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Tenet [Film] 2020

Espionnage SF | USA, Royaume-Uni |

Une prise d'otages est en cours dans un opéra en Ukraine. Un agent infiltré, nommé Protagoniste, se trouve parmi les brigades anti-terroristes dépêchées pour déjouer la prise d'otages, qui se trouve être un leurre pour faire assassiner un diplomate et subtiliser un colis. Alors qu'il récupère toutes les bombes posées par les terroristes, le protagoniste est sauvé par une balle inversée mais il est capturé. Alors qu'il est interrogé, il avale une capsule de cyanure. Mais en fait, c'était pas vraiment du cyanure, et l'assassinat du diplomate était un leurre aussi.
"-Je démissionne.
-Vous êtes morts, vous ne travaillez plus pour nous. Votre devoir transcende l'intérêt national, c'est une question de survie. [...] Il s'agit de cloisonner le savoir. Je n'ai à vous donner que ce geste, associé au mot "précepte" ou "tenet". A manier avec soin. Il ouvrira les bonnes portes, et parfois aussi les mauvaises."

Tenet ? Un film d'espionnage nextgen à la sauce terroriste. Ou une bonne comédie d'espionnage, selon... Quand Nolan emprunte des idées à Jean Cocteau, et Doctor Who à la fois¹. Mais Nolan n'en a pas parlé.
Nolan, ou le mec qui passe la moitié de son temps à faire des grosses prods expérimentales. Le Prestige est bien loin (son film en tout cas, parce que le prestige lui, colle un peu à sa pelloche).
Nolan, un des rares réalisateurs modernes (ou futuristes selon le point de vue).
Nolan, ou comment se faire un AVC en essayant de suivre deux trames temporelles en même temps. Tournicoti, tournicota ! C'est le Manège enchanté.
Pourquoi ? Parce qu'il part presque d'une idée de cinéma (rembobiner) et la plante dans un réalisme de guerre et d'espionnage (une Guerre Froide). D'autant plus que Tenet tourne bizarrement autour de l'art : d'abord dans un opéra, puis autour de DEUX copies d'un Goya. C'est donc le double de Tenet qu'il faut regarder... Une expérience de cinéma alors, mais pourquoi faire ? N'est-ce pas là, pur argument de fiction ?
Pur argument de fiction ? Ou est-ce que le moment serait venu d'inverser le temps ? De rembobiner ? D'inverser les conceptions des choses ? En voilà une inception ! Le cinéma étant déjà le miroir déformant de notre société...

Tenet tient une partie de son inspiration du carré Sator, un carré magique lisible dans tous les sens et composé de cinq mots : Sator arepo tenet opera rotas soit "le semeur à la charrue maintient par son travail la rotation." Bien que j'aie pas fait latin.
Deuxième "devise" du film : "Notre monde est clair-obscur et sans ami au crépuscule".
Les deux attentats terroristes du film se trouvent être des leurres pour camoufler des opérations d'espionnage, ce qui à l'instar de 2001, en fait un film sur le secret.
Du point de vue réaliste, un certain nombre de questions pratiques restent en suspens. Mais le contenu "Dickien" ou "moderne" est là et c'est bien suffisant. Les questions portant sur la temporalité du film n'existent de toutes façons, pas. Les questions internes étant acceptées comme telles.
Pour la première fois de ma vie, j'ai peur d'un film, de me fissurer les neurones. Je crains que ce film soit pur vortex.
"N'essayez pas de comprendre. Ressentez" nous est-il dit au début du film.
Par ailleurs, le casting international est très chouette, et Kenneth Brannagh presque méconnaissable ("c'est lui ?""c'est pas lui ?").
Le vrai problème désormais, est de regarder Tenet à l'envers sans bousiller son lecteur ?

Assurément un film d'espionnage très métaphysique alors accrochez-vous !


1. Orphée, de Jean Cocteau, un des rares films tourné à l'envers. Docteur Who : voir River Song de la saison 4 (épisodes La Bibliothèque des ombres) à la saison 7.

Cinéma, science fiction, action, anticipation, espionnage, espace-temps, policier SF, thriller, technologie secrete, critique, analyse

Split [Film] 2017

Super-héros | USA/Japon |

Ciné - Super-héros et fracture psychosociale

Split, ou l'art de transformer un film de super-héros en thriller psychologique.

