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Les Nouveaux mutants, et la saga X-Men [2020]

Super-héros | USA |

OK, le rachat de la 20th Century Fox par Disney n'a pas été la seule péripétie dans la post-production du film.
La sortie avait été ajournée plusieurs fois pour cause de concurrence avec Deadpool 2, puis Dark Phoenix, mais aussi pour cause de remontage suite à l'échec d'X-Men : Apocalypse, puis au succès de Ça.
OK, c'est pas vraiment le film d'horreur que promettait la bande-annonce (tournez-vous plutôt vers Brightburn pour ça). Et, well, le film est clairement orienté ado : scarification, suicide, premières amours, rébellion... tous les stigmates de l'adolescence sont présentés ici, avec un fil rouge : au cœur de l'histoire, encore une fois, la différence.
Le film se rapproche beaucoup de l'expérience de Split, avec ses personnages "morcelés", et qui était un premier pas vers le super-héros tourmenté (Phoenix ayant raté son coup en 2006¹). Cette fois-ci l'objectif est de le faire basculer dans l'horreur, ouai carrément, et qui s'y colle ? La licence X-Men.

X-Men avait déjà été la première à faire entrer les Mutants à "Hollywood". Après les expériences de Matrix et Incassable, qui sont les premiers vrais supers au sens d'effets spéciaux : wire-fu et pouvoirs pour l'un, approche réaliste et psychologique pour l'autre. Ainsi tous les éléments étaient réunis pour que les Supers en titre fassent bonne figure dans la place. Et les X-Men vinrent en premier, les plus légitimes à Hollywood peut-être, qui aime à mélanger grand spectacle et mythologie.
Persécutés, avec des pouvoirs psy étant l'expression de leur trauma, ils étaient la transition idéale.

Oui, selon moi, la réussite d'un effet² dans un film prépare celui du film suivant. Ce n'est pas seulement l'évolution des vfx qui a fait la différence entre les anciens films Marvel et les nouveaux, mais aussi l'approche psychologique et réaliste. Évidemment, l'une n'est rien sans l'autre.

Et donc, l'ambition de la série cause son propre échec, tel Icare se sentant pousser des ailes et qui voulait voler trop haut. C'était arrivé une première fois avec L'Affrontement final, à la fois trop ambitieux et trop court pour être opérationnel : beaucoup trop de personnages³. Cette erreur de parcours avait amené une suite tout aussi ambitieuse : un nouveau départ aux mutants (le Commencement), puis pas moins que la modification de la première ligne temporelle, avec Logan qui remonte le temps.
Osé ? C'est quand même une belle couleuvre à faire passer.
Mais la série se plante une nouvelle fois avec Apocalypse, un personnage ancré dans l'antiquité. Pas assez riche, cette fois. Mais elle réussit à surprendre à nouveau son public, avec Logan en mood réaliste et vieillissant. Et entre-temps, une magnifique comédie romantique (Deadpool prem's du nom).
Et enfin : Dark phoenix, qui explore à nouveau la figure de la sorcière (motif du feu, de la féminité et du pouvoir destructeur), et se heurte à nouveau à l'incompréhension du public. Alors qu'elle est pourtant l'ultime symbole des mutants persécutés, ces magiciens modernes... alors qu'elle est la figure centrale originelle et ambivalente des X-Men : la seule femme au commencement⁴. Bon.

Donc cette fois, à nouveau, Les Nouveaux Mutants prend le temps de présenter ses personnages. A tort ou à raison, d'ailleurs : l'humour d'Ilyana et Roberto étant ce qu'il est, un peu pourri-gâté. Ilyana étant la plus insupportable des deux, pourtant incarnée par Anya Taylor-Joy (Split, nouveau ping-pong). Et aussi, il y a un clone de Willow dans Buffy. Mais après une longue exposition, cahin caha, on a enfin ce qu'on est venu chercher, ou quand les traumas des personnages sont révélés. La dimension psychique et/ou mythologique s'installe et on assiste enfin aux combat des énergies et des archétypes, éternels, universels. Ouais : ils se mettent sur la moule !
Car le film s'articule autour du personnage de Danielle Moonstar, d'origine cheyenne, et d'une légende de son peuple : "En chacun de nous cohabite deux ours qui luttent éternellement pour notre âme. Le premier ours symbolise le bien, la compassion, l'amour, la confiance. Le second représente le mal : la peur, la honte et l'autodestruction". Précisément le truc qu'Abraham a laissé en cours de route⁵.

Il est relativement intéressant de constater que la structure est similaire à celle de Glass, en tant que faux jumeau. Les Nouveaux mutants sont ici encadrés par le dr Cecilia Reyes, afin d'apprendre à contrôler leurs pouvoirs. Dans Glass, les personnages sont placés sous l'autorité de la docteure Ellie Staple afin qu'elle leur prouve qu'ils sont bien malades et se remettent de leurs illusions (mais...).
Les traumas sont au centre des deux approches. Les individus sont placés en surveillance. Les docteurs sont ambivalents.
Sympa.

Pas génial pour autant, mais un petit film sympa (un peu régressif pour les adultes quand même), en attendant le big remake avec le grand absent de ce film : Warlock.

1. Dans X-Men : L'Affrontement final.
2. En l'occurrence, cet effet est dans l'identification. Le super-héros aurait pu prendre une forme différente au cinéma de ce qu'il était en BD. C'était d'ailleurs le cas dans le premier X-Men : les personnages jouent tout le film en civil, il n'y a que démonstration de pouvoirs. Ce n'est qu'au tout dernier moment qu'ils sortent le dernier pan de la panoplie : oui, les costumes. En aucun cas il n'aurait pu leur faire porter dès l'intro. Une fois la pilule passée, tous les films peuvent commencer en slip ou wonderbra à paillette (cf. WW84).
3. Cet échec sera d'ailleurs le moteur d'Avengers, qui présentera les personnages de sa série un par un, à chaque film.
4. Jean Grey, alias Strange girl, est la seule femme de la première équipe des X-Men en 1963, qui comptait Cyclope, Fauve, Iceberg et Angel. Ce n'est qu'en 1975 que viendront Logan, Diablo, Tornade... Strange girl deviendra Phénix au contact de la Force Phénix en 1976.
5. Dans Star wars : l’Éveil de la Force.

