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The Mandalorian [Série] 2019

Aventures SF | USA |

Série - La Chevauchée fantastique (dans l'espace)

S'il y a quelque chose qu'on peut dire d'emblée sur The Mandalorian, c'est que sa réputation n'est pas usurpée. La série est fichtrement bien emballée : vaisseaux, costumes, VFX, décors, tout le décorum Star wars est bien là. Mais tout ça ne serait rien sans un bon scénario.

Au milieu du premier épisode, on pouvait encore se demander ce qui avait fait frissonner les fans à part un mini-Yoda et le recyclage d'un personnage culte qui a su traverser les époques¹. Mais à la fin du même épisode, tous les éléments à développer sont en place, en plus de l'acier Beskar qui sera le cœur de la mythologie du Mandalorien.
La série développe une figure semblable à celle du loup à l'enfant, Babycart², tout en présentant d'autres personnages mémorables dont la plupart sont récurrents : Kuiil, un ugnaught mécanicien à la retraite, exilé sur la planète Arvala-7, Cara Dune bien sûr (Gina Carano récemment congédiée), Cobb Vanth un shérif improvisé, les Nite Owls, Peli Motto une mécanicienne sur Tatooine, ou encore Omera...
Avec The Mandalorian, on peut vraiment parler de space western, car tous les éléments western sont recyclés. Le (faux) cowboy solitaire³, les fusillades, les décors, et même les shérifs et rangers, puisque c'est le titre d'un épisode et d'une série qui devrait suivre.
L'univers Star wars présente des coïncidences troublantes : sur chaque planète désertique, il y a des Jawas. Et dans un univers de la taille d'une galaxie, l'ordre des chasseurs de primes, un commanditaire de l'Empire, et l'ordre des Mandaloriens sont en planque sur la même planète : Nevarro. Mais chez Star wars, les coïncidences se transforment bizarrement en cohérence, déjà parce qu'on s'en fout un peu de savoir sur quelle planète ils sont : il s'agira toujours de la Terre, leur nom servant à faire exotique, et de créer un univers éternel et infini, rien de plus⁴.
Il s'agit uniquement d'un décor, et elles n'auront de signification que pour les fans hardcore.

Portée par le scénariste en chef Jon Favreau (Iron Man, tout ça), la série fait vraiment figure de petit chef d’œuvre dans la galaxie Star wars, où la Force tient lieu, cette fois, de personnage secondaire.
Des guests stars comme s'il en pleuvait, sans parler des réalisateurs... La B.O. est signée Ludwig Göransson (Black panther, Venom, Tenet...). Environ 10 millions de dollars par épisode, un tournage sur plateau numérique, et petit bonus qui fait plaisir : le générique de fin, sur un air de flûte basse, nous présente les concept art qui ont sans doute servi à l'élaboration de l'épisode (et qui rappellera un peu la chronologie de The Old Republic pour les gamers).
De vraies surprises qui sauront ravir les fans, ou quand Disney pioche (enfin) dans l'univers étendu...

On pourra toujours relativiser son succès en revoyant l'excellente série Firefly, de Joss Whedon, mais c'est béton. Espérons que Jon Favreau reste sur le projet et continue le sans faute.


1. Depuis 1977 : Boba Fett dans la saga originale, Django Fett dans la seconde, Sabine Wren dans Rebels, puis Shae Vizla dans le jeu The Old republic.
2. Une sorte de buddy-road-movie où un samouraï est le protecteur d'un bébé. On en avait déjà parlé pour Six-string samuraï.
3. Ce solitaire se fait des amis partout où il va.
4. Vous me direz, c'est déjà beaucoup.

