Espionnage SF | USA, Royaume-Uni | | ![]() |
"-Je démissionne.
-Vous êtes morts, vous ne travaillez plus pour nous. Votre devoir transcende l'intérêt national, c'est une question de survie. [...] Il s'agit de cloisonner le savoir. Je n'ai à vous donner que ce geste, associé au mot "précepte" ou "tenet". A manier avec soin. Il ouvrira les bonnes portes, et parfois aussi les mauvaises."
Tenet ? Un film d'espionnage nextgen à la sauce terroriste. Ou une bonne comédie d'espionnage, selon... Quand Nolan emprunte des idées à Jean Cocteau, et Doctor Who à la fois¹. Mais Nolan n'en a pas parlé.
Nolan, ou le mec qui passe la moitié de son temps à faire des grosses prods expérimentales. Le Prestige est bien loin (son film en tout cas, parce que le prestige lui, colle un peu à sa pelloche).
Nolan, un des rares réalisateurs modernes (ou futuristes selon le point de vue).
Nolan, ou comment se faire un AVC en essayant de suivre deux trames temporelles en même temps. Tournicoti, tournicota ! C'est le Manège enchanté.
Pourquoi ? Parce qu'il part presque d'une idée de cinéma (rembobiner) et la plante dans un réalisme de guerre et d'espionnage (une Guerre Froide). D'autant plus que Tenet tourne bizarrement autour de l'art : d'abord dans un opéra, puis autour de DEUX copies d'un Goya. C'est donc le double de Tenet qu'il faut regarder... Une expérience de cinéma alors, mais pourquoi faire ? N'est-ce pas là, pur argument de fiction ?
Pur argument de fiction ? Ou est-ce que le moment serait venu d'inverser le temps ? De rembobiner ? D'inverser les conceptions des choses ? En voilà une inception ! Le cinéma étant déjà le miroir déformant de notre société...
Tenet tient une partie de son inspiration du carré Sator, un carré magique lisible dans tous les sens et composé de cinq mots : Sator arepo tenet opera rotas soit "le semeur à la charrue maintient par son travail la rotation." Bien que j'aie pas fait latin.
Deuxième "devise" du film : "Notre monde est clair-obscur et sans ami au crépuscule".
Les deux attentats terroristes du film se trouvent être des leurres pour camoufler des opérations d'espionnage, ce qui à l'instar de 2001, en fait un film sur le secret.
Du point de vue réaliste, un certain nombre de questions pratiques restent en suspens. Mais le contenu "Dickien" ou "moderne" est là et c'est bien suffisant. Les questions portant sur la temporalité du film n'existent de toutes façons, pas. Les questions internes étant acceptées comme telles.
Pour la première fois de ma vie, j'ai peur d'un film, de me fissurer les neurones. Je crains que ce film soit pur vortex.
"N'essayez pas de comprendre. Ressentez" nous est-il dit au début du film.
Par ailleurs, le casting international est très chouette, et Kenneth Brannagh presque méconnaissable ("c'est lui ?""c'est pas lui ?").
Le vrai problème désormais, est de regarder Tenet à l'envers sans bousiller son lecteur ?
Assurément un film d'espionnage très métaphysique alors accrochez-vous !