers en colonie, des créatures créées pour écraser les autochtones ? Je vous laisse seul juge.
 

Cinéma, science-fiction, space opera, mutation, aventures, critique, analyse,  Shane Abbess

Hardcore Henry [Film] 2016

Action SF | Russie, USA |

Ciné - Chasse à l'homme augmenté
Hardcore Henry, c'est un peu Crank 2 avec moins de blabla. Un film d'action SF taré avec du parkour¹ dedans.
Filmé en Gopro et tourné dans des conditions mi-professionnelles mi-improvisées (tournage dans la ville), procurant au film un effet de réalisme imparable (déjà utilisé dans les Crank), alors qu'en même temps, le scénario est complètement jeté...

Fraîchement sorti de son coma artificiel, et amnésique, Henry n'a même pas le temps d'acquérir une voix synthétique en plus de ses membres artificiels que le laboratoire est attaqué par une faction opposée voulant le voler lui, prototype d'une expérience d'avant-garde : fabriquer des super-soldats mécanisés. A peine "parachuté" du laboratoire aérien, il va être l'objet d'une chasse à l'homme qui ne s'arrêtera plus.

Sur mode FPS /Survival, le film a été tourné pour deux millions de dollars via Bazelevs la société de production de Timour Bekimambetov².
Il y a des effets incompréhensibles qui participent à l'immersion : des cascades apparemment sans fil, des effets pyrotechniques en pleine ville, des clones téléguidés (dont un au fort accent british)... certes la caméra subjective aura pu faciliter sans doute le développement et le tournage du film, tant sur l'écriture de plans que sur les effets spéciaux... mais il aura pu avoir son lot de complications aussi. On cherche les raccords de plans par exemple... mais après la Corde et tous les found footage, il semble qu'un nouveau cap soit franchi.
Mais on se demande, quand même... entre un Numéro quatre à 60 millions et un Hardcore Henry à 2 millions, où passe l'argent... dans les taxes ? Possible qu'un effet de grue américaine revienne plus cher qu'un cascadeur-réalisateur russe... mais quand même, avec Attraction (Prityazhenie, 2017), il semblerait que les Russes soit en possession d'une technologie secrète pour faire des films pas chers... A méditer...


1. Parkour, freerunning : sport urbain.
2. Réalisateur de Wanted : Choisis ton destin, Abraham Lincoln chasseur de vampires, Ben-Hur (2016)...

Cinéma, action, clonage, cyborg, critique, analyse, Timour Bekimambetov

La Tour sombre et les adaptations [Film] 2017

Fantasy, anticipation | USA |

Ciné - Stephen King  et l'Histoire sans fin

Comment expliquer ? Les façons les plus sûres d'être déçu par un film et en l'occurrence une adaptation, c'est soit qu'il soit mal vendu (cf : Supernova), soit finalement, d'avoir déjà lu le livre (ou la BD). Et il a plusieurs fois été prouvé qu'une bonne adaptation est une mauvaise adaptation (et non pas l'inverse), paradoxe inaltérable.

Énumérons :
-Stephen King déçu par l'adaptation de Shining par Kubrick ;
-Dune renié par son réalisateur et par les fans du livre (OK la fin est torchée) ;
-Watchmen trucidé par Alan Moore (alors que franchement, c'est quasiment kif-kif¹) ;
-Blade runner ? Un développement basé sur une nouvelle ;
-Orange mécanique ? Il ne manque que deux passages du livres, mais le propos est transformé ;
-La Planète des singes ? Pas moins de TROIS variations différentes (et intéressantes) autour d'un livre d'à peine deux cents pages...
Donc, il faudrait lire les livre APRÈS.
Ou considérer qu'il s'agit d'une œuvre différente, malgré un certain nombre de traits communs.

La narration cinématographique, dans son format long du moins, est un des médiums les moins libres et des plus exigeants. La forme de narration qui s'est imposée, avec le temps, est le "réalisme", émotionnel, souvent spectaculaire, mais toujours NARRATIF, avec une exposition, un déroulement, une conclusion. On pourra citer des contre-exemples, mais c'est la règle générale.
Le livre, lui, a moins de contrainte : il passe par une narration à la première personne ou la troisième, raconte à rebours, ne raconte rien, philosophe, et fait des parenthèses (de cent pages, parfois). Surtout, il a une liberté de ton. L'analyse demanderait à être développée, une autre fois, mais pour l'instant et plus précisément : un livre n'a pas de contour.
Tandis que le cinéma, en tant que prestidigitateur, donne à montrer ce qu'il veut, le livre donne à penser, sans pour autant avoir à contrôler le regard du lecteur ou sa pensée. Parce qu'il n'y a pas de temporalité, le lecteur est moins téléguidé.
Comme si le film était monologue, et le livre dialogue. Bien sûr, ce n'est pas tout à fait vrai mais je crois qu'il y a une différence de ce type.

