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Tenet [Film] 2020

Espionnage SF | USA, Royaume-Uni |

Une prise d'otages est en cours dans un opéra en Ukraine. Un agent infiltré, nommé Protagoniste, se trouve parmi les brigades anti-terroristes dépêchées pour déjouer la prise d'otages, qui se trouve être un leurre pour faire assassiner un diplomate et subtiliser un colis. Alors qu'il récupère toutes les bombes posées par les terroristes, le protagoniste est sauvé par une balle inversée mais il est capturé. Alors qu'il est interrogé, il avale une capsule de cyanure. Mais en fait, c'était pas vraiment du cyanure, et l'assassinat du diplomate était un leurre aussi.
"-Je démissionne.
-Vous êtes morts, vous ne travaillez plus pour nous. Votre devoir transcende l'intérêt national, c'est une question de survie. [...] Il s'agit de cloisonner le savoir. Je n'ai à vous donner que ce geste, associé au mot "précepte" ou "tenet". A manier avec soin. Il ouvrira les bonnes portes, et parfois aussi les mauvaises."

Tenet ? Un film d'espionnage nextgen à la sauce terroriste. Ou une bonne comédie d'espionnage, selon... Quand Nolan emprunte des idées à Jean Cocteau, et Doctor Who à la fois¹. Mais Nolan n'en a pas parlé.
Nolan, ou le mec qui passe la moitié de son temps à faire des grosses prods expérimentales. Le Prestige est bien loin (son film en tout cas, parce que le prestige lui, colle un peu à sa pelloche).
Nolan, un des rares réalisateurs modernes (ou futuristes selon le point de vue).
Nolan, ou comment se faire un AVC en essayant de suivre deux trames temporelles en même temps. Tournicoti, tournicota ! C'est le Manège enchanté.
Pourquoi ? Parce qu'il part presque d'une idée de cinéma (rembobiner) et la plante dans un réalisme de guerre et d'espionnage (une Guerre Froide). D'autant plus que Tenet tourne bizarrement autour de l'art : d'abord dans un opéra, puis autour de DEUX copies d'un Goya. C'est donc le double de Tenet qu'il faut regarder... Une expérience de cinéma alors, mais pourquoi faire ? N'est-ce pas là, pur argument de fiction ?
Pur argument de fiction ? Ou est-ce que le moment serait venu d'inverser le temps ? De rembobiner ? D'inverser les conceptions des choses ? En voilà une inception ! Le cinéma étant déjà le miroir déformant de notre société...

Tenet tient une partie de son inspiration du carré Sator, un carré magique lisible dans tous les sens et composé de cinq mots : Sator arepo tenet opera rotas soit "le semeur à la charrue maintient par son travail la rotation." Bien que j'aie pas fait latin.
Deuxième "devise" du film : "Notre monde est clair-obscur et sans ami au crépuscule".
Les deux attentats terroristes du film se trouvent être des leurres pour camoufler des opérations d'espionnage, ce qui à l'instar de 2001, en fait un film sur le secret.
Du point de vue réaliste, un certain nombre de questions pratiques restent en suspens. Mais le contenu "Dickien" ou "moderne" est là et c'est bien suffisant. Les questions portant sur la temporalité du film n'existent de toutes façons, pas. Les questions internes étant acceptées comme telles.
Pour la première fois de ma vie, j'ai peur d'un film, de me fissurer les neurones. Je crains que ce film soit pur vortex.
"N'essayez pas de comprendre. Ressentez" nous est-il dit au début du film.
Par ailleurs, le casting international est très chouette, et Kenneth Brannagh presque méconnaissable ("c'est lui ?""c'est pas lui ?").
Le vrai problème désormais, est de regarder Tenet à l'envers sans bousiller son lecteur ?

Assurément un film d'espionnage très métaphysique alors accrochez-vous !


1. Orphée, de Jean Cocteau, un des rares films tourné à l'envers. Docteur Who : voir River Song de la saison 4 (épisodes La Bibliothèque des ombres) à la saison 7.

Cinéma, science fiction, action, anticipation, espionnage, espace-temps, policier SF, thriller, technologie secrete, critique, analyse

Shangri-La [BD] 2016

Espionnage SF | France |

BD - La Fin des illusions

Shangri-La c'est l'éternelle, désormais, histoire des corporations, de la Résistance à long terme, de l'Autoritarisme passif, des castes, et des communautés boucs-émissaires, du racisme, à leur paroxysme. C'est l'Etat transformé en entreprise. C'est le cyberpunk¹ à l'extrême.
Une société recréée dans une station orbitale après que la Terre soit devenue inhabitable². Un microcosme du futur criant de modernité... des émeutes calmées à coups de soldes, à coups de smartphones nextgen... Des technologies secrètes, des usines secrètes, des complots secrets.
Le secret est sécrété par tous les pores.
Éminemment récalcitrant, comme un pavé venu du passé, qui prend un malin plaisir à passer les utopies de la SF à la moulinette. Et donc, éminemment cyberpunk.

Je passerai sur le style graphique, qui apparemment désarçonne certains lecteurs.

