Fantasy, anticipation | USA | |
Comment expliquer ? Les façons les plus sûres d'être déçu par un film et en l'occurrence une adaptation, c'est soit qu'il soit mal vendu (cf : Supernova), soit finalement, d'avoir déjà lu le livre (ou la BD). Et il a plusieurs fois été prouvé qu'une bonne adaptation est une mauvaise adaptation (et non pas l'inverse), paradoxe inaltérable.
Énumérons :
-Stephen King déçu par l'adaptation de Shining par Kubrick ;
-Dune renié par son réalisateur et par les fans du livre (OK la fin est torchée) ;
-Watchmen trucidé par Alan Moore (alors que franchement, c'est quasiment kif-kif¹) ;
-Blade runner ? Un développement basé sur une nouvelle ;
-Orange mécanique ? Il ne manque que deux passages du livres, mais le propos est transformé ;
-La Planète des singes ? Pas moins de TROIS variations différentes (et intéressantes) autour d'un livre d'à peine deux cents pages...
Donc, il faudrait lire les livre APRÈS.
Ou considérer qu'il s'agit d'une œuvre différente, malgré un certain nombre de traits communs.
La narration cinématographique, dans son format long du moins, est un des médiums les moins libres et des plus exigeants. La forme de narration qui s'est imposée, avec le temps, est le "réalisme", émotionnel, souvent spectaculaire, mais toujours NARRATIF, avec une exposition, un déroulement, une conclusion. On pourra citer des contre-exemples, mais c'est la règle générale.
Le livre, lui, a moins de contrainte : il passe par une narration à la première personne ou la troisième, raconte à rebours, ne raconte rien, philosophe, et fait des parenthèses (de cent pages, parfois). Surtout, il a une liberté de ton. L'analyse demanderait à être développée, une autre fois, mais pour l'instant et plus précisément : un livre n'a pas de contour.
Tandis que le cinéma, en tant que prestidigitateur, donne à montrer ce qu'il veut, le livre donne à penser, sans pour autant avoir à contrôler le regard du lecteur ou sa pensée. Parce qu'il n'y a pas de temporalité, le lecteur est moins téléguidé.
Comme si le film était monologue, et le livre dialogue. Bien sûr, ce n'est pas tout à fait vrai mais je crois qu'il y a une différence de ce type.
Parce que, que reste-t'il du Grand Œuvre au final ?
Une quête initiatique, portée par un jeune héros en quête de sens. Un ado perturbé par des songes récurrents depuis la mort de son père, des songes interconnectés qui donnent un sens à la réalité et qui remplissent le vide affectif. Seulement, s'agit-il vraiment de rêves ?
Dans cet univers cosmogonique⁴, la Tour est le pilier du monde, et l'Homme en noir règne en maître avec sa horde de démons à masques humains⁵, et grâce au shining de certains enfants, tente de détruire le pilier. Aussi la lignée des pistoleros sont là pour défendre l'équilibre du monde.
Mais le beau-père du jeune homme, lassé par ces divagations, contacte un institut qui voudrait bien le prendre en charge. Mais lorsqu'ils viennent le chercher, ils les reconnaît assez vite comme étant des démons. Parce qu'on voit bien les bords des masques quand on sait où regarder...
Même en le tournicotant dans tous les sens, la Tour sombre n'est pas un film de science-fiction. C'est un film fantastique, comme presque toutes les histoires du King, mais il intègre des éléments de SF qui en transforment le sens.
Il s'inscrit dans deux mondes, et donc à la théorie des deux mondes, à l'instar de Matrix. Mais par sa forme il s'intègre dans la lignée de l'Histoire sans fin ou Stardust le Mystère de l'étoile dans un registre un peu plus badass. Une intrigue résolue assez vite en regard des huit tomes originaux.
Un film bien emballé mais qui manque d'originalité. Une histoire qui fait la part belle à l'imagination, aux enfants mal dans leur peau et aux archétypes de Carl G. Jung⁶.
1. C'est essentiellement un changement de ton et c'est tout le problème.
2. Le Garage hermétique, une bande-dessinée de science-fiction de Moebius.
3. Oulipo
: OUvroir de LIttérature POtentielle, groupe de littérature innovante
représenté entre autres par Raymond Queneau et Georges Perec.
4. L'univers est redessiné, tel le monde mythologique nordique avec son arbre-monde. Remember L'Histoire sans fin.
5. Un thème cher à Clive Barker.
6. Psychiatre célèbre ayant formulé la théorie des archétypes, semblables aux figures du tarot.
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