Série, science fiction, space opera, fantasy, space western, Star wars, Jon Favreau, critique, analyse

Infinity 8 épisodes 4 et 5 [BD] 2017

Policier SF | France |

BD - BD guerilla et industrie lourde

4. Guérilla symbolique.
Ce ne sera pas mon épisode préféré. De bons personnages pourtant, de bonnes idées, une histoire qui aurait pu être vraiment top, mais je ne sais pas, peut-être que les idées ne sont pas assez poussées. Peut-être vient-ce du storyboard (ou scénarimage), ou peut-être est-ce la préparation du climax, mal amené.
L'épisode introduit pourtant des personnages sympathiques. Je crois que l'introduction pêche un peu, et comme on le sait, "un commencement est un moment d'une extrême délicatesse" (Dune, 1984).
C'est là aussi qu'on se rend compte que les héroïnes de la série sont très individualistes¹ : elles évoluent seules, et fonctionnent de façon autonome. Et c'est poussé à son paroxysme cette fois, puisque la miss est en mission d'infiltration, depuis trois ans... On a le droit à des flash-back pour la première fois dans la série, on sort du coup de la règle des unités 1 temps /1 lieu /1 action qui fonctionnait (très bien) jusque là. Avec au passage, une "critique" des sectes et mouvements para-religieux. Une critique des réseaux sociaux aussi, à moins qu'il s'agisse du running gag débuté à l'épisode 1 qui s'essouffle un peu.
Peut-être que c'est aussi le fait d'évoquer le psychédélisme sans trop y toucher ? Peut-être la forme est-elle trop plate ? Peut-être que le récit manque de respirations (temps morts /accélérations). Le dessin est quant à lui plutôt bon, sans pour autant être épique.
Mais le fait est que si l'épisode n'est pas excellent, il est quand même vachement bon. C'est peut-être mathématique : on ne peut pas côtoyer l'excellence tout le temps.
La bédé a aussi la bonne idée de s'inspirer du méconnu cinéma guerilla².
Le fait est aussi qu'on a l'impression que Vatine a joué un rôle plus important que directeur de collection, sur cette série. L'inconvénient de ne pas être crédité... L'inconvénient aussi, pour l'artisan BD, de ne pas comprendre comment le tout a été fabriqué. Malgré la place significative des pages bonus qui nous racontent un peu la conception de l'album.

BD - Apocalypse et bras cassés
5. Le Jour de l'Apocalypse.
Il y a du rififi sur l'YSS Infinity. Magnifique entrée en matière... première page : des aliens rigolos, une contre-plongée sur la ville du vaisseau, et des couleurs à la pointe de l'évolution. Et encore une fois, un personnage fort et autonome. Une mère célibataire à l'humour un peu aigri qui rencontrera une équipe un peu bancale (la communication inter-espèces n'est pas facile) mais efficace. Résultat moins froid que pour les épisodes précédents, donc. On peut aussi noter un nombre d'interactions plus important avec les personnages et intrigues des autres albums. 

Des belles couleurs, et un volume réussi, de beaux cadrages qui nous valent de très belles images.
En bonus on apprendra qu'il fut le premier scénario terminé, ce qui nous en explique un peu plus sur la conception de la série.


1. Ça va changer dans le 5.
2. A ne pas confondre avec le théâtre guerilla, résolument à l'opposé. Le cinéma guerilla est célébré dans Cecil B. Demented (de John Waters, 2001)

Bande, dessinée, space, opera, comédie, policier, espionnage, espace-temps, androïde, colonisation spatiale, Trondheim, Rue de Sèvres, critique, analyse

STARS WAR, d'après le script original, et la mythologie [BD] 2014

Super-héros | USA |

Vous vouliez du Star Wars peut-être ? Voilà, voilà.

BD - Star wars, le script original
Pas facile de faire la nuance comme ça mais le titre original de la saga est Star Wars, traduire : LES Guerres de l'étoile. Donc quand une B.D. est titrée LA Guerre des étoiles, il faut comprendre qu'il s'agit d'une variante ? Bon.

"Avant Star Wars, il y a eu la Guerre des étoiles (...) le projet initial imaginé par George Lucas."

Donc cette guerre des étoiles là, c'est un des scripts originaux de l'épisode IV¹. Comme tout le monde le sait il y a eu moult réécritures de ce premier épisode afin d'obtenir le script parfait qui a précédé le tournage. Et dix ans ont séparé la première écriture du tournage. Des personnages, des espèces entières ont disparu, des tribus, des sectes, et des pans entiers de l'histoire ont sauté. Toutefois, on ne saura pas quelle version particulière a été retenue, le tout a de toute façon été réécrit par un autre scénariste, J.W. Rinzler.