Un scénario parfait, un storyboard parfait, des dessins parfaits. "Une sorte de fresque cinématographique de 4h"³ et de 220 pages.
Comment croire que Shangri-La est le monument d'un seul homme ?
Qui est M. Bablet ?⁴
Les dessinateurs de demain seront-ils tous des bêtes de course dans son genre ?
Ou pourrait-on changer la tradition et créditer intégralement les co-auteurs ?

Je crois que tout est dit : scénario déjà vu pour les amateurs, thèmes maintes fois traités, mais une œuvre somme justement, magnifiquement réalisée. On pourra regretter une fin trop objective.
Sélection officielle à Angoulême 2017.


1. Ou post-cyberpunk : l'histoire se déroule en orbite de la Terre. Alors que le cyberpunk à comme règle d'or de toujours se dérouler sur Terre, la colonisation spatiale se révélant impossible et conduisant à une surpopulation.
2. Freedom, Interstellar, Albator 84...
3. Expression empruntée sur le site https://www.bedetheque.com/
4. Plus d'informations sur son blog http://cinquiemedimension.blogspot.com/

Bande dessinée, cyberpunk, anticipation, post apocalypse, espace-temps, colonisation spatiale, mutation, Bablet, Ankama, label 618, critique, analyse

Infinity 8 épisodes 4 et 5 [BD] 2017

Policier SF | France |

BD - BD guerilla et industrie lourde

4. Guérilla symbolique.
Ce ne sera pas mon épisode préféré. De bons personnages pourtant, de bonnes idées, une histoire qui aurait pu être vraiment top, mais je ne sais pas, peut-être que les idées ne sont pas assez poussées. Peut-être vient-ce du storyboard (ou scénarimage), ou peut-être est-ce la préparation du climax, mal amené.
L'épisode introduit pourtant des personnages sympathiques. Je crois que l'introduction pêche un peu, et comme on le sait, "un commencement est un moment d'une extrême délicatesse" (Dune, 1984).
C'est là aussi qu'on se rend compte que les héroïnes de la série sont très individualistes¹ : elles évoluent seules, et fonctionnent de façon autonome. Et c'est poussé à son paroxysme cette fois, puisque la miss est en mission d'infiltration, depuis trois ans... On a le droit à des flash-back pour la première fois dans la série, on sort du coup de la règle des unités 1 temps /1 lieu /1 action qui fonctionnait (très bien) jusque là. Avec au passage, une "critique" des sectes et mouvements para-religieux. Une critique des réseaux sociaux aussi, à moins qu'il s'agisse du running gag débuté à l'épisode 1 qui s'essouffle un peu.
Peut-être que c'est aussi le fait d'évoquer le psychédélisme sans trop y toucher ? Peut-être la forme est-elle trop plate ? Peut-être que le récit manque de respirations (temps morts /accélérations). Le dessin est quant à lui plutôt bon, sans pour autant être épique.
Mais le fait est que si l'épisode n'est pas excellent, il est quand même vachement bon. C'est peut-être mathématique : on ne peut pas côtoyer l'excellence tout le temps.
La bédé a aussi la bonne idée de s'inspirer du méconnu cinéma guerilla².
Le fait est aussi qu'on a l'impression que Vatine a joué un rôle plus important que directeur de collection, sur cette série. L'inconvénient de ne pas être crédité... L'inconvénient aussi, pour l'artisan BD, de ne pas comprendre comment le tout a été fabriqué. Malgré la place significative des pages bonus qui nous racontent un peu la conception de l'album.

BD - Apocalypse et bras cassés
5. Le Jour de l'Apocalypse.
Il y a du rififi sur l'YSS Infinity. Magnifique entrée en matière... première page : des aliens rigolos, une contre-plongée sur la ville du vaisseau, et des couleurs à la pointe de l'évolution. Et encore une fois, un personnage fort et autonome. Une mère célibataire à l'humour un peu aigri qui rencontrera une équipe un peu bancale (la communication inter-espèces n'est pas facile) mais efficace. Résultat moins froid que pour les épisodes précédents, donc. On peut aussi noter un nombre d'interactions plus important avec les personnages et intrigues des autres albums. 

Des belles couleurs, et un volume réussi, de beaux cadrages qui nous valent de très belles images.
En bonus on apprendra qu'il fut le premier scénario terminé, ce qui nous en explique un peu plus sur la conception de la série.


1. Ça va changer dans le 5.
2. A ne pas confondre avec le théâtre guerilla, résolument à l'opposé. Le cinéma guerilla est célébré dans Cecil B. Demented (de John Waters, 2001)

Bande, dessinée, space, opera, comédie, policier, espionnage, espace-temps, androïde, colonisation spatiale, Trondheim, Rue de Sèvres, critique, analyse

La Tour sombre et les adaptations [Film] 2017

Fantasy, anticipation | USA |

Ciné - Stephen King  et l'Histoire sans fin

Comment expliquer ? Les façons les plus sûres d'être déçu par un film et en l'occurrence une adaptation, c'est soit qu'il soit mal vendu (cf : Supernova), soit finalement, d'avoir déjà lu le livre (ou la BD). Et il a plusieurs fois été prouvé qu'une bonne adaptation est une mauvaise adaptation (et non pas l'inverse), paradoxe inaltérable.