Cinéma, science fiction, super heros, bande dessinée, mutation, mythologie, critique, analyse

Shangri-La [BD] 2016

Espionnage SF | France |

BD - La Fin des illusions

Shangri-La c'est l'éternelle, désormais, histoire des corporations, de la Résistance à long terme, de l'Autoritarisme passif, des castes, et des communautés boucs-émissaires, du racisme, à leur paroxysme. C'est l'Etat transformé en entreprise. C'est le cyberpunk¹ à l'extrême.
Une société recréée dans une station orbitale après que la Terre soit devenue inhabitable². Un microcosme du futur criant de modernité... des émeutes calmées à coups de soldes, à coups de smartphones nextgen... Des technologies secrètes, des usines secrètes, des complots secrets.
Le secret est sécrété par tous les pores.
Éminemment récalcitrant, comme un pavé venu du passé, qui prend un malin plaisir à passer les utopies de la SF à la moulinette. Et donc, éminemment cyberpunk.

Je passerai sur le style graphique, qui apparemment désarçonne certains lecteurs.

Un scénario parfait, un storyboard parfait, des dessins parfaits. "Une sorte de fresque cinématographique de 4h"³ et de 220 pages.
Comment croire que Shangri-La est le monument d'un seul homme ?
Qui est M. Bablet ?⁴
Les dessinateurs de demain seront-ils tous des bêtes de course dans son genre ?
Ou pourrait-on changer la tradition et créditer intégralement les co-auteurs ?

Je crois que tout est dit : scénario déjà vu pour les amateurs, thèmes maintes fois traités, mais une œuvre somme justement, magnifiquement réalisée. On pourra regretter une fin trop objective.
Sélection officielle à Angoulême 2017.


1. Ou post-cyberpunk : l'histoire se déroule en orbite de la Terre. Alors que le cyberpunk à comme règle d'or de toujours se dérouler sur Terre, la colonisation spatiale se révélant impossible et conduisant à une surpopulation.
2. Freedom, Interstellar, Albator 84...
3. Expression empruntée sur le site https://www.bedetheque.com/
4. Plus d'informations sur son blog http://cinquiemedimension.blogspot.com/

Bande dessinée, cyberpunk, anticipation, post apocalypse, espace-temps, colonisation spatiale, mutation, Bablet, Ankama, label 618, critique, analyse

Infinity 8 épisodes 4 et 5 [BD] 2017

Policier SF | France |

BD - BD guerilla et industrie lourde

4. Guérilla symbolique.
Ce ne sera pas mon épisode préféré. De bons personnages pourtant, de bonnes idées, une histoire qui aurait pu être vraiment top, mais je ne sais pas, peut-être que les idées ne sont pas assez poussées. Peut-être vient-ce du storyboard (ou scénarimage), ou peut-être est-ce la préparation du climax, mal amené.
L'épisode introduit pourtant des personnages sympathiques. Je crois que l'introduction pêche un peu, et comme on le sait, "un commencement est un moment d'une extrême délicatesse" (Dune, 1984).
C'est là aussi qu'on se rend compte que les héroïnes de la série sont très individualistes¹ : elles évoluent seules, et fonctionnent de façon autonome. Et c'est poussé à son paroxysme cette fois, puisque la miss est en mission d'infiltration, depuis trois ans... On a le droit à des flash-back pour la première fois dans la série, on sort du coup de la règle des unités 1 temps /1 lieu /1 action qui fonctionnait (très bien) jusque là. Avec au passage, une "critique" des sectes et mouvements para-religieux. Une critique des réseaux sociaux aussi, à moins qu'il s'agisse du running gag débuté à l'épisode 1 qui s'essouffle un peu.
Peut-être que c'est aussi le fait d'évoquer le psychédélisme sans trop y toucher ? Peut-être la forme est-elle trop plate ? Peut-être que le récit manque de respirations (temps morts /accélérations). Le dessin est quant à lui plutôt bon, sans pour autant être épique.
Mais le fait est que si l'épisode n'est pas excellent, il est quand même vachement bon. C'est peut-être mathématique : on ne peut pas côtoyer l'excellence tout le temps.
La bédé a aussi la bonne idée de s'inspirer du méconnu cinéma guerilla².
Le fait est aussi qu'on a l'impression que Vatine a joué un rôle plus important que directeur de collection, sur cette série. L'inconvénient de ne pas être crédité... L'inconvénient aussi, pour l'artisan BD, de ne pas comprendre comment le tout a été fabriqué. Malgré la place significative des pages bonus qui nous racontent un peu la conception de l'album.

BD - Apocalypse et bras cassés
5. Le Jour de l'Apocalypse.
Il y a du rififi sur l'YSS Infinity. Magnifique entrée en matière... première page : des aliens rigolos, une contre-plongée sur la ville du vaisseau, et des couleurs à la pointe de l'évolution. Et encore une fois, un personnage fort et autonome. Une mère célibataire à l'humour un peu aigri qui rencontrera une équipe un peu bancale (la communication inter-espèces n'est pas facile) mais efficace. Résultat moins froid que pour les épisodes précédents, donc. On peut aussi noter un nombre d'interactions plus important avec les personnages et intrigues des autres albums. 

