Content-Security-Policy: script-src 'self' https://apis.google.com X-Frame-Options: SAMEORIGIN
Affichage des articles dont le libellé est Intelligence Artificielle. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Intelligence Artificielle. Afficher tous les articles

Memories [Film] 1995

Aventures SF, anticipation | Japon |

...est un film omnibus en trois parties, d'après trois histoires de Katsuhiro Ōtomo.

La Rose magnétique prend place dans le voisinage de la Terre en 2092, avec des éboueurs de l'espace¹ à bord du Corona. Après avoir détruit une épave, ils sont prêts pour leur voyage de retour, un peu impatients, quand ils reçoivent un SOS provenant d'une station spatiale. Contraints par le code du travail d'y répondre, ils se rendent sur place et découvrent qu'un amas de débris orbite autour de la station géante en piteuse état. L'intérieur de la station est un intérieur européen, une sorte d'opéra spatial, qui semble habité par un fantôme.
Le malheur d'une femme, qui engloutit tout. Difficile de dire s'il s'agit d'une IA (possiblement déglinguée) ou d'une conscience transférée, qui par ailleurs semble accéder aux souvenirs comme à la conscience de ses occupants. Mais laissons les détails : l'anime contient d'ailleurs plusieurs mystères inexpliqués quant à la logique de l'histoire et le plan final est d'ailleurs impossible (ou a-t'il été intégré par l'ordinateur lui aussi, à l'instar de Bowman dans 2010 ?). Mais qu'importe : le métrage est d'une beauté formidable, évoquant immanquablement 2001 l'Odyssée de l'espace (la dernière partie, sur la mémoire). En fait tout le segment semble être une relecture de 2001, sur un registre plus horrifique, plus "Shininguesque". Le foetus final de 2001, à la vision de Memories, devient donc une renaissance virtuelle mais augmentée, à l'intérieur d'un programme extraterrestre...
La musique est signée Yoko Kanno, qui a beaucoup œuvré pour le genre mécha (Macross, Escaflowne, Gundam, Rahxephon...) mais aussi Cowboy bebop et Oban star racer...

Le second segment, de Genius Okamoto, la Bombe puante, commence avec Nobuo Tanaka qui retourne travailler au laboratoire alors qu'il est encore malade. Tout irait bien si ses collègues ne lui conseillaient pas de prendre un remède miraculeux qui vient d'être mis au point et en passe d'être commercialisé, et d'aller directement se servir dans le bureau du professeur en chef. Mais le laboratoire travaille aussi sur un projet top secret pour l'armée. Et donc, le jeune homme prend les mauvaises pilules rouges dans le mauvais flacon bleu. Il va dans la salle de pause et ne se réveille que le lendemain, effectivement guéri de son rhume. Mais découvrant que tous ses collègues sont morts, il appelle la police et les secours.
Sur un sujet comme la pandémie, Ōtomo nous livre une farce très sympathique, avec un humour léger et frais comme il a déjà su le faire avec Roujin-Z. La musique est notamment magnifique, les saxophones jazz-funk endiablés, et accompagnant Nabuo dans sa course désespérée.
On aurait pu croire (je l'ai longtemps cru sans vérifier) que si Ōtomo n'avait dirigé cet épisode, il s'était occupé du character design. Mais non, c'est le suivant qu'il a pris en charge.

Le troisième sketch est encore le plus courageux des trois. Une animation des personnages en traditionnel, au crayon, qui rappelle Fritz the cat ou même l'Impitoyable lune de miel, les dessins animés underground. Dans une dystopie en huis-clos, très marquée steampunk (ou dieselpunk pour les puristes), on va suivre parallèlement les journées d'un père chargeur de canon, et de son fils, endoctriné à l'école. Une dystopie très orwelienne, donc, où la propagande et le culte de la personnalité sont présents, et où tous les efforts de guerre (scolarité comprise) sont dirigés contre un ennemi inconnu dans une guerre perpétuelle.
Techniquement son principal intérêt est l'idée d'avoir des "plans uniques", en fait de longs "mouvements de caméra" qu'on appelle en cinéma live, travelling et zooms. Ce qui peut sembler facile à dessiner, en théorie, devient rapidement très complexe : les séries animées par exemple utilise plus souvent le balayage latéral appelé parallax, qui consiste souvent à montrer un personnage qui court sur fond de trames.
Le panoramique, qui consiste à faire tourner la caméra, est en fait courbe et plus complexe à dessiner.
Le segment est d'ailleurs produit par le studio 4°C², spécialiste du style superflat (super-plat).

