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Memories [Film] 1995

Aventures SF, anticipation | Japon |

...est un film omnibus en trois parties, d'après trois histoires de Katsuhiro Ōtomo.

La Rose magnétique prend place dans le voisinage de la Terre en 2092, avec des éboueurs de l'espace¹ à bord du Corona. Après avoir détruit une épave, ils sont prêts pour leur voyage de retour, un peu impatients, quand ils reçoivent un SOS provenant d'une station spatiale. Contraints par le code du travail d'y répondre, ils se rendent sur place et découvrent qu'un amas de débris orbite autour de la station géante en piteuse état. L'intérieur de la station est un intérieur européen, une sorte d'opéra spatial, qui semble habité par un fantôme.
Le malheur d'une femme, qui engloutit tout. Difficile de dire s'il s'agit d'une IA (possiblement déglinguée) ou d'une conscience transférée, qui par ailleurs semble accéder aux souvenirs comme à la conscience de ses occupants. Mais laissons les détails : l'anime contient d'ailleurs plusieurs mystères inexpliqués quant à la logique de l'histoire et le plan final est d'ailleurs impossible (ou a-t'il été intégré par l'ordinateur lui aussi, à l'instar de Bowman dans 2010 ?). Mais qu'importe : le métrage est d'une beauté formidable, évoquant immanquablement 2001 l'Odyssée de l'espace (la dernière partie, sur la mémoire). En fait tout le segment semble être une relecture de 2001, sur un registre plus horrifique, plus "Shininguesque". Le foetus final de 2001, à la vision de Memories, devient donc une renaissance virtuelle mais augmentée, à l'intérieur d'un programme extraterrestre...
La musique est signée Yoko Kanno, qui a beaucoup œuvré pour le genre mécha (Macross, Escaflowne, Gundam, Rahxephon...) mais aussi Cowboy bebop et Oban star racer...

Le second segment, de Genius Okamoto, la Bombe puante, commence avec Nobuo Tanaka qui retourne travailler au laboratoire alors qu'il est encore malade. Tout irait bien si ses collègues ne lui conseillaient pas de prendre un remède miraculeux qui vient d'être mis au point et en passe d'être commercialisé, et d'aller directement se servir dans le bureau du professeur en chef. Mais le laboratoire travaille aussi sur un projet top secret pour l'armée. Et donc, le jeune homme prend les mauvaises pilules rouges dans le mauvais flacon bleu. Il va dans la salle de pause et ne se réveille que le lendemain, effectivement guéri de son rhume. Mais découvrant que tous ses collègues sont morts, il appelle la police et les secours.
Sur un sujet comme la pandémie, Ōtomo nous livre une farce très sympathique, avec un humour léger et frais comme il a déjà su le faire avec Roujin-Z. La musique est notamment magnifique, les saxophones jazz-funk endiablés, et accompagnant Nabuo dans sa course désespérée.
On aurait pu croire (je l'ai longtemps cru sans vérifier) que si Ōtomo n'avait dirigé cet épisode, il s'était occupé du character design. Mais non, c'est le suivant qu'il a pris en charge.

Le troisième sketch est encore le plus courageux des trois. Une animation des personnages en traditionnel, au crayon, qui rappelle Fritz the cat ou même l'Impitoyable lune de miel, les dessins animés underground. Dans une dystopie en huis-clos, très marquée steampunk (ou dieselpunk pour les puristes), on va suivre parallèlement les journées d'un père chargeur de canon, et de son fils, endoctriné à l'école. Une dystopie très orwelienne, donc, où la propagande et le culte de la personnalité sont présents, et où tous les efforts de guerre (scolarité comprise) sont dirigés contre un ennemi inconnu dans une guerre perpétuelle.
Techniquement son principal intérêt est l'idée d'avoir des "plans uniques", en fait de longs "mouvements de caméra" qu'on appelle en cinéma live, travelling et zooms. Ce qui peut sembler facile à dessiner, en théorie, devient rapidement très complexe : les séries animées par exemple utilise plus souvent le balayage latéral appelé parallax, qui consiste souvent à montrer un personnage qui court sur fond de trames.
Le panoramique, qui consiste à faire tourner la caméra, est en fait courbe et plus complexe à dessiner.
Le segment est d'ailleurs produit par le studio 4°C², spécialiste du style superflat (super-plat).

Les trois segments sont écrits par Katsuhiro Ōtomo et Satoshi Kon, adaptés d'une bande-dessinée d'Ōtomo.

L'ensemble est de très bonne facture, une véritable pépite.


1. Thème qui sera repris dans le manga de Makoto Yukimura puis la série Planetes (2003).
2. Principalement connu en France pour Animatrix, Mind game, Amer béton, et maintenant Metafuckaz...

Cinéma, animation, anime, science fiction, anticipation, catastrophe, comédie, intelligence artificielle, post apocalypse, critique, analyse

Robot carnival [Animation] 1987-1998

Courts-métrages | Japon |

Ciné - Des courts-métrages animés et des automates

Si la vision d'un film à sketches sur le thème du robot, qui plus est sans dialogue¹, peut désarçonner, voir somnoler si vous ne faites pas de cheval, il n'en reste pas moins que Robot carnival est excellent et pour plusieurs raisons.