Des belles couleurs, et un volume réussi, de beaux cadrages qui nous valent de très belles images.
En bonus on apprendra qu'il fut le premier scénario terminé, ce qui nous en explique un peu plus sur la conception de la série.


1. Ça va changer dans le 5.
2. A ne pas confondre avec le théâtre guerilla, résolument à l'opposé. Le cinéma guerilla est célébré dans Cecil B. Demented (de John Waters, 2001)

Bande, dessinée, space, opera, comédie, policier, espionnage, espace-temps, androïde, colonisation spatiale, Trondheim, Rue de Sèvres, critique, analyse

STARS WAR, d'après le script original, et la mythologie [BD] 2014

Super-héros | USA |

Vous vouliez du Star Wars peut-être ? Voilà, voilà.

BD - Star wars, le script original
Pas facile de faire la nuance comme ça mais le titre original de la saga est Star Wars, traduire : LES Guerres de l'étoile. Donc quand une B.D. est titrée LA Guerre des étoiles, il faut comprendre qu'il s'agit d'une variante ? Bon.

"Avant Star Wars, il y a eu la Guerre des étoiles (...) le projet initial imaginé par George Lucas."

Donc cette guerre des étoiles là, c'est un des scripts originaux de l'épisode IV¹. Comme tout le monde le sait il y a eu moult réécritures de ce premier épisode afin d'obtenir le script parfait qui a précédé le tournage. Et dix ans ont séparé la première écriture du tournage. Des personnages, des espèces entières ont disparu, des tribus, des sectes, et des pans entiers de l'histoire ont sauté. Toutefois, on ne saura pas quelle version particulière a été retenue, le tout a de toute façon été réécrit par un autre scénariste, J.W. Rinzler.

Après l'exécution de son fils cadet, par un Sith, sur la quatrième lune d'Utapau, Kane Starkiller et son aîné se rendent sur Aquilae. Pendant ce temps sur Alderande, l'Empereur s'adresse à la foule. Il annonce publiquement qu'il va prendre Aquilae, foyer des derniers Jedaï Bendu et de la Résistance... Non loin sur la même planète, Whitsun annonce à Bail Antillès, un marchand, qu'il compte franchir le blocus et prévenir les Jedaï. Antillès est arrêté, mais il a juste le temps de lui conseiller de demander de l'aide aux pirates.
Pendant ce temps encore, Dark Vador, le gouverneur Hoedaack et Vantos Coll discutent de Luke Skywalker, général des armées Aquiléenne discret mais terriblement puissant.
Sur Aquilae, le roi préside à une réunion du conseil. Celui-ci est divisé à l'idée d'accepter ou non le traité de paix proposé par l'Empereur (alors même que ce fourbe a décidé de ne pas attendre). Puis la fameuse station de combat géante arrive en vue d'Aquilae (Zed Sispéo et Dédeux y sont affectés) et les pilotes de chasseurs Chewie, Mace et cie sont en charge de l'attaquer.

Cette longue introduction (et encore je n'ai retenu que les passages révélateurs pour ma critique) nous présente des noms familiers dans une histoire à des années-lumières des précédentes. Les fans de la saga auront débunké les différences, et toujours les mêmes traductions françaises : Chewie, Chico, Dark Vador au lieu de Darth Vader... 
Il y a plusieurs façons de lire cette histoire. Comme un fan, à chercher les 136 différences... comme une nouvelle aventure dans une autre dimension de l'univers étendu (univers Légendes)... ou comme un scénariste de film, en considérant l'histoire comme une première version du script, à comparer les deux versions en tentant de s'expliquer les raisons qui ont poussé aux modifications...
Du point de vue logistique par exemple, on passe de la présentation d'un certain nombre de seconds rôle et d'enjeux à définir rapidement à une introduction beaucoup plus linéaire (et claire) dans le film. Comment on passe de deux landspeeders à un. Les modifications d'écriture peuvent s'expliquer par une volonté de baisser le budget du film et aussi d'amoindrir les ambitions de l'histoire pour rendre claire (et moins ambiguë) la trame scénaristique en vue d'un public familial. Ainsi les montures exotiques se font plus rares et moins rapides (on passe quasiment du Vélociraptor au Banta).
Mais aussi on apprend un peu comment transformer un bon scénario en scénario formidable (dédicace à ceux qui ont appris le scénario dans les années 2000) : comment transformer des persos en persos inoubliables, comment transformer de bons méchanoïdes en méchanoïdes prodigieux etc. mais aussi comment transformer une histoire assez intéressante en scénario tout public.
Car c'est une des différences entre le roman, la BD, et le film (a fortiori entre le film d'art et d'essai et le blockbuster aussi). Et c'est donc un des problèmes de l'adaptation. Avec le nombre de lecteurs ou de spectateurs, l'élargissement du public, on constate généralement une baisse d'ambition scénaristique. Généralement car ce n'est pas toujours le cas. Chez Pixar par exemple, ou dans d'autres animations, on voit bien qu'il a une lecture destinée aux enfants, et une lecture plus complexe destinée aux adultes². C'est là que commence le développement du sous-texte³ et du champs allusif. Dans Addiction, d'Abel Ferrara, le thème du vampire est décliné avec des junkies : le glissement subjectif, l'opération de métaphorisation à l'inverse engendre une sorte de sous-texte aléatoire⁴ sur l'addiction. Enfin, à l'opposé et pour en revenir à la SF, dans Transformers 2, le sous-texte comparant les robots géants à des titans de la mythologie ou des dieux : le film de robots prend alors une dimension symbolique, qui suggère plus que ce qui est montré. Je vais m'arrêter là car nous sortons largement du sujet de Star Wars, et de Stars War, mais c'est une théorie d'ensemble du cinéma qui a déjà été esquissée, et sur laquelle j'espère revenir un jour.
MAIS dans Star Wars, il y a ce phénomène à l'état limpide : le discours sur le Bien et le Mal, à travers celui sur l'Empire nazi et la Résistance. Même si les soldats de l'Empire sont en armure blanche, même si les Jedis sont des chevaliers (royalistes ?), même si les gentils tirent les premiers, le fond de l’œuvre présente un discours moral : il s'agit d'une allégorie strictement manichéenne.
Pour en revenir au problème du média et de l'élargissement du public (accessoirement, à la censure par nivellement) l’ambiguïté est par exemple proscrite de l'entertainment, et pour cause : longue à mettre en place et à signifier. Dans le cas de Star Wars c'est toute la différence entre l'univers cinématographique et l'univers étendu (désormais appelé Legends) : les Jedis peuvent être une secte parmi d'autres, ou un ordre au service d'une idéologie comme une autre, peuvent avoir une histoire avec des faits d'armes honteux... ils ne sont pas aussi lisses qu'à l'écran. Et il n'y a pas de discours moral, en attestent d'ailleurs, formellement, les Jedis gris. Bref.