Les trois segments sont écrits par Katsuhiro Ōtomo et Satoshi Kon, adaptés d'une bande-dessinée d'Ōtomo.

L'ensemble est de très bonne facture, une véritable pépite.


1. Thème qui sera repris dans le manga de Makoto Yukimura puis la série Planetes (2003).
2. Principalement connu en France pour Animatrix, Mind game, Amer béton, et maintenant Metafuckaz...

Cinéma, animation, anime, science fiction, anticipation, catastrophe, comédie, intelligence artificielle, post apocalypse, critique, analyse

Upgrade [Film] 2018

Action SF | Australie |

Ciné - Cyberpunk. Gore. Cybergore.

Grey est mécanicien à son compte, il déteste le tout-électronique et ne s'occupe que des voitures de collection. Il vit avec sa femme programmeuse dans une maison relativement luxueuse et intelligente (oui sa maison). Il lui propose (à sa femme) de l'accompagner chez le client à qui il doit ramener la voiture qu'il vient de terminer, afin qu'elle le ramène, mais aussi qu'il la lui présente. Le propriétaire de la voiture n'est autre que Eron Keen, le directeur de Cobolt, qui ne trouve rien de mieux que leur montrer sa dernière micro-puce expérimentale secrète. Sur le retour, la voiture intelligente s'emballe (comme quoi l'intelligence ça fait pas tout) et c'est l'accident. Ils s'en sortent vivants, mais trois pauvres les trouvent, tuent sa femme et le laissent pour mort.

Un petit film australien, le second de son réalisateur Leigh Whannell (et avant Invisible man, 2020), plutôt réussi et très bluffant à la première vision. A la deuxième l'évidence est probante : le scénario aurait mérité d'être encore travaillé, car des non-sens pointent le bout de leur nez et font boiter le tout (comment boiter avec un bout de nez, ça...) Malgré tout c'est donc une bonne surprise. Un film de vengeance efficace, sur fond de cyberpunk (ou plutôt de néo-cyberpunk) avec des cyborgs dedans. Et c'est encore assez rare pour être apprécié. De bonnes idées pour rafraîchir le genre, notamment du gore et du transhumanisme, mais aussi plein de petites idées pour nous projeter : des téléphones de la taille d'une oreillette (finis les jeux vidéo dans le métro), des voitures assistées 12G (on en avait vu dans Cloud Atlas) qui ressemblent à des hypercars en moins aérodynamiques, et un fossé entre les classes sociales qui fournit l'argument de départ.
En plus il y a de jolies couleurs : c'est ça que le cinéma a retenu du cyberpunk après Blade runner.
Des voitures qui volent (probablement de type "taxis à Dubaï"¹), le background est sympathique et le décor bien planté.

Bien sûr tout ça ne serait rien sans une réalisation efficace et inventive.


1. Vrai projet de type mini-hélicoptères

Cinéma, cyberpunk, anticipation, action SF, cyborg, intelligence artificielle, transhumanisme, critique, analyse