Non seulement parce qu'il donne l'occasion à des animateurs, sous le parrainage de Katsuhiro Ōtomo, de passer le cap supérieur et passer à la réalisation, mais aussi, pour nous, c'est l'opportunité de découvrir différents styles sur un thème commun. Des courts-métrages présentant des univers qu'on aimerait parfois revoir...
Les omnibus sont des perles rares, c'est-à-dire peu distribuées, et contiennent des petits bijoux visuels. Car même si les travaux ne sont pas tous d'intérêt égal, la qualité technique est bien présente.
Alors on somnole peut-être, mais on loue l'initiative. Certes les fans de SF pourront être déçus, car la pluralité des univers, déroutante, est aussi variable : ambiance victorienne pour l'un, SF fantasy ambiance Sailor Moon² pour l'autre, ou encore contexte médiéval paysan pour un autre.

Le robot n'étant qu'un automate élaboré, le thème n'est pas propre à la science-fiction (Pinnochio pour exemple).
Alors que Robot carnival (le sketch d'intro), Frankenstein's wheel, Tale of two robots et Nightmare se distinguent particulièrement sur l'animation voire sur l'histoire et les idées, que Deprive et Cloud tiennent bon la barre, Presence et Starlight angel font un peu intrus car orientés shōjo³ : romance pour le premier, et magical girl pour le second. Ils ne sont pas inintéressants pour autant, le second proposant d'ailleurs, après le magical sentaï, une nouvelle variante du genre. 

A réserver aux plus curieux, donc.

Opening, réalisé par Atsuko Fukushima et Katsuhiro Ōtomo.
Frankenstein's Wheel, réalisé par Koji Morimoto.
Deprive, réalisé par Hidetoshi Omori.
Presence, réalisé par Yasuomi Umetsu.
Star Light Angel, réalisé par Hiroyuki Kitazume. Inspiré par le clip d’une chanson de A-ha : Take on Me.
Cloud, réalisé par Mao Lamdo.
A Tale of Two Robots - Chapter 3: Foreign Invasion, réalisé par Hiroyuki Kitakubo.
Nightmare (Red Chicken Head Guy), réalisé par Takashi Nakamura.
Ending, réalisé par Atsuko Fukushima et Katsuhiro Ōtomo.
Epilogue


1. Sans dialogue à l'exception de deux courts. A moins de parler plusieurs langues, vous risqueriez de regretter une commande en import.
2. Sailor Moon n'est pas la seule dans son genre : Cutey Honey, Gigi, Sakura... C'est du Magical girl.
3. Pour adolescentes

Animation, anime, science-fiction, anticipation, post-apocalypse, androïde, mécha, critique, analyse

Summer wars [Animation] 2009

Anticipation | Japon |

Animation - Le virtuel est menacé : Summer wars

En guise d'introduction, une  vidéo publicitaire nous présente le monde virtuel d'Oz, dans lequel naviguent des centaines de millions d'internautes. Toutes les entreprises du monde y ont des succursales, on y trouve donc une centrale d'achats et on peut même y effectuer ses formalités administratives... L'histoire se passe en 2010, le film n'appartient pas au genre SF proprement dit mais à l'anticipation.
Le film est réalisé par Mamoru Hosoda (la Traversée du temps, les Enfants loups, le Garçon et la bête...).

A la fin de l'année scolaire, Satsuki invite Kenji (programmeur chez Oz) dans sa famille pour quelques jours durant les vacances d'été. Il découvrira rapidement que la famille se trouve être un ancien clan féodal militaire réputé. Il devra se faire passer pour son petit ami afin d'être présenté à la grand-mère de Satsuki, la doyenne du clan, qui fête ses quatre-vingt dix ans. Alors que Kenji se demande pourquoi il est venu, il reçoit une suite de 2056 chiffres par sms et prend ça pour un problème d'arithmétique qu'il doit résoudre. Mais le lendemain, à cause de lui, Oz est piraté. Toute la vie sociale du Japon étant basée sur le réseau, Kenji va devoir récupérer son compte et surtout rattraper son erreur alors que les préparatifs pour l'anniversaire de la grand-mère continuent.

Summer wars est un film très étrange. Si les enjeux de départ, avec son réseau social mondial, ne sera pas forcément fédérateur¹, la suite qui se déroule en mood "comédie familiale" ou film campagnard à la Jean Renoir, encore moins. Et surtout, les deux sont-ils bien compatibles ? Propices à concilier les publics ? Pourtant c'est son sujet : la modernité face à la tradition. Et c'est en même temps que nous sont livré.e.s une histoire profondément visionnaire et un grand film de cinéma.
Encore une fois, c'est l'humain face à la machine (cf : Roujin Z). Et tout va dans ce sens : pas de sacrifice mais du don de soi, les individualistes reprennent goût à l'effort et à l'esprit d'équipe...
"C'est en protégeant les autres qu'on se protège soi-même" dit un personnage du film, qui en cite un autre.