Cette nouvelle "adaptation" des films n'étonnera pas le lecteur des BD Star Wars. Les intentions lui seront familières. En-dehors de quelques noms revisités (ou conservés depuis les premières traductions) les chasseurs Taï, Annikin, un Dédeux qui parle, Dagobah, confondu avec Kashyyyk et Endor, devient le "système interdit"... malheureusement la guerre de pouvoir mise en place en introduction n'est finalement là que pour servir une aventure et fournir simplement un arrière-plan à leurs péripéties.

En conséquence de quoi : un projet peu clair pour les néophytes, mais cela pourrait-il les intéresser de toutes façons ? Un peu brouillon, ou pas assez donc, bien qu'en matière de SW, on ne soit plus à ça près.
Mais intéressant du point de vue scénaristique, curieux si on veut creuser un peu l'univers étendu, et relativement divertissant si on déjà accro.
 
La Guerre des étoiles, d'après le script original. Scénario : J.W. Rinzler ; Dessin : Mike Mayhew. Publié chez Delcourt.


1. Le tout premier, donc, de 1977.
2. Dans Vice-versa par exemple, il est possible de voir l'histoire uniquement sur le plan des archétypes, même si l'exercice est assez difficile.
3. Et c'est certainement une réminiscence de ce qu'on appelait autrefois l'art.
4.
Selon la réflexion du public, il "donne à penser".

Bande-dessinée, space opera, science fiction, cyborg, fantasy, critique, analyse, scenario, George Lucas, star wars, Mike Mayhew

Aquablue 6 à 11, review [BD] 1994-2006

Aventures SF | France |

BD - Blockbuster, science-fiction et traditions
Aquablue a commencé il y a bien, bien longtemps... et puis il avait déçu en changeant de dessinateur, au tome 5. Déçu comme à un enfant à qui on révèle que les effets spéciaux des épisodes I, II, III de Star Wars vont être réalisés en synthèse. Que Yoda va faire des saltos ! Grave erreur, cependant ! Concernant Aquablue du moins (nous parlerons de Star Wars en temps voulu).
Tout comme dans les séries TV ou ciné, on aime moyen qu'un personnage change d'interprète (ou qu'il change de couleur entre deux médias), et en l'occurrence, qu'une série BD change de dessinateur : pour le coup tous les personnages changent d'apparence !
Ou est-ce finalement la question de l'imaginaire du spectateur violé ? BRRRRRREF !
Mais aussi il y aura peut-être eu confusion dans la promo du second cycle (à l'époque les auteurs avaient parlé d'une série parallèle¹).
Toutefois, cette série est très bonne, et ce serait injuste de la bouder encore. Certes, on pourrait avoir passé l'âge. Mais il faut préciser que les cycles de l’Étoile blanche et des Cynos sont vraiment bien écrits, et que si Vatine est parti voir ailleurs, et bien passée la déception (enfantine) il faut bien admettre qu'au bout du compte, il a bien fait. Jetez donc un œil sur sa prod, ses collabs et son apport à la BD française en général². C'est un des rares auteurs à l'américaine qui a su travailler dans la pub et le cinéma.

Je ne reviendrai pas sur le premier cycle très réussi, encensé à l'époque et pour cause.

L’Étoile Blanche commence dans une décharge, avec deux petits surdoués à la recherche d'un robot pour récupérer une pièce de rechange. Ils trouvent Cybot, le robot de Nao, tout éteint, et le sortent de là malgré la férocité du gardien et de sa hyène cyborg³.
Commence alors un long flash-back avec un programme en clair pour le scénariste : amorcer un nouveau départ (un nouveau cycle) en-dehors de la planète Aquablue (pour mieux y revenir par la suite...). Un double retour en arrière, puisque l'histoire de Cybot retrace la découverte de l'épave de l’Étoile blanche, la même Etoile blanche qu'au tome 1 Nao et lui avaient dû quitter dans la précipitation.
(On notera au passage la ressemblance de ce tout premier commencement avec celui de Superman, mais surtout Tarzan...)
Cybot raconte entre autres les péripéties puis l'enlèvement de Nao et de la popstar cosmique Van Vestaal.
Le flash-back prend fin en même temps que l'album sur un non moins double cliffhanger : alors que l'initiateur du complot retrouve les enfants durant les toutes dernières pages, ceux-ci s'échappent comme par magie. Non franchement faut plussoyer. Un scénario bien ficelé c'est déjà bien, mais là ! Si vous avez l'impression que j'ai spolié, sachez que l'ensemble ne vaut pas le coup que pour son final.
Du point de vue graphique quant à lui, ce prélude peut paraître plus maladroit. Parce que tout bonnement, il peut y avoir un temps d'adaptation pour le dessinateur à reprendre ou commencer une série. Revoyez les toutes premières planches de Vatine comparées à celles du cinquième épisode, ou même celles de Lanfeust, un autre blockbuster. De toutes façons, après quelques pages, le graphisme de Tota prend toute sa superbe dans l'action.
On pourra aussi noter la liberté de ton de ce second cycle, que tout le monde n'aura pas forcément apprécié et qui disparaîtra de la série. Tout comme les deux jeunes protagonistes surdoués qui, au passage, auraient pu / pourraient être fort utiles à la Fondation Aquablue par la suite.