L'Œil du Mal [Film] 2008

Action anticipation | USA |

Ciné - Un film d'anticipation contemporain
Le film commence au Pakistan avec une opération de représailles anti-terroriste, mais l'intelligence artificielle qui assiste l'opération ne confirme l'identité des criminels, via reconnaissance faciale donc, qu'à 51%. De plus ils se sont rendus dans le village pour un enterrement. Un drone bombardier est quand même lancé, une vingtaine de terroristes et une quantité inconnue de civils sont tués.
Ailleurs, Jerry (Shia LaBeouf) assiste à l'enterrement de son frère jumeau. Plus tard, après avoir été livré chez lui en armes et technologies militaires de pointe, une femme l'appelle et lui annonce qu'il a été "activé", que le FBI va arriver et l'arrêter dans les trente secondes, ce qui ne manque pas de se produire. De son côté, Rachel (Michelle Monaghan) reçoit un appel de son fils, mais au bout du fil c'est une femme (la même !) qui lui dit qu'elle a été activée aussi et menace indirectement de faire du mal à son fils. Jerry, plus tard, est en garde à vue, la voix le rappelle et le fait évader grâce à une grue. La voix semble avoir le contrôle des grues, des métros et même des feux tricolores.

Et là on se dit, on pourrait faire des films sur n'importe quoi, avec un traitement grotesque, absurde, ça passe.
Mais le truc à savoir quand même, c'est que le scénario du film a été écrit en 1996, pour être tourné en 2008. L'effet anticipatoire est donc dissout dans un film d'action un peu lambda mais d'actualité : traçage et fichage des individus par des organismes de défense internationaux, avec l'Intelligence artificielle et reconnaissance faciale à disposition. Mais voilà, le propre des machines, c'est de beugger.

Un thriller d'espionnage mené tambour battant, sur un thème similaire à Déjà vu et Source code.

cinéma, science-fiction, anticipation, AI, thriller, critique, analyse, Shia Labeouf, Michelle Monaghan

Supernova [Film] 2000

Rescue movie | USA, Suisse |

Ciné - Un rescue movie qui ne tourne pas assez mal : Supernova
Comment dire, écrire une critique de Supernova c'est comme parler de l'oligocène et d'un medley d'Earth, wind and fire en même temps. Déjà parce que de l'eau a coulé sous les ponts en matière de SF, mais aussi parce qu'il tient du bricolage. Et puis parler de ses thèmes, ce serait un peu le spoiler. Cette analyse ne sera donc pas comme j'aurais aimé qu'elle soit. M'enfin !

J'avais trouvé ce film il y a déjà un petit moment, en parcourant la filmographie d'Angela Bassett que j'avais adoré dans Strange days, et ce fut une bonne surprise. Sauf que je ne n'avais pas vu ce que l'affiche promettait : "La terreur a une nouvelle dimension". Et heureusement.
Six personnages embarqués dans un "vaisseau de sauvetage d'urgences médicales" (wtf?) avec une Intelligence Artificielle un peu dérangée en guise d'ordinateur de vol.
Donc l'histoire commence au milieu de nulle part, au XXII° siècle, avec Benjamin, l'informaticien, et son I.A. reprogrammée qui veut jouer aux échecs en plein cycle de nuit, un couple qui tue l'ennui en faisant l'amur (au point d'oublier de bosser), un commandant qui fait une thèse d'anthropologie sur les dessins animés du XX° siècle¹, un militaire en cure de désintox au Hazen, une doctoresse docteure. Et un robot qui ne sait pas mettre un pied devant l'autre correctement.
Le vaisseau reçoit un signal de détresse provenant de Titan 37, une planète minière abandonnée bien au-delà des postes les plus avancés. La planète a quitté son orbite pour une raison inconnue, c'est pourquoi elle dérive dans l'espace non-cartographié. A 3432 années-lumières de là, le message a été envoyé il y a cinq jours, et il est signé Carl James Larsen, c'est l'ex de la docteure qui était accro au Hazen.
On a ici un premier flash-forward².
Donc nous sommes dans un univers où les messages "radio" parcourt 3432 a-l en cinq jours, et où les vaisseaux voyagent à la vitesse de la lumière et parcourent ces mêmes 3432 en quelques minutes, alors que parallèlement la technologie de la robotique semble avoir été complètement délaissée... Ça sent franchement la fumisterie mais admettons. Mettons ça sur le dos de la traduction pour l'instant³. D'autant plus que l'I.A. parle d'un saut dimensionnel plus tard, et même d'une accélération plasmatique, OK ? Chose faite (le saut est d'ailleurs très réussi), ils se retrouvent parmi les débris d'une planète explosée, avec un commandant en forme de galette bretonne alien vivante⁴. Rapidement un astéroïde détruit le réservoir principal⁵ et la panade commence.