Après l'exécution de son fils cadet, par un Sith, sur la quatrième lune d'Utapau, Kane Starkiller et son aîné se rendent sur Aquilae. Pendant ce temps sur Alderande, l'Empereur s'adresse à la foule. Il annonce publiquement qu'il va prendre Aquilae, foyer des derniers Jedaï Bendu et de la Résistance... Non loin sur la même planète, Whitsun annonce à Bail Antillès, un marchand, qu'il compte franchir le blocus et prévenir les Jedaï. Antillès est arrêté, mais il a juste le temps de lui conseiller de demander de l'aide aux pirates.
Pendant ce temps encore, Dark Vador, le gouverneur Hoedaack et Vantos Coll discutent de Luke Skywalker, général des armées Aquiléenne discret mais terriblement puissant.
Sur Aquilae, le roi préside à une réunion du conseil. Celui-ci est divisé à l'idée d'accepter ou non le traité de paix proposé par l'Empereur (alors même que ce fourbe a décidé de ne pas attendre). Puis la fameuse station de combat géante arrive en vue d'Aquilae (Zed Sispéo et Dédeux y sont affectés) et les pilotes de chasseurs Chewie, Mace et cie sont en charge de l'attaquer.

Cette longue introduction (et encore je n'ai retenu que les passages révélateurs pour ma critique) nous présente des noms familiers dans une histoire à des années-lumières des précédentes. Les fans de la saga auront débunké les différences, et toujours les mêmes traductions françaises : Chewie, Chico, Dark Vador au lieu de Darth Vader... 
Il y a plusieurs façons de lire cette histoire. Comme un fan, à chercher les 136 différences... comme une nouvelle aventure dans une autre dimension de l'univers étendu (univers Légendes)... ou comme un scénariste de film, en considérant l'histoire comme une première version du script, à comparer les deux versions en tentant de s'expliquer les raisons qui ont poussé aux modifications...
Du point de vue logistique par exemple, on passe de la présentation d'un certain nombre de seconds rôle et d'enjeux à définir rapidement à une introduction beaucoup plus linéaire (et claire) dans le film. Comment on passe de deux landspeeders à un. Les modifications d'écriture peuvent s'expliquer par une volonté de baisser le budget du film et aussi d'amoindrir les ambitions de l'histoire pour rendre claire (et moins ambiguë) la trame scénaristique en vue d'un public familial. Ainsi les montures exotiques se font plus rares et moins rapides (on passe quasiment du Vélociraptor au Banta).
Mais aussi on apprend un peu comment transformer un bon scénario en scénario formidable (dédicace à ceux qui ont appris le scénario dans les années 2000) : comment transformer des persos en persos inoubliables, comment transformer de bons méchanoïdes en méchanoïdes prodigieux etc. mais aussi comment transformer une histoire assez intéressante en scénario tout public.
Car c'est une des différences entre le roman, la BD, et le film (a fortiori entre le film d'art et d'essai et le blockbuster aussi). Et c'est donc un des problèmes de l'adaptation. Avec le nombre de lecteurs ou de spectateurs, l'élargissement du public, on constate généralement une baisse d'ambition scénaristique. Généralement car ce n'est pas toujours le cas. Chez Pixar par exemple, ou dans d'autres animations, on voit bien qu'il a une lecture destinée aux enfants, et une lecture plus complexe destinée aux adultes². C'est là que commence le développement du sous-texte³ et du champs allusif. Dans Addiction, d'Abel Ferrara, le thème du vampire est décliné avec des junkies : le glissement subjectif, l'opération de métaphorisation à l'inverse engendre une sorte de sous-texte aléatoire⁴ sur l'addiction. Enfin, à l'opposé et pour en revenir à la SF, dans Transformers 2, le sous-texte comparant les robots géants à des titans de la mythologie ou des dieux : le film de robots prend alors une dimension symbolique, qui suggère plus que ce qui est montré. Je vais m'arrêter là car nous sortons largement du sujet de Star Wars, et de Stars War, mais c'est une théorie d'ensemble du cinéma qui a déjà été esquissée, et sur laquelle j'espère revenir un jour.
MAIS dans Star Wars, il y a ce phénomène à l'état limpide : le discours sur le Bien et le Mal, à travers celui sur l'Empire nazi et la Résistance. Même si les soldats de l'Empire sont en armure blanche, même si les Jedis sont des chevaliers (royalistes ?), même si les gentils tirent les premiers, le fond de l’œuvre présente un discours moral : il s'agit d'une allégorie strictement manichéenne.
Pour en revenir au problème du média et de l'élargissement du public (accessoirement, à la censure par nivellement) l’ambiguïté est par exemple proscrite de l'entertainment, et pour cause : longue à mettre en place et à signifier. Dans le cas de Star Wars c'est toute la différence entre l'univers cinématographique et l'univers étendu (désormais appelé Legends) : les Jedis peuvent être une secte parmi d'autres, ou un ordre au service d'une idéologie comme une autre, peuvent avoir une histoire avec des faits d'armes honteux... ils ne sont pas aussi lisses qu'à l'écran. Et il n'y a pas de discours moral, en attestent d'ailleurs, formellement, les Jedis gris. Bref.