Sur le troisième cycle, c'est le passage aux couleurs numériques qui passe mal. En 2001, on avait bien dix ans de retard sur les states au niveau colo et le résultat rappelle alors les premières années d'Image comics⁴. Mais on oublie vite et se laisse prendre par le récit mélangeant puits de gravité, chasse aux dinos et intérêts commerciaux... Niveau couleurs, le deuxième tome est nettement plus beau.

En partant de ce qui ressemble à un clin d'oeil à Valerian (cf. : les Armes vivantes), le quatrième cycle relève encore un défi : intégrer un fantastique d'origine magique à l'univers d'Aquablue. Ça circonvolue, et malgré le dessin de Siro, ça ressemble encore un peu à de l'Aquablue. Scénaristiquement, c'est osé, c'est-à-dire que de nouveaux ingrédients entrent dans la composition de la saga. Nao, devenu père, aux prises avec ses sentiments et avec les affres de la vieillesse... Une planète de sable, de l'horreur... les personnages secondaires sont moins corsés (que dans le deuxième cycle) mais les contre-pieds sont suffisamment nombreux pour que l'entreprise reste intéressante. Il y a beaucoup de bonnes idées, mais ça ne colle pas vraiment. Honnêtement, c'est le cycle que j'aime le moins. Mais vous l'aurez compris, ça se ressource.

A défaut d'être le blockbuster attendu, une très bonne série B à suivre.
La suite de la saga, dessinée par Reno, très prochainement :)
 
Aquablue 6 à 11. Scénario : Thierry Cailleteau ; Dessin : Ciro Tota, Siro. Publié chez Delcourt.


1. A ce sujet une interview d'Olivier Vatine et Thierry Cailleteau de 2004 http://www.bdparadisio.com/Intwcailleteau.htm
2. En plus de ses travaux crédités que vous pourrez trouver sur le site de la bédéthèque, je vous conseille son Petit livre rouge du story-board.
3. Moi j'aimerai bien être copain avec une hyène
4. Les tous débuts de la colorisation informatique. En 1990, avec la version américaine d'Akira, débute la colorisation informatique. En 1992 naît l'éditeur Image comics, qui publie Spawn, Wildcats...

Bande-dessinée, space opera, écologie, fantasy, aventures, critique, analyse, Delcourt, Thierry Cailleteau, Olivier Vatine, Ciro Tota, Siro, Reno

Infinity 8 1,2, et 3 [BD] 2016-2017

Policier SF | France |

BD - Infinity 8 : Mystères et boucles temporelles
Après un premier tome, à l'esthétique horreur mais sympathique, qui met en place une trame difficile en formes de boucles temporelles, c'est une sacrée surprise qu'offre Infinity 8. Effectivement, le premier épisode évolue en terrain connu en terme de dialogues et d'humour, et force le trait avec sa Yoko Kev à la quête de géniteur bien appuyée, mais ! tout ça dans un environnement macabre dont on n'a pas bien l'habitude.
En gros, on y va doucement sur le scénario tout en proposant des trucs nouveaux tout en n'étant pas vraiment nouveau : une mise en page en gaufrier par exemple. Ce premier épisode est référencé comics et particulièrement EC comics¹, Weird science... ces bédés US des 50's, sci-fi heroes & cie.

Mais c'est une fois le premier "reboot" digéré, qu'on intègre le concept et qu'on peut pleinement profiter de la boucle temporelle.
Avec le deuxième épisode, on croit tout d'abord être dans une énième histoire de nazis (merci les Aventuriers de l'Arche perdue) mais surprise, c'en sera pas vraiment une. Surprise, sauf pour qui connaît la finesse et la modernité de l'écriture de Trondheim, depuis que son écriture est devenue exponentielle chez Dargaud et Poisson pilote...
Certains tiqueront peut-être sur la colo très "ordi" (mais enfin qui ça continue à gêner, à part mon pote Gérald ?), mais elle réserve de bonnes surprises, qui plus est le style de Vatine, sur ce second tome, se prête parfaitement au comics. Oui, j'associe comics et colo numérique².

Sur le troisième épisode, c'est carrément olé-olé. Trondheim et Vehlmann aborde une thématique que j'ai moi-même essayée (mais non publiée) : la religion (du futur !). Et oui, c'est un problème philosophique et sociologique d'importance, puisqu'il constitue le grave dilemme que nous connaissons. Car malgré l'avancée de la science, l'athéisme reste encore une religion en soi (notez comment nous inversons malicieusement le problème). Et prenons en compte la montée des orthodoxies, mais aussi le véganisme et l'intrusion des morales religieuses associées... bref, la SF doit-elle nécessairement taire ce sujet qui nous divise si facilement ? Réponse : bien au contraire, puisque la SF est censée faire réfléchir par anticipation.
Sur le plan visuel, ce 3e tome est une belle performance d'Olivier Balez (qui mérite bien son nom, donc), avec des couleurs numériques évoquant paradoxalement bien les bédés psychédéliques des seventies.

J'en suis resté au troisième, pour l'instant, et j'espère que la série va rester au top sur le scénario, parce que ça fait vraiment plaisir à lire.
Faut-il s'appeler Trondheim, et avoir toute son expérience scénaristique, pour chapeauter des concepts aussi tarabiscotés, aussi pointus sans perdre le lecteur ? Je conclurai sur cette question si je ne pensais pas tout à coup à Aâma, une autre très belle bande si vous êtes exigeants en SF et aimez les BD mutantes.
 