Expliquer le naufrage du film ? En plus d'une fabrication s'étendant sur plusieurs années, des refilmages suite à plusieurs changements de réalisateurs et même d'intentions, des dépassements de budget incessants puis stoppés, on pourra constater que la rigueur scientifique n'y était pas. Et pour certains commentateurs, les comédiens non plus n'avaient pas l'air d'y être.
Pour moi le ton est assez juste, on a quand même affaire à des "tronches" en self-control... vous trouvez Thomas Pesquet expressif vous ? Des gens équilibrés, stables, à l'humeur égale⁶. Imaginez-vous dans l'espace, vous seriez comment ? Paniqué ? Euphorique ? Hystérique ? Normal ? James Spader à contre-emploi n'est pas mal non plus, d'autant plus que sa lassitude est expliquée par sa désintox au hazen. Le personnage joué par Emilo "la Bamba" Estevez, lui, n'a aucune épaisseur.

Cependant, le film a été plutôt mal vendu comme le nouveau film horrifique dans l'espace, ce qu'il n'est pas du tout. Et donc, quel est le genre du film ?
Rencontre du deuxième type et demi, vie et survie dans l'espace, mutation... de nombreux thèmes parcourent le film. Et de nombreux genres transparaissent : space opéra, survival sans suspense, huis-clos... Mais est-ce que 2001 avait un genre défini ?  Interstellar ? Prityazhenie ? Si le genre est parfois un ensemble de code pour raconter une histoire, il est avant tout une convention et un contrat tacite avec le spectateur.

Alors pas de suspense, pas de frisson, mais une bonne idée d'histoire avec de bonnes idées dedans.


1. Et pourquoi pas les films SF des fifties tant qu'on y est ?
2. Flash du futur.
3. Quasiment pareil en v.o.
4. Une recette de galette piquée à The Thing.
5. Quoi ils sont pas équipés contre ce genre de pépin au XXII° siècle ?
6. Le même reproche avait déjà été fait à 2001, l'Odyssée de l'espace.

Cinéma, science-fiction, colonisation spatiale, IA, critique, analyse, Walter Hill, James Spader, Angela Bassett

Terminator [Film] 1984

Action SF | USA |

Ciné - Une guerre à travers le temps : Terminator
2029. Une guerre oppose les humains aux machines intelligentes. La résistance, sur le point de gagner, est menée par John Connor, les machines décident d'envoyer un Terminator en 1984 afin qu'il tue sa mère (c'est pourtant simple). John, de son côté, y envoie un résistant pour la défendre.

Terminator est le second film de James Cameron, après le court Xenogenesis et Piranha 2, et quelques jobs sur d'autres films¹. Autre fait à souligner, Terminator commence dans un magasin de vêtements et finit dans une usine. C'est assez accessoire, OK.

Dès le début c'est le féerique logo d'Orion qui donne le ton. Puis les maquettes, et tous ces effets mécaniques qui nous rappellent pourquoi les années 80 ont produit autant de films cultes².
Évidemment le film a vieilli, mais c'est ce qui fait le charme de ces productions. On peut toujours regretter une tête animatronique et réfléchir à comment obtenir un meilleur effet, mais qu'importe : la créativité est là. C'était d'ailleurs l'atout essentiel d'une histoire en laquelle personne ne croyait³.
Terminator fait partie du renouveau opéré par Kubrick : après le Nouvel Hollywood et sa vague de films d'auteurs brillants mais pessimistes, les nouveaux cinéastes avaient l'avenir du cinéma devant eux et étaient inspirés par le futur.
Les effets spéciaux en latex et animatronique, en plus de la pyrotechnique, étaient en plein boom aussi : tout devenait possible, au cinéma du moins.