Ce qui pourrait se matérialiser, dans un autre film, par deux niveaux de lecture, c'est ici deux intrigues imbriquées sur fond d'espionnage : une histoire de famille et une bataille de titans² prennent place.
Une démonstration très puissante.

1. Qui ça intéresse à part les japonais ? Social network a fait un succès maigrichon... Contre-exemple : Ready player One, bien sûr.
2. Deux entités supportées par la masse.

Anticipation, science-fiction, animation, espionnage, IA, critique, analyse, Société, Mamoru Hosoda

Roujin Z [Animation] 1991

Comédie SF | Japon |

Roujin-Z est un film d'animation japonais réalisé par Hiroyuki Kitakubo

Animation - Un anime SF du genre mécha mature
...et scénarisé par Katsuhiro Otomo, le réalisateur du mythique Akira. Akira est plus qu'une pointure : une révolution dans l'industrie de l'animation japonaise et internationale¹. On ne peut pas en dire autant de Roujin-Z, d'une facture visuelle plus classique, du genre que le public néophyte aura peut-être du mal à visionner. Si à la première vision on reconnaît facilement les points communs avec Akira (avant tout esthétiques), à la deuxième on peut se demander si on est bien chez Otomo. Parce que non. Si l'histoire et le design des méchas sont bien signés Otomo, le character design est de Hisashi Eguchi. Et ça fait toute la différence. Donc non les fans d'Otomo ne s'y sont pas tous retrouvés, mais oui, on reconnaît la patte et l'audace de l'auteur. Cette histoire est de plus, tout-à-fait essentielle du point de vue SF.

Plus que le "vieillissement de la population", proposé par l'éditeur et qui est effectivement l'argument de l'histoire, le thème du film est plus simplement la vieillesse et la dépendance, et donc il est question du traitement des personnes âgées au Japon, et par extension dans nos sociétés industrielles. Sur le ton de l'humour, OK, mais on ne se demandera pas pourquoi le film n'a pas obtenu plus de budget pour sa réalisation ou pour sa communication.
Il semble que les responsables en ait eu bien conscience, d'ailleurs, puisque même dans le film, lors de la conférence de presse présentant le Z-001 le lit révolutionnaire pour l'accompagnement des personnes en fin de vie... les premières rangées de fauteuil dans la salle sont vides, preuve du désintéressement du sujet.

Mais rembobinons un peu.

Le film commence avec M. Takazawa, un vieillard alité qui s'est soulagé sur lui et qui appelle son infirmière à l'aide. Puis ont lieu la conférence susdite et l'adoption du projet. Chez le vieillard, son infirmière Haruko lave son linge, arrive alors l'ambulance du ministère de la santé. M. Takazawa sera le premier à tester ce fabuleux prototype de lit à intelligence artificielle. Mais très rapidement tout va dégénérer, au propre comme au figuré². Peu de temps après l'internement du monsieur, Haruko reçoit des appels à l'aide sur son ordinateur de l'hôpital, puis le message apparaît sur tous les ordinateurs qui semblent être comme piratés³.
Elle convainc ses amis de l'accompagner à l'institut. Mais la visite clandestine tourne à l’invraisemblable : M. Takazawa veut s'en aller et semble contrôler la machine (le lit). Ils réussissent à s'enfuir, mais le ministère les retrouve facilement et le ramène. Cependant, Haruko s'inquiète pour son ancien patient, et demande à un autre patient de son service, à l'hôpital, de l'aider à le contacter. Le patient en question est un ancien programmeur qui pirate des trucs entre deux parties de Gran Turismo. Bé oui on est dans le futur, bro'. Bref, ils iront jusqu'à imiter la voix de sa défunte femme pour le sortir de léthargie. Mais en même temps que le vieil homme, c'est un monstre qui se réveillera et brisera ses chaînes...

 

C'est sous l'angle de la satire et du mécha qu'Otomo et Kitakubo abordent le sujet et nous livrent cette œuvre mature. Elle porte malheureusement les stigmates des animés en France, avec sa barrière culturelle (mais virtuelle) : des personnages sympathiques mais pas vraiment caractérisés, une musique anodine (et même très très expérimentale pour le coup), une histoire courte et rondement menée (1h20)... un petit budget tout simplement MAIS c'est là aussi qu'on trouve des créations belles et originales. Avec cette approche de la symbiose de l'organique à la technologie, les auteurs nous parlent bien de l'humanité, derrière une société parfois mécanique et déshumanisante. Un sujet qui aurait pu être celui d'une comédie dramatique ou d'un drame en salle d'arts et d'essais... A noter aussi, une trame narrative originale, avec cette machine qui fait plusieurs évasions, comme un appel lancinant visant à rétablir la communication.

1. Le film est adapté de sa propre B.D. qui était déjà best-seller... Otomo commencera l'animation avec un chef d’œuvre, et ne connaîtra plus de succès comparable. Mais au Japon son nom lui permet de porter des projets de type omnibus.
2. Ce qui semble être la marque de fabrique d'Otomo. On pense tant à Akira qu'à son sketch dans Memories, ou encore à Dōmu.
3. Wake up Neo... the Matrix has you...

Mécha, science-fiction, animation, IA, comédie, société, Katsuhiro Ōtomo

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