INFINITY 8. Scénario : Lewis Trondheim, Zep, Olivier Vatine, Fabien Vehlmann ; Dessin : Dominique Bertail, Olivier Vatine, Olivier Balez.


1. EC comics est tenue pour principale responsable de l'avènement de l'horreur et du mauvais goût dans les B.D. destinées aux adolescents, qui s'ensuivirent du Comics code authority.
2. J'ai déjà expliqué ça : la colorisation numérique est née avec la version US d'Akira en 1990, et s'est démocratisée avec Image comics (et Malibu comics) dès 1992 qui publia Spawn, Wildcats, Witchblade... Ils reproduirent finalement le schéma de la Nouvelle Vague en France, associant leurs nouvelles ambitions à une nouvelle technologie. Chez Image comics, les auteurs voulurent s'affranchir du studio Marvel qui brevetait systématiquement les nouveaux personnages en son nom.

Bande-dessinée, science-fiction, space opera, androïdes, espace-temps, IA, Policier, critique, analyse, Lewis Trondheim, Dominique Bertail, Olivier Vatine, Olivier Balez

Le Château des étoiles 1,2,3,4 [BD] 2014-2018

Fantasy scientifique | France |


BD - Un Voyage extraplanétaire extraordinaire
C'est clairement la question du genre, son goût de l'aventure scientifique et sa maîtrise des couleurs qui frappent dans Le Château des étoiles.
Alors qu'en dire, sans vous spolier vos surprises ? Et bien déjà, que la promo mise en place autour de cette série, notamment avec le "journal" contenant les mini-épisodes, n'en est pas une : il s'agit d'une pré-publication. De deux, elle est doublement légitime : pour la première raison du coup, parce qu'une pré-publication s'autolégitime, et aussi parce c'est une bonne série de fantasy qui méritait de se faire remarquer.

Ce n'est pas du steampunk, comme on aura pu le lire. Malgré le fait de l'esthétique, qui effectivement rappelle le steam (uchronie, dirigeables, contexte historique...), le scénario s'en démarque facilement, tout simplement en n'utilisant pas de vapeur (steam en anglais), mais de l'éther. Cet éther ne faisant pas référence à l'éther médical, mais plutôt au 5e élément des philosophes antiques : le Ciel. Ici, il s'agit de l'énergie contenue dans le vide spatial, au-delà de la barre des 30.000 mètres.
L'histoire commence en 1868, à Courrière, avec Marie Dulac et son détecteur d'éther embarqué dans une montgolfière, puis se poursuit très rapidement en Bavière, où le journal de Marie est tombé, avec Louis II de Bavière et Bismark, et seulement au 3e volume, en Angleterre. Je précise pour bien signifier le rapport au steampunk pour ceux que ça intéresse. C'est plutôt l'exposition universelle et Jules Verne qui sont au coeur de l'esthétique, on doit donc pouvoir parler de Merveilleux scientifique plutôt que de Steampunk, voire de Fantasy scientifique. Mais comme il s'agit d'un code esthétique et non d'un genre narratif, je ne m'y attarderai pas plus que ça.

Les couleurs, réalisées à l'aquarelle, sont de toute beauté.
Quelques références sont communes à notre monde : Les Aventures du baron de Münchhausen, Descartes, Newton, Les Chevaliers de la Table Ronde...
L'histoire montre plusieurs intérêts, notamment scientifique et historique. A travers une "petite" relecture des deux...
Sous son aspect désuet, se cache une espèce de plausibilité scientifique. Car plongés dans l'histoire en compagnie d'ingénieurs et de mécaniciens, nous sommes gentiment abreuvés de données mathématiques et mécaniques, et l'on se prend à rêver, comme le jeune héros, qu'il y ait une flore exotique sous l'atmosphère épaisse de Vénus, et de l'oxygène, toutefois raréfié, sur la surface de Mars.
Si l'influence non pas manga (ce que nombre déteste) mais animé japonais (ce qu'on adore depuis les 80's) se fait sentir dès la rencontre avec Hans, le jeune bavarois au gros nez, au 3e épisode l'influence de Myazaki apparaît plus nettement, car ce n'est plus la seule présence de l'aquarelle ou des personnages enfantins : engins inventifs, personnages féminins forts... (en plus du détournement direct d'une illustration quasi d'épinal de Nausicaä).
Et c'est ce qui pourra déplaire, d'ailleurs, le côté enfantin. Car les héros sont effectivement trois enfants, plongés dans des intrigues d'espionnage et de géopolitique. Mais l'histoire est suffisamment ambitieuse et montre suffisamment d'intérêt pour passer outre une identification "régressive".
Un univers riche, et de bonnes idées.

Le 4e album est toutefois un peu déstabilisant : si les trois premiers albums fonctionnaient dans un imaginaire collectif reposant sur des références XIX°, nous sommes parachutés en terrain inconnu au quatrième. Mars n'étant pas vraiment une référence du XIXe (John Carter apparaîtra en 1912, et ce sera encore de la fantasy sans référence à la science), on peut avoir le sentiment d'une rupture dans l'univers, et ça pourra paraître plus fluide pour un lectorat moins au courant de ces références (le jeune lectorat). Il y aussi que les autochtones de Mars (Martiaux) ne sont pas très bavards, et cela entraîne, selon moi encore, une rupture narrative. Le dessin et l'aquarelle, de leur côté, semblent aussi plus flous et moins détaillés.
L'ensemble reste toutefois original et de qualité.

Une belle série pour les petits et grands enfants donc.
 