Énumérons :
-Stephen King déçu par l'adaptation de Shining par Kubrick ;
-Dune renié par son réalisateur et par les fans du livre (OK la fin est torchée) ;
-Watchmen trucidé par Alan Moore (alors que franchement, c'est quasiment kif-kif¹) ;
-Blade runner ? Un développement basé sur une nouvelle ;
-Orange mécanique ? Il ne manque que deux passages du livres, mais le propos est transformé ;
-La Planète des singes ? Pas moins de TROIS variations différentes (et intéressantes) autour d'un livre d'à peine deux cents pages...
Donc, il faudrait lire les livre APRÈS.
Ou considérer qu'il s'agit d'une œuvre différente, malgré un certain nombre de traits communs.

La narration cinématographique, dans son format long du moins, est un des médiums les moins libres et des plus exigeants. La forme de narration qui s'est imposée, avec le temps, est le "réalisme", émotionnel, souvent spectaculaire, mais toujours NARRATIF, avec une exposition, un déroulement, une conclusion. On pourra citer des contre-exemples, mais c'est la règle générale.
Le livre, lui, a moins de contrainte : il passe par une narration à la première personne ou la troisième, raconte à rebours, ne raconte rien, philosophe, et fait des parenthèses (de cent pages, parfois). Surtout, il a une liberté de ton. L'analyse demanderait à être développée, une autre fois, mais pour l'instant et plus précisément : un livre n'a pas de contour.
Tandis que le cinéma, en tant que prestidigitateur, donne à montrer ce qu'il veut, le livre donne à penser, sans pour autant avoir à contrôler le regard du lecteur ou sa pensée. Parce qu'il n'y a pas de temporalité, le lecteur est moins téléguidé.
Comme si le film était monologue, et le livre dialogue. Bien sûr, ce n'est pas tout à fait vrai mais je crois qu'il y a une différence de ce type.

La Tour sombre, c'est en quelque sorte le Garage hermétique² de Stephen King. Une œuvre définie par son auteur comme créée en auto-écriture, quasiment, sans objectif prédéfini en tout cas, un cas à part dans sa bibliographie. Une sorte d'oulipo³ à fort ratio mystique, avec des archétypes inspirés du tarot. Du King d'inspiration Jodorowskyenne pour résumer. C'est sûr que les lecteurs ont dû avoir la gorge serrée à la vision du film.
Parce que, que reste-t'il du Grand Œuvre au final ?
Une quête initiatique, portée par un jeune héros en quête de sens. Un ado perturbé par des songes récurrents depuis la mort de son père, des songes interconnectés qui donnent un sens à la réalité et qui remplissent le vide affectif. Seulement, s'agit-il vraiment de rêves ?
Dans cet univers cosmogonique⁴, la Tour est le pilier du monde, et l'Homme en noir règne en maître avec sa horde de démons à masques humains⁵, et grâce au shining de certains enfants, tente de détruire le pilier. Aussi la lignée des pistoleros sont là pour défendre l'équilibre du monde.
Mais le beau-père du jeune homme, lassé par ces divagations, contacte un institut qui voudrait bien le prendre en charge. Mais lorsqu'ils viennent le chercher, ils les reconnaît assez vite comme étant des démons. Parce qu'on voit bien les bords des masques quand on sait où regarder...

Même en le tournicotant dans tous les sens, la Tour sombre n'est pas un film de science-fiction. C'est un film fantastique, comme presque toutes les histoires du King, mais il intègre des éléments de SF qui en transforment le sens.
Il s'inscrit dans deux mondes, et donc à la théorie des deux mondes, à l'instar de Matrix. Mais par sa forme il s'intègre dans la lignée de l'Histoire sans fin ou Stardust le Mystère de l'étoile dans un registre un peu plus badass. Une intrigue résolue assez vite en regard des huit tomes originaux.

Un film bien emballé mais qui manque d'originalité. Une histoire qui fait la part belle à l'imagination, aux enfants mal dans leur peau et aux archétypes de Carl G. Jung⁶.


1. C'est essentiellement un changement de ton et c'est tout le problème.
2.
Le Garage hermétique, une bande-dessinée de science-fiction de Moebius.
3.
Oulipo : OUvroir de LIttérature POtentielle, groupe de littérature innovante représenté entre autres par Raymond Queneau et Georges Perec.
4.
L'univers est redessiné, tel le monde mythologique nordique avec son arbre-monde. Remember L'Histoire sans fin.