 

Point de vue scénario, Terminator n'est pas seulement un film d'action : le scénario tient beaucoup du thriller. Ambiguïté de Kyle Reese, éléments d'intrigues dévoilés au compte-goutte... bien sûr c'était la seule façon de présenter cette histoire de façon réaliste, avec une immersion progressive.
Il y a aussi la "proposition" scientifique : comment un homme du futur peut-il enfanter une femme du passé après avoir été le meilleur copain de son fils ? Ou un truc du genre ? Manquerait plus qu'un fils soit aussi père de son père ! Beurk ! Et bien si Cameron décidait de passer outre ce paradoxe, c'était l'ironie du sort qu'il visait : en tentant d'"annuler" John Connor de manière rétroactive, les machines l'engendrent. Mais donc comment le futur avec John Connor a-t'il pu exister avant que les machines n'envoient le Terminator dans le passé, à moins d'être autonome ? En fait le temps, dans Terminator, est conçu avec une seule continuité, "à plat"⁴ : avant que les machines n'envoient le Terminator, lui et Ryse étaient déjà allés dans le passé. En mettant en scène un paradoxe (bé oui c'est pas un paradoxe pour rien), celui du grand-père⁵, Cameron invite l'ironie du sort et invente la blague cinématographique.
Et c'est justement cette blague qui deviendra la signature de la série (avec d'autres gimmicks plus anecdotiques), ce qui provoquera un joyeux bazar dans le troisième épisode puis le 5.
Le système changera avec Genisys puis Dark Fates. Mais déjà dans Terminator 2, la narration hésitait en soutenant que John a treize ans alors qu'il est censé en avoir 10 (le T-1000 avait d'ailleurs cette même info).

Bref, un film culte roublard mais aussi un classique.


1. Les Mercenaires de l'espace (1980, directeur artistique) ; New York 1997 (1981, effets spéciaux) ; la Galaxie de la terreur (1981, chef décorateur).
2. Il ne s'agit pas de films cultes à proprement parler mais des 80's qui sont cultes, grâce à des films relativement géniaux, en tout cas inventifs.
3. En tout cas pas Schwarzenegger ni Biehn.
4. Il n'y a que trois grandes façons de concevoir le temps dans un "voyage dans le temps" : soit on crée une réalité parallèle à chaque "modification" temporelle, soit on annule la précédente, soit tout est déjà écrit.
5.Un voyageur temporel se projette dans le passé et tue son grand-père avant même que ce dernier ait eu des enfants. De ce fait, il n'a donc jamais pu venir au monde. Mais, dans ce cas, comment a-t-il pu effectuer son voyage et tuer son grand-père ?

Cinéma, action, thriller, science-fiction, Androïdes, IA, critique, analyse, pont d'Einstein-Rosen, James Cameron, Arnold Shwarzenegger, Linda Hamilton

Summer wars [Animation] 2009

Anticipation | Japon |

Animation - Le virtuel est menacé : Summer wars

En guise d'introduction, une  vidéo publicitaire nous présente le monde virtuel d'Oz, dans lequel naviguent des centaines de millions d'internautes. Toutes les entreprises du monde y ont des succursales, on y trouve donc une centrale d'achats et on peut même y effectuer ses formalités administratives... L'histoire se passe en 2010, le film n'appartient pas au genre SF proprement dit mais à l'anticipation.
Le film est réalisé par Mamoru Hosoda (la Traversée du temps, les Enfants loups, le Garçon et la bête...).

A la fin de l'année scolaire, Satsuki invite Kenji (programmeur chez Oz) dans sa famille pour quelques jours durant les vacances d'été. Il découvrira rapidement que la famille se trouve être un ancien clan féodal militaire réputé. Il devra se faire passer pour son petit ami afin d'être présenté à la grand-mère de Satsuki, la doyenne du clan, qui fête ses quatre-vingt dix ans. Alors que Kenji se demande pourquoi il est venu, il reçoit une suite de 2056 chiffres par sms et prend ça pour un problème d'arithmétique qu'il doit résoudre. Mais le lendemain, à cause de lui, Oz est piraté. Toute la vie sociale du Japon étant basée sur le réseau, Kenji va devoir récupérer son compte et surtout rattraper son erreur alors que les préparatifs pour l'anniversaire de la grand-mère continuent.