Cette nouvelle "adaptation" des films n'étonnera pas le lecteur des BD Star Wars. Les intentions lui seront familières. En-dehors de quelques noms revisités (ou conservés depuis les premières traductions) les chasseurs Taï, Annikin, un Dédeux qui parle, Dagobah, confondu avec Kashyyyk et Endor, devient le "système interdit"... malheureusement la guerre de pouvoir mise en place en introduction n'est finalement là que pour servir une aventure et fournir simplement un arrière-plan à leurs péripéties.

En conséquence de quoi : un projet peu clair pour les néophytes, mais cela pourrait-il les intéresser de toutes façons ? Un peu brouillon, ou pas assez donc, bien qu'en matière de SW, on ne soit plus à ça près.
Mais intéressant du point de vue scénaristique, curieux si on veut creuser un peu l'univers étendu, et relativement divertissant si on déjà accro.
 
La Guerre des étoiles, d'après le script original. Scénario : J.W. Rinzler ; Dessin : Mike Mayhew. Publié chez Delcourt.


1. Le tout premier, donc, de 1977.
2. Dans Vice-versa par exemple, il est possible de voir l'histoire uniquement sur le plan des archétypes, même si l'exercice est assez difficile.
3. Et c'est certainement une réminiscence de ce qu'on appelait autrefois l'art.
4.
Selon la réflexion du public, il "donne à penser".

Bande-dessinée, space opera, science fiction, cyborg, fantasy, critique, analyse, scenario, George Lucas, star wars, Mike Mayhew

Osiris la 9e planète [Film] 2016

Rescue movie | Australie |

ou The Osiris child : Science-fiction volume one

Ciné - Un space opera en eaux troubles
Un film d'aventure/action SF qui démarre sur les chapeaux de roues, ou presque (dans l'intro la "voiture" n'a pas de roues...).
Le film commence avec la voix de la fille du héros qui nous propose un mystère, une quête à l'autre bout de l'univers.
Mais dans le présent elle traverse le désert avec son père à bord d'un "landspeeder", il lui explique ce qu'ils font là, que la planète-colonie Osiris sera leur nouveau foyer. Et pourquoi ils ne seront pas ensemble la semaine suivante.
Le lendemain matin, il se réveille dans sa chambre, à bord de la base militaire aérienne au-dessus d'Osiris. Il consulte sa boîte mail (qui s'appelle sans doute autrement) mais les communications sont coupées. Leur Commander leur fait un topo : une émeute de prisonniers fait rage dans le camp de travail planétaire. Mais le bras droit de la commander, un ami à lui, vient lui expliquer la réalité de la situation : il n'a que 23h pour sauver sa fille.