5. Un thème cher à Clive Barker.

6. Psychiatre célèbre ayant formulé la théorie des archétypes, semblables aux figures du tarot.

Cinéma, espace-temps, mondes parallèles, anticipation, post-apocalypse, fantasy, critique, analyse, Stephen King, Nikolaj Arcel, Idris Elba

Infinity 8 1,2, et 3 [BD] 2016-2017

Policier SF | France |

BD - Infinity 8 : Mystères et boucles temporelles
Après un premier tome, à l'esthétique horreur mais sympathique, qui met en place une trame difficile en formes de boucles temporelles, c'est une sacrée surprise qu'offre Infinity 8. Effectivement, le premier épisode évolue en terrain connu en terme de dialogues et d'humour, et force le trait avec sa Yoko Kev à la quête de géniteur bien appuyée, mais ! tout ça dans un environnement macabre dont on n'a pas bien l'habitude.
En gros, on y va doucement sur le scénario tout en proposant des trucs nouveaux tout en n'étant pas vraiment nouveau : une mise en page en gaufrier par exemple. Ce premier épisode est référencé comics et particulièrement EC comics¹, Weird science... ces bédés US des 50's, sci-fi heroes & cie.

Mais c'est une fois le premier "reboot" digéré, qu'on intègre le concept et qu'on peut pleinement profiter de la boucle temporelle.
Avec le deuxième épisode, on croit tout d'abord être dans une énième histoire de nazis (merci les Aventuriers de l'Arche perdue) mais surprise, c'en sera pas vraiment une. Surprise, sauf pour qui connaît la finesse et la modernité de l'écriture de Trondheim, depuis que son écriture est devenue exponentielle chez Dargaud et Poisson pilote...
Certains tiqueront peut-être sur la colo très "ordi" (mais enfin qui ça continue à gêner, à part mon pote Gérald ?), mais elle réserve de bonnes surprises, qui plus est le style de Vatine, sur ce second tome, se prête parfaitement au comics. Oui, j'associe comics et colo numérique².

Sur le troisième épisode, c'est carrément olé-olé. Trondheim et Vehlmann aborde une thématique que j'ai moi-même essayée (mais non publiée) : la religion (du futur !). Et oui, c'est un problème philosophique et sociologique d'importance, puisqu'il constitue le grave dilemme que nous connaissons. Car malgré l'avancée de la science, l'athéisme reste encore une religion en soi (notez comment nous inversons malicieusement le problème). Et prenons en compte la montée des orthodoxies, mais aussi le véganisme et l'intrusion des morales religieuses associées... bref, la SF doit-elle nécessairement taire ce sujet qui nous divise si facilement ? Réponse : bien au contraire, puisque la SF est censée faire réfléchir par anticipation.
Sur le plan visuel, ce 3e tome est une belle performance d'Olivier Balez (qui mérite bien son nom, donc), avec des couleurs numériques évoquant paradoxalement bien les bédés psychédéliques des seventies.

J'en suis resté au troisième, pour l'instant, et j'espère que la série va rester au top sur le scénario, parce que ça fait vraiment plaisir à lire.
Faut-il s'appeler Trondheim, et avoir toute son expérience scénaristique, pour chapeauter des concepts aussi tarabiscotés, aussi pointus sans perdre le lecteur ? Je conclurai sur cette question si je ne pensais pas tout à coup à Aâma, une autre très belle bande si vous êtes exigeants en SF et aimez les BD mutantes.
 
INFINITY 8. Scénario : Lewis Trondheim, Zep, Olivier Vatine, Fabien Vehlmann ; Dessin : Dominique Bertail, Olivier Vatine, Olivier Balez.


1. EC comics est tenue pour principale responsable de l'avènement de l'horreur et du mauvais goût dans les B.D. destinées aux adolescents, qui s'ensuivirent du Comics code authority.
2. J'ai déjà expliqué ça : la colorisation numérique est née avec la version US d'Akira en 1990, et s'est démocratisée avec Image comics (et Malibu comics) dès 1992 qui publia Spawn, Wildcats, Witchblade... Ils reproduirent finalement le schéma de la Nouvelle Vague en France, associant leurs nouvelles ambitions à une nouvelle technologie. Chez Image comics, les auteurs voulurent s'affranchir du studio Marvel qui brevetait systématiquement les nouveaux personnages en son nom.

Bande-dessinée, science-fiction, space opera, androïdes, espace-temps, IA, Policier, critique, analyse, Lewis Trondheim, Dominique Bertail, Olivier Vatine, Olivier Balez

Terminator [Film] 1984

Action SF | USA |

Ciné - Une guerre à travers le temps : Terminator
2029. Une guerre oppose les humains aux machines intelligentes. La résistance, sur le point de gagner, est menée par John Connor, les machines décident d'envoyer un Terminator en 1984 afin qu'il tue sa mère (c'est pourtant simple). John, de son côté, y envoie un résistant pour la défendre.

Terminator est le second film de James Cameron, après le court Xenogenesis et Piranha 2, et quelques jobs sur d'autres films¹. Autre fait à souligner, Terminator commence dans un magasin de vêtements et finit dans une usine. C'est assez accessoire, OK.