Summer wars est un film très étrange. Si les enjeux de départ, avec son réseau social mondial, ne sera pas forcément fédérateur¹, la suite qui se déroule en mood "comédie familiale" ou film campagnard à la Jean Renoir, encore moins. Et surtout, les deux sont-ils bien compatibles ? Propices à concilier les publics ? Pourtant c'est son sujet : la modernité face à la tradition. Et c'est en même temps que nous sont livré.e.s une histoire profondément visionnaire et un grand film de cinéma.
Encore une fois, c'est l'humain face à la machine (cf : Roujin Z). Et tout va dans ce sens : pas de sacrifice mais du don de soi, les individualistes reprennent goût à l'effort et à l'esprit d'équipe...
"C'est en protégeant les autres qu'on se protège soi-même" dit un personnage du film, qui en cite un autre.

Ce qui pourrait se matérialiser, dans un autre film, par deux niveaux de lecture, c'est ici deux intrigues imbriquées sur fond d'espionnage : une histoire de famille et une bataille de titans² prennent place.
Une démonstration très puissante.

1. Qui ça intéresse à part les japonais ? Social network a fait un succès maigrichon... Contre-exemple : Ready player One, bien sûr.
2. Deux entités supportées par la masse.

Anticipation, science-fiction, animation, espionnage, IA, critique, analyse, Société, Mamoru Hosoda

Roujin Z [Animation] 1991

Comédie SF | Japon |

Roujin-Z est un film d'animation japonais réalisé par Hiroyuki Kitakubo

Animation - Un anime SF du genre mécha mature
...et scénarisé par Katsuhiro Otomo, le réalisateur du mythique Akira. Akira est plus qu'une pointure : une révolution dans l'industrie de l'animation japonaise et internationale¹. On ne peut pas en dire autant de Roujin-Z, d'une facture visuelle plus classique, du genre que le public néophyte aura peut-être du mal à visionner. Si à la première vision on reconnaît facilement les points communs avec Akira (avant tout esthétiques), à la deuxième on peut se demander si on est bien chez Otomo. Parce que non. Si l'histoire et le design des méchas sont bien signés Otomo, le character design est de Hisashi Eguchi. Et ça fait toute la différence. Donc non les fans d'Otomo ne s'y sont pas tous retrouvés, mais oui, on reconnaît la patte et l'audace de l'auteur. Cette histoire est de plus, tout-à-fait essentielle du point de vue SF.

Plus que le "vieillissement de la population", proposé par l'éditeur et qui est effectivement l'argument de l'histoire, le thème du film est plus simplement la vieillesse et la dépendance, et donc il est question du traitement des personnes âgées au Japon, et par extension dans nos sociétés industrielles. Sur le ton de l'humour, OK, mais on ne se demandera pas pourquoi le film n'a pas obtenu plus de budget pour sa réalisation ou pour sa communication.
Il semble que les responsables en ait eu bien conscience, d'ailleurs, puisque même dans le film, lors de la conférence de presse présentant le Z-001 le lit révolutionnaire pour l'accompagnement des personnes en fin de vie... les premières rangées de fauteuil dans la salle sont vides, preuve du désintéressement du sujet.

Mais rembobinons un peu.

Le film commence avec M. Takazawa, un vieillard alité qui s'est soulagé sur lui et qui appelle son infirmière à l'aide. Puis ont lieu la conférence susdite et l'adoption du projet. Chez le vieillard, son infirmière Haruko lave son linge, arrive alors l'ambulance du ministère de la santé. M. Takazawa sera le premier à tester ce fabuleux prototype de lit à intelligence artificielle. Mais très rapidement tout va dégénérer, au propre comme au figuré². Peu de temps après l'internement du monsieur, Haruko reçoit des appels à l'aide sur son ordinateur de l'hôpital, puis le message apparaît sur tous les ordinateurs qui semblent être comme piratés³.
Elle convainc ses amis de l'accompagner à l'institut. Mais la visite clandestine tourne à l’invraisemblable : M. Takazawa veut s'en aller et semble contrôler la machine (le lit). Ils réussissent à s'enfuir, mais le ministère les retrouve facilement et le ramène. Cependant, Haruko s'inquiète pour son ancien patient, et demande à un autre patient de son service, à l'hôpital, de l'aider à le contacter. Le patient en question est un ancien programmeur qui pirate des trucs entre deux parties de Gran Turismo. Bé oui on est dans le futur, bro'. Bref, ils iront jusqu'à imiter la voix de sa défunte femme pour le sortir de léthargie. Mais en même temps que le vieil homme, c'est un monstre qui se réveillera et brisera ses chaînes...