Comment vous dire que dans son genre, disparate, d'action/aventure, Osiris est plutôt une bonne surprise ? Sans être hyper originale l'histoire dévoile un certain nombre d'éléments rares et émoustillants : une course-poursuite dans les nuages (sans doute le meilleur morceau), de beaux hand-made¹ monstres, des flashs-back sur Terre, des effets spéciaux réussis, une narration anachronique, un génocide à éviter, un final étonnant...
Mais les qualités d'Osiris font aussi ses défauts : ses monstres (oripeaux) sont franchement boîteux, sa narration sent le bricolage, et son histoire balance entre SF militaire, carcérale, planet opera, survival... les plus exigeants verront le film faire ce qu'il veut, ce qu'il peut...
Son découpage un peu artificiel, c'est-à-dire moyennement organique dans le jargon, voire l'ellipse énorme qui sent la scène cutée au dernier moment (ou le trou scénaristique, au choix).
Mais les problèmes et questions qu'Osiris semble poser, c'est qu'avec un scénario flaibard mais honnête, une bonne mise en scène et des FX qualitatifs, une partie du public reste sceptique et n'adhère pas. Le public le plus exigeant souhaite de l'originalité, tant que le film est compréhensible et fait à leur convenance. Alors, en admettant que l'équation soit possible (c'est vrai qu'on en vu quelques uns) elle n'est pas infaillible pour autant. La preuve, c'est que si Osiris a effectivement des faiblesses, pêchant par trop vouloir peut-être, faut-il vraiment regretter une absence de codes ou un plan scénaristique claudiquant ?
C'est vrai qu'en hésitant entre le space opera (un genre coloré) et la SF militaire (plus réaliste), difficile de se lâcher complètement. Difficile de créer des personnages charismatiques dans des conditions si peu propices au fun.
Troisième question, le titre original (The Osiris child : Science-fiction volume one) est-il simplement un coup marketing façon épisode IV ou y avait-il une vraie intention à la sortie de la première version du script ?
Et enfin, est-ce vraiment sérieux de mettre le terme "Science-fiction" dans un titre de film de science-fiction ?

Donc : un PETIT film qui sans vraiment convaincre, fonctionne assez bien comme un grand (puisque tous les critiques s'échinent à le comparer aux grands).
Une petite bouffée d'oxygène que ce PETIT film d'aventures/action scifi au milieu de la déferlante de "GRANDS" films pseudo-réalistes (ou plus rapprochés dans le temps) à la mode : Moon, Seul sur Mars, The Last day on Mars, Patati-patata sur Mars en passant par la lune, j'ai envoyé ma Tesla sur Mars... qui accompagnent le renouveau de la reconquête spatial.
A réserver aux amateurs de SF, donc, qui pourront le ranger derrière Prisoners of power et consorts.
 
Un peu comme le Cinquième élément, donc. Un coup moyen, un coup sympa.

Maintenant, sachant que la "bonne" SF est censée soulever de grands problèmes sociaux et/ou philosophiques, faut-il trouver un thème de fond à Osiris ? Faut-il trouver un engagement artistique ou un essai d'historiographie au fait d'évoquer des camps de prisonniers en colonie, des créatures créées pour écraser les autochtones ? Je vous laisse seul juge.
 

Cinéma, science-fiction, space opera, mutation, aventures, critique, analyse,  Shane Abbess

Sillage 20 : Résumé des épisodes précédents [BD] 2019

Espionnage SF /Space opera | France |

BD - Espionnage spatial et quête des origines
Quand on tombe sur les illustrations de couvertures de Sillage, on peut trouver ça sympathique, mais pas pour autant transcendantal quand on a passé la trentaine... relooking intéressant, mais très orienté ado. Et l'idée d'une ado indienne à moitié à poil, même du futur, ça peut laisser sceptique.
Pour ma part c'est de nombreuses séries et one-shots de science-fiction (qui vainquirent mes préjugés) plus tard, que je retombais sur la petite Nävis et me dis "bah ! peut-être son côté punk".
Surtout que l'histoire est signée Jean-David Morvan, qui m'avait marqué plus jeune avec le premier épisode de TDB : Trop de bonheur.