Dès le début c'est le féerique logo d'Orion qui donne le ton. Puis les maquettes, et tous ces effets mécaniques qui nous rappellent pourquoi les années 80 ont produit autant de films cultes².
Évidemment le film a vieilli, mais c'est ce qui fait le charme de ces productions. On peut toujours regretter une tête animatronique et réfléchir à comment obtenir un meilleur effet, mais qu'importe : la créativité est là. C'était d'ailleurs l'atout essentiel d'une histoire en laquelle personne ne croyait³.
Terminator fait partie du renouveau opéré par Kubrick : après le Nouvel Hollywood et sa vague de films d'auteurs brillants mais pessimistes, les nouveaux cinéastes avaient l'avenir du cinéma devant eux et étaient inspirés par le futur.
Les effets spéciaux en latex et animatronique, en plus de la pyrotechnique, étaient en plein boom aussi : tout devenait possible, au cinéma du moins.

 

Point de vue scénario, Terminator n'est pas seulement un film d'action : le scénario tient beaucoup du thriller. Ambiguïté de Kyle Reese, éléments d'intrigues dévoilés au compte-goutte... bien sûr c'était la seule façon de présenter cette histoire de façon réaliste, avec une immersion progressive.
Il y a aussi la "proposition" scientifique : comment un homme du futur peut-il enfanter une femme du passé après avoir été le meilleur copain de son fils ? Ou un truc du genre ? Manquerait plus qu'un fils soit aussi père de son père ! Beurk ! Et bien si Cameron décidait de passer outre ce paradoxe, c'était l'ironie du sort qu'il visait : en tentant d'"annuler" John Connor de manière rétroactive, les machines l'engendrent. Mais donc comment le futur avec John Connor a-t'il pu exister avant que les machines n'envoient le Terminator dans le passé, à moins d'être autonome ? En fait le temps, dans Terminator, est conçu avec une seule continuité, "à plat"⁴ : avant que les machines n'envoient le Terminator, lui et Ryse étaient déjà allés dans le passé. En mettant en scène un paradoxe (bé oui c'est pas un paradoxe pour rien), celui du grand-père⁵, Cameron invite l'ironie du sort et invente la blague cinématographique.
Et c'est justement cette blague qui deviendra la signature de la série (avec d'autres gimmicks plus anecdotiques), ce qui provoquera un joyeux bazar dans le troisième épisode puis le 5.
Le système changera avec Genisys puis Dark Fates. Mais déjà dans Terminator 2, la narration hésitait en soutenant que John a treize ans alors qu'il est censé en avoir 10 (le T-1000 avait d'ailleurs cette même info).

Bref, un film culte roublard mais aussi un classique.


1. Les Mercenaires de l'espace (1980, directeur artistique) ; New York 1997 (1981, effets spéciaux) ; la Galaxie de la terreur (1981, chef décorateur).
2. Il ne s'agit pas de films cultes à proprement parler mais des 80's qui sont cultes, grâce à des films relativement géniaux, en tout cas inventifs.
3. En tout cas pas Schwarzenegger ni Biehn.
4. Il n'y a que trois grandes façons de concevoir le temps dans un "voyage dans le temps" : soit on crée une réalité parallèle à chaque "modification" temporelle, soit on annule la précédente, soit tout est déjà écrit.
5.Un voyageur temporel se projette dans le passé et tue son grand-père avant même que ce dernier ait eu des enfants. De ce fait, il n'a donc jamais pu venir au monde. Mais, dans ce cas, comment a-t-il pu effectuer son voyage et tuer son grand-père ?

Cinéma, action, thriller, science-fiction, Androïdes, IA, critique, analyse, pont d'Einstein-Rosen, James Cameron, Arnold Shwarzenegger, Linda Hamilton

Source code [Film] 2011

Policier SF | USA, France |

Source code est un film de Duncan Jones (Moon, Mute...) avec Jake Gyllenhaal (Donnie Darko, Nightcrawler, et Life : Origine inconnue...) et la rare Michelle Monaghan (l'Œil du Mal, la Mort dans la peau...).

Ciné - une simulation plus vraie que nature : Source code
Le film prend place dans un train sur le point d'exploser avec un homme qui semble être amnésique. On comprendra plus tard que le capitaine Colter Stevens est dans une simulation, chargé de trouver l'identité du poseur de bombe.

"Après avoir éteint une ampoule il y a toujours une lueur. Un halo rougeoyant qui subsiste [...] C'est comme le cerveau, son champs électro-magnétique reste fonctionnel durant une brève période après le décès. Les circuits restent ouverts. Mais le cerveau a une autre caractéristique étonnante. Il possède un genre de mémoire à court terme qui va subsister 8 minutes environ. Comme la caméra de surveillance d'un magasin qui ne gardera enregistrées que les dernières minutes d'activité sur son disque dur. Maintenant, si vous combinez ces deux phénomènes les neurones restent en activité post-mortem, une mémoire va rester active 8mn mais le code source nous donne le moyen d'exploiter cette zone de transition."

Sans tout raconter, le film entretient de lointains rapports avec le voyage dans le temps, il s'agit en tout cas d'une simulation, à la façon d'un jeu vidéo. 
Des rapports plus proches avec le thriller d'espionnage¹, Déjà vu particulièrement, Tenet, l'Armée des 12 singes et aussi le Temps incertain, un roman de 1973. Et il pourrait avoir lui-même inspiré Infinty 8, le projet de Lewis Trondheim et Olivier Vatine, une BD éditée chez Rue de Sèvre.
 