 

C'est sous l'angle de la satire et du mécha qu'Otomo et Kitakubo abordent le sujet et nous livrent cette œuvre mature. Elle porte malheureusement les stigmates des animés en France, avec sa barrière culturelle (mais virtuelle) : des personnages sympathiques mais pas vraiment caractérisés, une musique anodine (et même très très expérimentale pour le coup), une histoire courte et rondement menée (1h20)... un petit budget tout simplement MAIS c'est là aussi qu'on trouve des créations belles et originales. Avec cette approche de la symbiose de l'organique à la technologie, les auteurs nous parlent bien de l'humanité, derrière une société parfois mécanique et déshumanisante. Un sujet qui aurait pu être celui d'une comédie dramatique ou d'un drame en salle d'arts et d'essais... A noter aussi, une trame narrative originale, avec cette machine qui fait plusieurs évasions, comme un appel lancinant visant à rétablir la communication.

1. Le film est adapté de sa propre B.D. qui était déjà best-seller... Otomo commencera l'animation avec un chef d’œuvre, et ne connaîtra plus de succès comparable. Mais au Japon son nom lui permet de porter des projets de type omnibus.
2. Ce qui semble être la marque de fabrique d'Otomo. On pense tant à Akira qu'à son sketch dans Memories, ou encore à Dōmu.
3. Wake up Neo... the Matrix has you...

Mécha, science-fiction, animation, IA, comédie, société, Katsuhiro Ōtomo

Aiôn [BD] 2019

Thriller SF | France |

BD - Un thriller spatial : Aiôn, de Ludovic Rio
Chapitre 1
Le capitaine Néel, à bord de l'Argo, sort d'hyper-sommeil. L'androïde de bord, Loop, l'accueille. Ils sont à mi-chemin de la Terre, dans le système Alpha Centaury. La procédure de réveil a été enclenchée car le vaisseau a reçu un signal de détresse. La source provient d'une colonie scientifique qui étudie les particularités de l'espace-temps¹.
Mais une fois arrivée, elle ne trouve que l'androïde Maxine, et le cadavre du docteur Elliot Lorentz, dernier résident de la station, mort il y a huit mois. Près de lui, un carnet crypté relatant ses expériences. Tout-à-coup la pièce est condamnée et un générateur se déclenche, altérant bientôt toute forme de vie...


Si son graphisme est très réussi (les couleurs notamment), son scénario n'est pas en reste, car bien que l'histoire n'explore effectivement pas un enjeu social capital, il sait entretenir le mystère, évoquer, réserver ses surprises... sur sa trame de thriller, le ton aussi sait se faire remarquer : contemplatif, tout en douceur, presque d'art et d'essai. Le volume (128 pages) se termine avec une fin ouverte, laissant supposer une suite. Un peu surprenant car ce type de roman graphique ne semblait déjà pas spécialement adapté à la SF (peu de spectaculaire, rythme assez lent et pas spécialement d'humour...). Si l'exercice a déjà été essayé au cinéma, il l'est assez peu en bédé.

Courageux. Du bel ouvrage.

AIÔN. Scénario & dessin : Ludovic Rio ; Couleurs : Christian Lerolle. Publié chez Dargaud.
 

1. Aiôn est par ailleurs un terme tiré du grec utilisé pour définir la destinée, l'ère, l'éternité, ou selon le spécialiste Marcel Detienne : la "force de vie".

Thriller, science-fiction, bande-dessinée, IA, Androïdes, critique, analyse, Dargaud

Financez nos futurs projets sur Tipeee !