Je découvrais alors, bluffé, cette héroïne caractérielle et ses compagnons dévoués (et pour cause), des scénarios¹ de haut vol, lesquels aiment se jouer des apparences et nous ouvrir l'esprit en même temps qu'à son héroïne. Loin d'être expérimental, mais des parti pris osés et une vision moderne. Une série factuellement très proche de Valerian, disons franchement (Aquablue ayant passé son tour en tant que successeur), sa descendante par les thèmes et les objectifs.
Blockbuster², c'est un terme qui semble bien leur aller.

Je ne reviendrai pas aujourd'hui sur l'ensemble de la saga qui se compose déjà de 20 tomes et deux séries spin-off, et je ne suis pas sûr d'avoir prochainement le loisir de rédiger un article de ce genre. Je vais commencer directement avec l'épisode 17, puisqu'il constitue le début d'une espèce de trilogie mettant de nouveaux éléments en place et préparant selon moi l'épisode 20 Mise à jour sorti fin 2019.
Vous admettrez qu'il sera difficile de ne pas spoiler, mais l'article est pensé pour préserver les surprises à ceux qui voudraient découvrir la série, en privilégiant le sous-texte et les contenus thématiques.

L'épisode 17 Grands froids nous ramène sur TRI-JJ768, où Nävis a rencontré Clément Vildieu (lol) lors du tome 3 et avec qui elle a donné naissance à Yannseï, son fils caché... là tout-de-suite, on se croirait un peu dans un space soap-opera type Amour, gloire et beauté, mais il n'en est rien. Même si la série comporte une dose émotionnelle/sentimentale qui crédibilise et soude les personnages, Nävis n'a jamais eu qu'une histoire de cœur (et avec un révolutionnaire de surcroît³).
Sa mission est la suivante : dérober l'ornosphère (pivot de cette trilogie), dont elle ne veut rien savoir : les intrigues politiques sournoises de Sillage ne l'intéressent plus du tout⁴. Elle rencontrera Jules, un petit génie, et retrouvera ses amis Püntas. En plus de présenter une intrigue d'espionnage au parfum d'anarchie (Morvan peuple des mondes que je dirais très "représentatifs" à défaut d'être proprement réalistes⁵), la planète TRI-JJ768 a enfanté l'espèce la plus proche génétiquement de celle de Nävis (rappelons-le, la seule humaine du convoi).
On découvrira que l'ornosphère, crainte par les sages (psy-actifs) Püntas, est convoitée par les "Impériaux", tout comme Jules qui a en sa possession les notes secrètes de l'ancien "Empereur". Par la suite le petit Jules, qui se trouve être la petite nièce de son ancien amant⁶, intégrera le convoi du Sillage grâce à sa bravoure (et accessoirement grâce aux soins devant lui être apportés).

Dans Psycholocauste (t.18), ça dégénère GRAVE. Alors que se déroule la discussion parlementaire au sujet de l'intégration de Juliette (ex-Jules) dans le convoi, à laquelle Nävis assiste, Bobo est en mission sur Tartaruga.
Au passage, ces épisodes font penser aux "épisodes flashbacks" dans les séries TV, quand les personnages se remémorent les meilleurs moments de l'année. Sauf qu'ici bien sûr (quel intérêt en BD ?), il s'agit bel et bien de nouvelles histoires, mais dans des endroits déjà visités et avec des personnages déjà croisés : il y a beaucoup d'auto-références dans ces trois albums... Bref, Bobo est à Tartaruga pour acheter l'ornosphère dont ils ont retrouvé la piste, mais les ondes de l'amplificateur psy d'un autre acheteur provoque l'"éclosion" du bidule, qui s'avère être un virus créé de toutes pièces par les humains (mais ils ne le savent pas encore) pour éradiquer les espèces psy-actives. Pour rappel, la psy-activité est une constante chez les espèces de Sillage, il s'agit de capacités PSY (téléportation, télépathie...) dont pratiquement seuls les humains sont dénués. BREF, c'est le bazar et les autorités sont incapables de stopper la pandémie (on est en 2015). Nävis forme une équipe spéciale, dont Juliette sera le "cerveau", pour trouver l'antidote. Avec l'aide inopinée, aussi, du dernier Yiarhu-Kah⁷. Re-BREF, Juliette est intégrée parmi les espèces du convoi spatial.
Je ne sais plus pendant la lecture duquel des deux tomes je me suis dit "punaise, Morvan est TROP balèze", mais c'était par rapport à du sous-texte ou à de la structure scénaristique (difficile de retrouver des impressions de lecture). Tout ça pour dire, Sillage c'est de la belle ouvrage.