Le concept de simulation propose une forme originale avec une trame à répétition, avec un vrai suspense de whodunit² à compte à rebours.

Palpitant.


1. et s'inscrit plus spécialement dans une lignée de films de terroristes à base de thriller : Déjà vu, déjà dit, mais aussi l'Œil du Mal
2.
Who's done it ? : Roman, film d'enquête

Policier, thriller, science-fiction, cinéma, critique, analyse, Duncan Jones, Jake Gyllenhaal, Michelle Monaghan

Déjà vu [Film] 2006

Policier SF | USA, Royaume-Uni |

Ciné - Un policier à plusieurs dimensions
Le film commence à la Nouvelle-Orléans après le passage de l'ouragan Katrina, avec des soldats en permission qui reviennent par ferry pour une fête. Et puis le ferry explose, tuant 543 personnes, une des voitures transportée cachait des explosifs. Doug Carlin (Denzel Washington), un inspecteur de l'ATF (Alcohol, Tabac, Firearms and explosif) arrive sur les lieux. Il cumule rapidement un certain nombre d'indices jusqu'à ce qu'il découvre qu'une femme avait déjà été rejetée sur la rive une heure avant l'explosion, mais aussi, qu'elle a été bâillonnée. Pour son sens du détail, il est embauché par le FBI dans la foulée et intègre un programme expérimental.
Sa nouvelle équipe lui disent d'abord travailler à partir de reconstitution d'images satellites¹, grâce à un programme nommé Snow White (??) mais le tout ne fonctionne bizarrement qu'à quatre jours et demi de distance. Il apprendra vite qu'il s'agit d'une technologie mise au point à Cambridge, et cinq bonnes minutes plus tard à nous expliquer le pont d'Einstein-Rosen et comment on plie l'univers pour faire des raccourcis, on est pris au jeu. Doug arrive ensuite à faire passer un laser à travers l'écran.

On croyait d'abord qu'ils allaient résoudre l'enquête en face d'un écran, mais Denzel aime mouiller sa chemise, surtout dans le rôle d'un ancien marine.
Un thème qui se rapproche de Minority report², puisque l'inspecteur affirme vouloir arrêter l'assassin avant même qu'il ne perpètre son crime, parce que son collègue a été tué, mais qu'il craque aussi un peu pour la nana qu'il voit du coup vivante ! Mais à quatre jours et demi de distance, ils se heurtent à des impossibilités et s'en tiennent à voir les faits se dérouler sans rien pouvoir y changer.
Mais à 1h29 précisément, le deuxième film commence.
Il y a un glissement progressif, le film change à chaque fois qu'une pilule passe, il se découpe alors en trois parties :
-l'enquête devant l'écran,
-la poursuite jusqu'à l'arrestation,
-puis la dernière partie...

Dire de Déjà vu qu'il est un film de SF ou un film policier contenant des éléments SF, les deux se valent. Il s'agit d'un thriller SF, sur un mode à peu près réaliste.
De quoi parle le film ? De Dieu ? Du terrorisme ? De la patrie ? De la solitude ? Du sacrifice ? De la rédemption ? De l'amour ? Des nouvelles méthodes policières du FBI ? A priori de rien de particulier, le film brasse les thèmes sans rien avoir à dire.
Le terroriste, qui plus est, est un patriote fanatique et non un extrémiste religieux... ce qui le sauve un peu. Et c'est peut-être son sujet : un problème larvé, le terrorisme nationaliste (SnowWhite ?). Un sujet qui sera traité dans Source code par exemple.
 
Un exercice mené avec brio, un policier efficace, et c'est déjà beaucoup.


1. On pense aux Experts, ils peuvent zoomer à volonté sur les détails des scènes de crime. Mais bon même à l’œil nu ils sont capables de repérer un cheveu bionique dans une touffe d'herbe.
2. La fusion de Minority report et des Experts, donc.

Policier, thriller, science-fiction, cinéma, pont d'Einstein-Rosen, Tony Scott, Denzel Washington, Paula Patton, Val Kilmer

Sillage 20 : Résumé des épisodes précédents [BD] 2019

Espionnage SF /Space opera | France |

BD - Espionnage spatial et quête des origines
Quand on tombe sur les illustrations de couvertures de Sillage, on peut trouver ça sympathique, mais pas pour autant transcendantal quand on a passé la trentaine... relooking intéressant, mais très orienté ado. Et l'idée d'une ado indienne à moitié à poil, même du futur, ça peut laisser sceptique.
Pour ma part c'est de nombreuses séries et one-shots de science-fiction (qui vainquirent mes préjugés) plus tard, que je retombais sur la petite Nävis et me dis "bah ! peut-être son côté punk".
Surtout que l'histoire est signée Jean-David Morvan, qui m'avait marqué plus jeune avec le premier épisode de TDB : Trop de bonheur.

Je découvrais alors, bluffé, cette héroïne caractérielle et ses compagnons dévoués (et pour cause), des scénarios¹ de haut vol, lesquels aiment se jouer des apparences et nous ouvrir l'esprit en même temps qu'à son héroïne. Loin d'être expérimental, mais des parti pris osés et une vision moderne. Une série factuellement très proche de Valerian, disons franchement (Aquablue ayant passé son tour en tant que successeur), sa descendante par les thèmes et les objectifs.
Blockbuster², c'est un terme qui semble bien leur aller.