LE CHÂTEAU DES ÉTOILES : Scénario & dessin d'Alex Alice. Publié chez Rue de Sèvres. 

Fantasy scientifique, science-fiction, bande-dessinée, aventures, critique, analyse, Rue de Sèvres, Alex Alice

Sillage 20 : Résumé des épisodes précédents [BD] 2019

Espionnage SF /Space opera | France |

BD - Espionnage spatial et quête des origines
Quand on tombe sur les illustrations de couvertures de Sillage, on peut trouver ça sympathique, mais pas pour autant transcendantal quand on a passé la trentaine... relooking intéressant, mais très orienté ado. Et l'idée d'une ado indienne à moitié à poil, même du futur, ça peut laisser sceptique.
Pour ma part c'est de nombreuses séries et one-shots de science-fiction (qui vainquirent mes préjugés) plus tard, que je retombais sur la petite Nävis et me dis "bah ! peut-être son côté punk".
Surtout que l'histoire est signée Jean-David Morvan, qui m'avait marqué plus jeune avec le premier épisode de TDB : Trop de bonheur.

Je découvrais alors, bluffé, cette héroïne caractérielle et ses compagnons dévoués (et pour cause), des scénarios¹ de haut vol, lesquels aiment se jouer des apparences et nous ouvrir l'esprit en même temps qu'à son héroïne. Loin d'être expérimental, mais des parti pris osés et une vision moderne. Une série factuellement très proche de Valerian, disons franchement (Aquablue ayant passé son tour en tant que successeur), sa descendante par les thèmes et les objectifs.
Blockbuster², c'est un terme qui semble bien leur aller.

Je ne reviendrai pas aujourd'hui sur l'ensemble de la saga qui se compose déjà de 20 tomes et deux séries spin-off, et je ne suis pas sûr d'avoir prochainement le loisir de rédiger un article de ce genre. Je vais commencer directement avec l'épisode 17, puisqu'il constitue le début d'une espèce de trilogie mettant de nouveaux éléments en place et préparant selon moi l'épisode 20 Mise à jour sorti fin 2019.
Vous admettrez qu'il sera difficile de ne pas spoiler, mais l'article est pensé pour préserver les surprises à ceux qui voudraient découvrir la série, en privilégiant le sous-texte et les contenus thématiques.

L'épisode 17 Grands froids nous ramène sur TRI-JJ768, où Nävis a rencontré Clément Vildieu (lol) lors du tome 3 et avec qui elle a donné naissance à Yannseï, son fils caché... là tout-de-suite, on se croirait un peu dans un space soap-opera type Amour, gloire et beauté, mais il n'en est rien. Même si la série comporte une dose émotionnelle/sentimentale qui crédibilise et soude les personnages, Nävis n'a jamais eu qu'une histoire de cœur (et avec un révolutionnaire de surcroît³).
Sa mission est la suivante : dérober l'ornosphère (pivot de cette trilogie), dont elle ne veut rien savoir : les intrigues politiques sournoises de Sillage ne l'intéressent plus du tout⁴. Elle rencontrera Jules, un petit génie, et retrouvera ses amis Püntas. En plus de présenter une intrigue d'espionnage au parfum d'anarchie (Morvan peuple des mondes que je dirais très "représentatifs" à défaut d'être proprement réalistes⁵), la planète TRI-JJ768 a enfanté l'espèce la plus proche génétiquement de celle de Nävis (rappelons-le, la seule humaine du convoi).
On découvrira que l'ornosphère, crainte par les sages (psy-actifs) Püntas, est convoitée par les "Impériaux", tout comme Jules qui a en sa possession les notes secrètes de l'ancien "Empereur". Par la suite le petit Jules, qui se trouve être la petite nièce de son ancien amant⁶, intégrera le convoi du Sillage grâce à sa bravoure (et accessoirement grâce aux soins devant lui être apportés).

Dans Psycholocauste (t.18), ça dégénère GRAVE. Alors que se déroule la discussion parlementaire au sujet de l'intégration de Juliette (ex-Jules) dans le convoi, à laquelle Nävis assiste, Bobo est en mission sur Tartaruga.
Au passage, ces épisodes font penser aux "épisodes flashbacks" dans les séries TV, quand les personnages se remémorent les meilleurs moments de l'année. Sauf qu'ici bien sûr (quel intérêt en BD ?), il s'agit bel et bien de nouvelles histoires, mais dans des endroits déjà visités et avec des personnages déjà croisés : il y a beaucoup d'auto-références dans ces trois albums... Bref, Bobo est à Tartaruga pour acheter l'ornosphère dont ils ont retrouvé la piste, mais les ondes de l'amplificateur psy d'un autre acheteur provoque l'"éclosion" du bidule, qui s'avère être un virus créé de toutes pièces par les humains (mais ils ne le savent pas encore) pour éradiquer les espèces psy-actives. Pour rappel, la psy-activité est une constante chez les espèces de Sillage, il s'agit de capacités PSY (téléportation, télépathie...) dont pratiquement seuls les humains sont dénués. BREF, c'est le bazar et les autorités sont incapables de stopper la pandémie (on est en 2015). Nävis forme une équipe spéciale, dont Juliette sera le "cerveau", pour trouver l'antidote. Avec l'aide inopinée, aussi, du dernier Yiarhu-Kah⁷. Re-BREF, Juliette est intégrée parmi les espèces du convoi spatial.
Je ne sais plus pendant la lecture duquel des deux tomes je me suis dit "punaise, Morvan est TROP balèze", mais c'était par rapport à du sous-texte ou à de la structure scénaristique (difficile de retrouver des impressions de lecture). Tout ça pour dire, Sillage c'est de la belle ouvrage.