La Tour sombre, c'est en quelque sorte le Garage hermétique² de Stephen King. Une œuvre définie par son auteur comme créée en auto-écriture, quasiment, sans objectif prédéfini en tout cas, un cas à part dans sa bibliographie. Une sorte d'oulipo³ à fort ratio mystique, avec des archétypes inspirés du tarot. Du King d'inspiration Jodorowskyenne pour résumer. C'est sûr que les lecteurs ont dû avoir la gorge serrée à la vision du film.
Parce que, que reste-t'il du Grand Œuvre au final ?
Une quête initiatique, portée par un jeune héros en quête de sens. Un ado perturbé par des songes récurrents depuis la mort de son père, des songes interconnectés qui donnent un sens à la réalité et qui remplissent le vide affectif. Seulement, s'agit-il vraiment de rêves ?
Dans cet univers cosmogonique⁴, la Tour est le pilier du monde, et l'Homme en noir règne en maître avec sa horde de démons à masques humains⁵, et grâce au shining de certains enfants, tente de détruire le pilier. Aussi la lignée des pistoleros sont là pour défendre l'équilibre du monde.
Mais le beau-père du jeune homme, lassé par ces divagations, contacte un institut qui voudrait bien le prendre en charge. Mais lorsqu'ils viennent le chercher, ils les reconnaît assez vite comme étant des démons. Parce qu'on voit bien les bords des masques quand on sait où regarder...

Même en le tournicotant dans tous les sens, la Tour sombre n'est pas un film de science-fiction. C'est un film fantastique, comme presque toutes les histoires du King, mais il intègre des éléments de SF qui en transforment le sens.
Il s'inscrit dans deux mondes, et donc à la théorie des deux mondes, à l'instar de Matrix. Mais par sa forme il s'intègre dans la lignée de l'Histoire sans fin ou Stardust le Mystère de l'étoile dans un registre un peu plus badass. Une intrigue résolue assez vite en regard des huit tomes originaux.

Un film bien emballé mais qui manque d'originalité. Une histoire qui fait la part belle à l'imagination, aux enfants mal dans leur peau et aux archétypes de Carl G. Jung⁶.


1. C'est essentiellement un changement de ton et c'est tout le problème.
2.
Le Garage hermétique, une bande-dessinée de science-fiction de Moebius.
3.
Oulipo : OUvroir de LIttérature POtentielle, groupe de littérature innovante représenté entre autres par Raymond Queneau et Georges Perec.
4.
L'univers est redessiné, tel le monde mythologique nordique avec son arbre-monde. Remember L'Histoire sans fin.

5. Un thème cher à Clive Barker.

6. Psychiatre célèbre ayant formulé la théorie des archétypes, semblables aux figures du tarot.

Cinéma, espace-temps, mondes parallèles, anticipation, post-apocalypse, fantasy, critique, analyse, Stephen King, Nikolaj Arcel, Idris Elba

L'Œil du Mal [Film] 2008

Action anticipation | USA |

Ciné - Un film d'anticipation contemporain
Le film commence au Pakistan avec une opération de représailles anti-terroriste, mais l'intelligence artificielle qui assiste l'opération ne confirme l'identité des criminels, via reconnaissance faciale donc, qu'à 51%. De plus ils se sont rendus dans le village pour un enterrement. Un drone bombardier est quand même lancé, une vingtaine de terroristes et une quantité inconnue de civils sont tués.
Ailleurs, Jerry (Shia LaBeouf) assiste à l'enterrement de son frère jumeau. Plus tard, après avoir été livré chez lui en armes et technologies militaires de pointe, une femme l'appelle et lui annonce qu'il a été "activé", que le FBI va arriver et l'arrêter dans les trente secondes, ce qui ne manque pas de se produire. De son côté, Rachel (Michelle Monaghan) reçoit un appel de son fils, mais au bout du fil c'est une femme (la même !) qui lui dit qu'elle a été activée aussi et menace indirectement de faire du mal à son fils. Jerry, plus tard, est en garde à vue, la voix le rappelle et le fait évader grâce à une grue. La voix semble avoir le contrôle des grues, des métros et même des feux tricolores.

Et là on se dit, on pourrait faire des films sur n'importe quoi, avec un traitement grotesque, absurde, ça passe.
Mais le truc à savoir quand même, c'est que le scénario du film a été écrit en 1996, pour être tourné en 2008. L'effet anticipatoire est donc dissout dans un film d'action un peu lambda mais d'actualité : traçage et fichage des individus par des organismes de défense internationaux, avec l'Intelligence artificielle et reconnaissance faciale à disposition. Mais voilà, le propre des machines, c'est de beugger.