Je ne reviendrai pas aujourd'hui sur l'ensemble de la saga qui se compose déjà de 20 tomes et deux séries spin-off, et je ne suis pas sûr d'avoir prochainement le loisir de rédiger un article de ce genre. Je vais commencer directement avec l'épisode 17, puisqu'il constitue le début d'une espèce de trilogie mettant de nouveaux éléments en place et préparant selon moi l'épisode 20 Mise à jour sorti fin 2019.
Vous admettrez qu'il sera difficile de ne pas spoiler, mais l'article est pensé pour préserver les surprises à ceux qui voudraient découvrir la série, en privilégiant le sous-texte et les contenus thématiques.

L'épisode 17 Grands froids nous ramène sur TRI-JJ768, où Nävis a rencontré Clément Vildieu (lol) lors du tome 3 et avec qui elle a donné naissance à Yannseï, son fils caché... là tout-de-suite, on se croirait un peu dans un space soap-opera type Amour, gloire et beauté, mais il n'en est rien. Même si la série comporte une dose émotionnelle/sentimentale qui crédibilise et soude les personnages, Nävis n'a jamais eu qu'une histoire de cœur (et avec un révolutionnaire de surcroît³).
Sa mission est la suivante : dérober l'ornosphère (pivot de cette trilogie), dont elle ne veut rien savoir : les intrigues politiques sournoises de Sillage ne l'intéressent plus du tout⁴. Elle rencontrera Jules, un petit génie, et retrouvera ses amis Püntas. En plus de présenter une intrigue d'espionnage au parfum d'anarchie (Morvan peuple des mondes que je dirais très "représentatifs" à défaut d'être proprement réalistes⁵), la planète TRI-JJ768 a enfanté l'espèce la plus proche génétiquement de celle de Nävis (rappelons-le, la seule humaine du convoi).
On découvrira que l'ornosphère, crainte par les sages (psy-actifs) Püntas, est convoitée par les "Impériaux", tout comme Jules qui a en sa possession les notes secrètes de l'ancien "Empereur". Par la suite le petit Jules, qui se trouve être la petite nièce de son ancien amant⁶, intégrera le convoi du Sillage grâce à sa bravoure (et accessoirement grâce aux soins devant lui être apportés).

Dans Psycholocauste (t.18), ça dégénère GRAVE. Alors que se déroule la discussion parlementaire au sujet de l'intégration de Juliette (ex-Jules) dans le convoi, à laquelle Nävis assiste, Bobo est en mission sur Tartaruga.
Au passage, ces épisodes font penser aux "épisodes flashbacks" dans les séries TV, quand les personnages se remémorent les meilleurs moments de l'année. Sauf qu'ici bien sûr (quel intérêt en BD ?), il s'agit bel et bien de nouvelles histoires, mais dans des endroits déjà visités et avec des personnages déjà croisés : il y a beaucoup d'auto-références dans ces trois albums... Bref, Bobo est à Tartaruga pour acheter l'ornosphère dont ils ont retrouvé la piste, mais les ondes de l'amplificateur psy d'un autre acheteur provoque l'"éclosion" du bidule, qui s'avère être un virus créé de toutes pièces par les humains (mais ils ne le savent pas encore) pour éradiquer les espèces psy-actives. Pour rappel, la psy-activité est une constante chez les espèces de Sillage, il s'agit de capacités PSY (téléportation, télépathie...) dont pratiquement seuls les humains sont dénués. BREF, c'est le bazar et les autorités sont incapables de stopper la pandémie (on est en 2015). Nävis forme une équipe spéciale, dont Juliette sera le "cerveau", pour trouver l'antidote. Avec l'aide inopinée, aussi, du dernier Yiarhu-Kah⁷. Re-BREF, Juliette est intégrée parmi les espèces du convoi spatial.
Je ne sais plus pendant la lecture duquel des deux tomes je me suis dit "punaise, Morvan est TROP balèze", mais c'était par rapport à du sous-texte ou à de la structure scénaristique (difficile de retrouver des impressions de lecture). Tout ça pour dire, Sillage c'est de la belle ouvrage.

Temps mort (t.19) commence avec un couple d'aliens tout-à-fait zarbis capables d'arrêter le temps, ce qu'ils font lors d'une fusillade qui oppose Nävis, Bobo, Yannseï et Juliette à des robots. On assiste à la mort des protagonistes, par projection, puis Nävis, Yannseï et Juliette (la famille recomposée/ famille nucléaire ?) sont pris à parti dans le temps suspendu pour expliquer comment ils sont arrivés là. Un type d'exercice scénaristique très particulier donc, à grand renfort de flash-backs (ce n'est pas nouveau chez Sillage, mais ça fait toujours plaisir). L'épisode voit aussi l'apparition de trois nouveaux personnages qui, comme Bobo et Juliette, se distinguent de leur peuple par une subite prise de conscience les extirpant d'un déterminisme social (les thématiques sociales sont récurrentes chez Morvan). Nävis rencontre à nouveau le Yiarhu-kah au cours de la filature censée l'amener au revendeur d'ornosphère. Il lui confiera plus tard l'éducation de sa couvée, en même temps qu'un psiyôorm qui lui permettra dès lors la téléportation. Et c'est bien ce psiyôorm qui indique déjà un nouveau départ dans la saga : Nävis gagne une mise à jour de sa personne, comme un joueur de RPG qui gagne un pouvoir ou un artefact.