Temps mort (t.19) commence avec un couple d'aliens tout-à-fait zarbis capables d'arrêter le temps, ce qu'ils font lors d'une fusillade qui oppose Nävis, Bobo, Yannseï et Juliette à des robots. On assiste à la mort des protagonistes, par projection, puis Nävis, Yannseï et Juliette (la famille recomposée/ famille nucléaire ?) sont pris à parti dans le temps suspendu pour expliquer comment ils sont arrivés là. Un type d'exercice scénaristique très particulier donc, à grand renfort de flash-backs (ce n'est pas nouveau chez Sillage, mais ça fait toujours plaisir). L'épisode voit aussi l'apparition de trois nouveaux personnages qui, comme Bobo et Juliette, se distinguent de leur peuple par une subite prise de conscience les extirpant d'un déterminisme social (les thématiques sociales sont récurrentes chez Morvan). Nävis rencontre à nouveau le Yiarhu-kah au cours de la filature censée l'amener au revendeur d'ornosphère. Il lui confiera plus tard l'éducation de sa couvée, en même temps qu'un psiyôorm qui lui permettra dès lors la téléportation. Et c'est bien ce psiyôorm qui indique déjà un nouveau départ dans la saga : Nävis gagne une mise à jour de sa personne, comme un joueur de RPG qui gagne un pouvoir ou un artefact.

Voilà pourquoi cette "trilogie" est déterminante, et pourquoi il faut relire les trois.
Alors vous me direz, les éléments qui lient cet arc narratif ne sont pas beaucoup plus évidents que pour les autres tomes, que les autoréférences parcourent la série d'autant plus qu'elle s'articule bel et bien comme un soap : chaque tome étant la suite directe (ou quasi) du précédent.
Effectivement, si la série n'a jamais présenté clairement d'arcs ni de  cycles, il me semblait intéressant d'extraire ces tomes en particulier parce qu'ils précèdent et préparent le renouveau de la série (le tome 20 Mise à jour) et que je crois qu'il a été pensé comme tel, avec l'ornosphère (sphère ornementale ??⁸) au centre.

Dans tous les cas, ces trois épisodes (et certainement le prochain) sont déterminants dans la saga.
L'ornosphère créée par des humains, qui représente la quête d'identité et de sens de Nävis... Que nous réserve le tome 20 ? Suite au prochain épisode !

Oui l'axe de mes analyses est avant tout scénaristique. Mais on saluera quand même l'immense travail de Philippe Buchet...
 
SILLAGE 17, 18, 19. Scénario : Jean-David Morvan ; Dessin & couleurs : Philippe Bucher. Publié chez Delcourt.  


1. Normalement on dit scenarii mais bon.
2. Blockbuster ! : c'est d'ailleurs le titre du recueil consacré au travail de Buchet.
3. Remember Sambre d'Yslaire.
4. C'était tout le piment des premiers épisodes.
5. Et c'est une des fonctions de la science-fiction : tout en étant très loin du présent, les problématiques sont très similaires aux nôtres... sinon on ne comprendrait rien (et le genre ne serait d'aucune utilité). Comme preuve, Dune. Si on n'était pas dans la tête des personnages, on ne comprendrait rien à leurs mœurs subtils... Difficile d'exposer des problèmes encore inexistants dans nos sociétés, des thématiques qui ne sont pas encore conscientisées, ou même de présenter des personnages non humains (voire robots). Comment s'identifier à des humains de l'an 10.000 ? Le réalisme devrait être le sujet d'une prochaine rubrique.
6. La petite Juliette se déguisait en garçon pour avoir plus de crédibilité !! SOAP ! Mais une idée qui gratte...
7. Voir tome 14 Liquidation totale.
8. https://fr.wiktionary.org/wiki/orno

Espionnage, space opera, science-fiction, bande-dessinée, thriller, société, critique, analyse, Delcourt, JD Morvan

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