Un thriller d'espionnage mené tambour battant, sur un thème similaire à Déjà vu et Source code.

cinéma, science-fiction, anticipation, AI, thriller, critique, analyse, Shia Labeouf, Michelle Monaghan

Supernova [Film] 2000

Rescue movie | USA, Suisse |

Ciné - Un rescue movie qui ne tourne pas assez mal : Supernova
Comment dire, écrire une critique de Supernova c'est comme parler de l'oligocène et d'un medley d'Earth, wind and fire en même temps. Déjà parce que de l'eau a coulé sous les ponts en matière de SF, mais aussi parce qu'il tient du bricolage. Et puis parler de ses thèmes, ce serait un peu le spoiler. Cette analyse ne sera donc pas comme j'aurais aimé qu'elle soit. M'enfin !

J'avais trouvé ce film il y a déjà un petit moment, en parcourant la filmographie d'Angela Bassett que j'avais adoré dans Strange days, et ce fut une bonne surprise. Sauf que je ne n'avais pas vu ce que l'affiche promettait : "La terreur a une nouvelle dimension". Et heureusement.
Six personnages embarqués dans un "vaisseau de sauvetage d'urgences médicales" (wtf?) avec une Intelligence Artificielle un peu dérangée en guise d'ordinateur de vol.
Donc l'histoire commence au milieu de nulle part, au XXII° siècle, avec Benjamin, l'informaticien, et son I.A. reprogrammée qui veut jouer aux échecs en plein cycle de nuit, un couple qui tue l'ennui en faisant l'amur (au point d'oublier de bosser), un commandant qui fait une thèse d'anthropologie sur les dessins animés du XX° siècle¹, un militaire en cure de désintox au Hazen, une doctoresse docteure. Et un robot qui ne sait pas mettre un pied devant l'autre correctement.
Le vaisseau reçoit un signal de détresse provenant de Titan 37, une planète minière abandonnée bien au-delà des postes les plus avancés. La planète a quitté son orbite pour une raison inconnue, c'est pourquoi elle dérive dans l'espace non-cartographié. A 3432 années-lumières de là, le message a été envoyé il y a cinq jours, et il est signé Carl James Larsen, c'est l'ex de la docteure qui était accro au Hazen.
On a ici un premier flash-forward².
Donc nous sommes dans un univers où les messages "radio" parcourt 3432 a-l en cinq jours, et où les vaisseaux voyagent à la vitesse de la lumière et parcourent ces mêmes 3432 en quelques minutes, alors que parallèlement la technologie de la robotique semble avoir été complètement délaissée... Ça sent franchement la fumisterie mais admettons. Mettons ça sur le dos de la traduction pour l'instant³. D'autant plus que l'I.A. parle d'un saut dimensionnel plus tard, et même d'une accélération plasmatique, OK ? Chose faite (le saut est d'ailleurs très réussi), ils se retrouvent parmi les débris d'une planète explosée, avec un commandant en forme de galette bretonne alien vivante⁴. Rapidement un astéroïde détruit le réservoir principal⁵ et la panade commence.

Expliquer le naufrage du film ? En plus d'une fabrication s'étendant sur plusieurs années, des refilmages suite à plusieurs changements de réalisateurs et même d'intentions, des dépassements de budget incessants puis stoppés, on pourra constater que la rigueur scientifique n'y était pas. Et pour certains commentateurs, les comédiens non plus n'avaient pas l'air d'y être.
Pour moi le ton est assez juste, on a quand même affaire à des "tronches" en self-control... vous trouvez Thomas Pesquet expressif vous ? Des gens équilibrés, stables, à l'humeur égale⁶. Imaginez-vous dans l'espace, vous seriez comment ? Paniqué ? Euphorique ? Hystérique ? Normal ? James Spader à contre-emploi n'est pas mal non plus, d'autant plus que sa lassitude est expliquée par sa désintox au hazen. Le personnage joué par Emilo "la Bamba" Estevez, lui, n'a aucune épaisseur.

Cependant, le film a été plutôt mal vendu comme le nouveau film horrifique dans l'espace, ce qu'il n'est pas du tout. Et donc, quel est le genre du film ?
Rencontre du deuxième type et demi, vie et survie dans l'espace, mutation... de nombreux thèmes parcourent le film. Et de nombreux genres transparaissent : space opéra, survival sans suspense, huis-clos... Mais est-ce que 2001 avait un genre défini ?  Interstellar ? Prityazhenie ? Si le genre est parfois un ensemble de code pour raconter une histoire, il est avant tout une convention et un contrat tacite avec le spectateur.

Alors pas de suspense, pas de frisson, mais une bonne idée d'histoire avec de bonnes idées dedans.


1. Et pourquoi pas les films SF des fifties tant qu'on y est ?
2. Flash du futur.
3. Quasiment pareil en v.o.
4. Une recette de galette piquée à The Thing.
5. Quoi ils sont pas équipés contre ce genre de pépin au XXII° siècle ?
6. Le même reproche avait déjà été fait à 2001, l'Odyssée de l'espace.

Cinéma, science-fiction, colonisation spatiale, IA, critique, analyse, Walter Hill, James Spader, Angela Bassett

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