Voilà pourquoi cette "trilogie" est déterminante, et pourquoi il faut relire les trois.
Alors vous me direz, les éléments qui lient cet arc narratif ne sont pas beaucoup plus évidents que pour les autres tomes, que les autoréférences parcourent la série d'autant plus qu'elle s'articule bel et bien comme un soap : chaque tome étant la suite directe (ou quasi) du précédent.
Effectivement, si la série n'a jamais présenté clairement d'arcs ni de  cycles, il me semblait intéressant d'extraire ces tomes en particulier parce qu'ils précèdent et préparent le renouveau de la série (le tome 20 Mise à jour) et que je crois qu'il a été pensé comme tel, avec l'ornosphère (sphère ornementale ??⁸) au centre.

Dans tous les cas, ces trois épisodes (et certainement le prochain) sont déterminants dans la saga.
L'ornosphère créée par des humains, qui représente la quête d'identité et de sens de Nävis... Que nous réserve le tome 20 ? Suite au prochain épisode !

Oui l'axe de mes analyses est avant tout scénaristique. Mais on saluera quand même l'immense travail de Philippe Buchet...
 
SILLAGE 17, 18, 19. Scénario : Jean-David Morvan ; Dessin & couleurs : Philippe Bucher. Publié chez Delcourt.  


1. Normalement on dit scenarii mais bon.
2. Blockbuster ! : c'est d'ailleurs le titre du recueil consacré au travail de Buchet.
3. Remember Sambre d'Yslaire.
4. C'était tout le piment des premiers épisodes.
5. Et c'est une des fonctions de la science-fiction : tout en étant très loin du présent, les problématiques sont très similaires aux nôtres... sinon on ne comprendrait rien (et le genre ne serait d'aucune utilité). Comme preuve, Dune. Si on n'était pas dans la tête des personnages, on ne comprendrait rien à leurs mœurs subtils... Difficile d'exposer des problèmes encore inexistants dans nos sociétés, des thématiques qui ne sont pas encore conscientisées, ou même de présenter des personnages non humains (voire robots). Comment s'identifier à des humains de l'an 10.000 ? Le réalisme devrait être le sujet d'une prochaine rubrique.
6. La petite Juliette se déguisait en garçon pour avoir plus de crédibilité !! SOAP ! Mais une idée qui gratte...
7. Voir tome 14 Liquidation totale.
8. https://fr.wiktionary.org/wiki/orno

Espionnage, space opera, science-fiction, bande-dessinée, thriller, société, critique, analyse, Delcourt, JD Morvan

Aiôn [BD] 2019

Thriller SF | France |

BD - Un thriller spatial : Aiôn, de Ludovic Rio
Chapitre 1
Le capitaine Néel, à bord de l'Argo, sort d'hyper-sommeil. L'androïde de bord, Loop, l'accueille. Ils sont à mi-chemin de la Terre, dans le système Alpha Centaury. La procédure de réveil a été enclenchée car le vaisseau a reçu un signal de détresse. La source provient d'une colonie scientifique qui étudie les particularités de l'espace-temps¹.
Mais une fois arrivée, elle ne trouve que l'androïde Maxine, et le cadavre du docteur Elliot Lorentz, dernier résident de la station, mort il y a huit mois. Près de lui, un carnet crypté relatant ses expériences. Tout-à-coup la pièce est condamnée et un générateur se déclenche, altérant bientôt toute forme de vie...


Si son graphisme est très réussi (les couleurs notamment), son scénario n'est pas en reste, car bien que l'histoire n'explore effectivement pas un enjeu social capital, il sait entretenir le mystère, évoquer, réserver ses surprises... sur sa trame de thriller, le ton aussi sait se faire remarquer : contemplatif, tout en douceur, presque d'art et d'essai. Le volume (128 pages) se termine avec une fin ouverte, laissant supposer une suite. Un peu surprenant car ce type de roman graphique ne semblait déjà pas spécialement adapté à la SF (peu de spectaculaire, rythme assez lent et pas spécialement d'humour...). Si l'exercice a déjà été essayé au cinéma, il l'est assez peu en bédé.

Courageux. Du bel ouvrage.

AIÔN. Scénario & dessin : Ludovic Rio ; Couleurs : Christian Lerolle. Publié chez Dargaud.
 

1. Aiôn est par ailleurs un terme tiré du grec utilisé pour définir la destinée, l'ère, l'éternité, ou selon le spécialiste Marcel Detienne : la "force de vie".

Thriller, science-fiction, bande-dessinée, IA, Androïdes, critique, analyse, Dargaud

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