Temps mort (t.19) commence avec un couple d'aliens tout-à-fait zarbis capables d'arrêter le temps, ce qu'ils font lors d'une fusillade qui oppose Nävis, Bobo, Yannseï et Juliette à des robots. On assiste à la mort des protagonistes, par projection, puis Nävis, Yannseï et Juliette (la famille recomposée/ famille nucléaire ?) sont pris à parti dans le temps suspendu pour expliquer comment ils sont arrivés là. Un type d'exercice scénaristique très particulier donc, à grand renfort de flash-backs (ce n'est pas nouveau chez Sillage, mais ça fait toujours plaisir). L'épisode voit aussi l'apparition de trois nouveaux personnages qui, comme Bobo et Juliette, se distinguent de leur peuple par une subite prise de conscience les extirpant d'un déterminisme social (les thématiques sociales sont récurrentes chez Morvan). Nävis rencontre à nouveau le Yiarhu-kah au cours de la filature censée l'amener au revendeur d'ornosphère. Il lui confiera plus tard l'éducation de sa couvée, en même temps qu'un psiyôorm qui lui permettra dès lors la téléportation. Et c'est bien ce psiyôorm qui indique déjà un nouveau départ dans la saga : Nävis gagne une mise à jour de sa personne, comme un joueur de RPG qui gagne un pouvoir ou un artefact.

Voilà pourquoi cette "trilogie" est déterminante, et pourquoi il faut relire les trois.
Alors vous me direz, les éléments qui lient cet arc narratif ne sont pas beaucoup plus évidents que pour les autres tomes, que les autoréférences parcourent la série d'autant plus qu'elle s'articule bel et bien comme un soap : chaque tome étant la suite directe (ou quasi) du précédent.
Effectivement, si la série n'a jamais présenté clairement d'arcs ni de  cycles, il me semblait intéressant d'extraire ces tomes en particulier parce qu'ils précèdent et préparent le renouveau de la série (le tome 20 Mise à jour) et que je crois qu'il a été pensé comme tel, avec l'ornosphère (sphère ornementale ??⁸) au centre.

Dans tous les cas, ces trois épisodes (et certainement le prochain) sont déterminants dans la saga.
L'ornosphère créée par des humains, qui représente la quête d'identité et de sens de Nävis... Que nous réserve le tome 20 ? Suite au prochain épisode !

Oui l'axe de mes analyses est avant tout scénaristique. Mais on saluera quand même l'immense travail de Philippe Buchet...
 
SILLAGE 17, 18, 19. Scénario : Jean-David Morvan ; Dessin & couleurs : Philippe Bucher. Publié chez Delcourt.  


1. Normalement on dit scenarii mais bon.
2. Blockbuster ! : c'est d'ailleurs le titre du recueil consacré au travail de Buchet.
3. Remember Sambre d'Yslaire.
4. C'était tout le piment des premiers épisodes.
5. Et c'est une des fonctions de la science-fiction : tout en étant très loin du présent, les problématiques sont très similaires aux nôtres... sinon on ne comprendrait rien (et le genre ne serait d'aucune utilité). Comme preuve, Dune. Si on n'était pas dans la tête des personnages, on ne comprendrait rien à leurs mœurs subtils... Difficile d'exposer des problèmes encore inexistants dans nos sociétés, des thématiques qui ne sont pas encore conscientisées, ou même de présenter des personnages non humains (voire robots). Comment s'identifier à des humains de l'an 10.000 ? Le réalisme devrait être le sujet d'une prochaine rubrique.
6. La petite Juliette se déguisait en garçon pour avoir plus de crédibilité !! SOAP ! Mais une idée qui gratte...
7. Voir tome 14 Liquidation totale.
8. https://fr.wiktionary.org/wiki/orno

Espionnage, space opera, science-fiction, bande-dessinée, thriller, société, critique, analyse, Delcourt, JD Morvan

Aiôn [BD] 2019

Thriller SF | France |

BD - Un thriller spatial : Aiôn, de Ludovic Rio
Chapitre 1
Le capitaine Néel, à bord de l'Argo, sort d'hyper-sommeil. L'androïde de bord, Loop, l'accueille. Ils sont à mi-chemin de la Terre, dans le système Alpha Centaury. La procédure de réveil a été enclenchée car le vaisseau a reçu un signal de détresse. La source provient d'une colonie scientifique qui étudie les particularités de l'espace-temps¹.
Mais une fois arrivée, elle ne trouve que l'androïde Maxine, et le cadavre du docteur Elliot Lorentz, dernier résident de la station, mort il y a huit mois. Près de lui, un carnet crypté relatant ses expériences. Tout-à-coup la pièce est condamnée et un générateur se déclenche, altérant bientôt toute forme de vie...


Si son graphisme est très réussi (les couleurs notamment), son scénario n'est pas en reste, car bien que l'histoire n'explore effectivement pas un enjeu social capital, il sait entretenir le mystère, évoquer, réserver ses surprises... sur sa trame de thriller, le ton aussi sait se faire remarquer : contemplatif, tout en douceur, presque d'art et d'essai. Le volume (128 pages) se termine avec une fin ouverte, laissant supposer une suite. Un peu surprenant car ce type de roman graphique ne semblait déjà pas spécialement adapté à la SF (peu de spectaculaire, rythme assez lent et pas spécialement d'humour...). Si l'exercice a déjà été essayé au cinéma, il l'est assez peu en bédé.

Courageux. Du bel ouvrage.

AIÔN. Scénario & dessin : Ludovic Rio ; Couleurs : Christian Lerolle. Publié chez Dargaud.
 

1. Aiôn est par ailleurs un terme tiré du grec utilisé pour définir la destinée, l'ère, l'éternité, ou selon le spécialiste Marcel Detienne : la "force de vie".

Thriller, science-fiction, bande-dessinée, IA, Androïdes, critique, analyse, Dargaud

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