Un thriller assez peu horrifique, malgré les compositions honorables de James McAvoy¹ et des jeunes otages.
Problème d'identification déjà : le prédateur est un mâle de type caucasien. Inconsciemment, nous (je) nous mettons à sa place plutôt qu'à celles de ses victimes, des étudiantes. OK. Mais il faut dire aussi que c'est du Shyamalan, peu penché sur le spectaculaire (même s'il arrive à le faire émerger par moments).
Malgré la présence d'un personnage à personnalités multiples, qui aurait pu être, sinon fascinant, tout au moins troublant, c'est le personnage de Casey (Anya Taylor-Joy) qui s'affirme, par négation d'abord, puis totalement. C'est elle le vrai personnage principal, avec son souvenir traumatique presque ordinaire².
Shyamalan, pour son super-héros, adopte le point de vue clinique (et même psychanalytique), ce qui fait penser au syndrome de la pensée magique³. Il évoque aussi un proverbe de la pensée religieuse hindouiste : alors que les humains se battaient tout le temps, et détruisaient tout, Dieu a décidé de cacher leurs pouvoirs là ils n'iraient jamais les chercher, dans leur cœur.
Mais l'argument du film est le suivant : si un individu à personnalités multiples peut être diabétique et pas les autres, si l'esprit est capable de rendre une personnalité allergique aux piqûres d'abeilles et pas les autres,  quelles sont les limites de l'esprit ?
Encore une fois, si Shyamalan peut être très pertinent, il a selon moi un vrai problème, volontaire sûrement, avec le spectaculaire qui sans être inintéressant, le rapproche parfois du téléfilm, avec une fâcheuse tendance à désamorcer ses meilleurs effets. Par exemple, aucune trace de sang après que la Bête se soit nourri. Aucune effusion non plus lors du final, avec ses différentes personnalités : qu'il passe d'une identité à l'autre aurait pu être très impressionnant. Mais non, Shyamalan ne fera pas ces choix (il les fera au suivant).
On peut déduire deux choses : Split aurait pu être TRÈS sordide, voyeuriste, mais Shyamalan est "classe" et ne s'y mouille pas. Et aussi, que son propos est finalement l'inverse de celui d'un film d'encapé : remettre l'humain ordinaire au centre de la notion de pouvoirs. Et donc, faire dans le spectaculaire aurait desservi son propos.

Mais Split, en réalité, est un film sur la souffrance. La souffrance de Kevin, la souffrance de Casey. Et ce sont celles-ci qui les rapprochent, ces personnes brisées : SPLIT.

"Vous avez écrit sur une femme en Allemagne qui était restée aveugle pendant dix ans. Puis on a découvert qu'elle souffrait de dissociation et trois de ses identités ont développé la vue. Vous aviez avancé que son nerf optique avait été régénéré par sa conviction."
Ici, il s'agit du pouvoir de régénération, bien connu des comics, des vampires, et des salamandres. Mais difficile de savoir si l'anecdote est vraie ou inventée par Shyamalan.
"Des négligeables" dit la Bête, prédateur universel. Sexuel, cannibale, social.
"-Une identité chez un individu qui souffre d'un trouble dissociatif, va avoir trop de cholestérol. Une seule. On note des cas où une identité était allergique aux piqûres de guêpes et pas les autres.
-Est-ce qu'il peut arriver que deux entités coexistent en même temps ?
-Oui il arrive parfois que deux entités "prennent la lumière", ou s'octroient le devant de la scène, et cela simultanément. Cela s'est produit avec une lycéenne au cours d'une séance. Elle écrivait de la main droite et en même temps de la gauche. Les écritures étaient différentes et ses notes simultanées portaient sur des sujets sans aucun rapport. La différence entre les identités peut s'avérer spectaculaire, au même titre que peut l'être la différence entre vous et moi [...] Est-ce que notre sens du surnaturel ne nous viendrait pas de ces zones inexplorées ?"

Encore une fois on pourra supposer que ces arguments d'autorité placés dans la bouche de la psychiatre proviennent de l'imagination débridée de M. Night Shyamalan, mélangeant vraies et fausses informations pour construire son discours visant tant à impliquer le spectateur qu'à le mystifier. Force est de constater qu'il ne cite pas ses sources...
J'attends impatiemment Glass. En effet la méthode Shyamalan visant à crédibiliser des êtres surnaturels étant particulièrement chronophage, va-t'il se passer quelque chose dans le prochain opus ?


1. On pourra suspecter Shyamalan d'avoir choisi McAvoy pour sa précédente interprétation de Charles Xavier dans les X-Men. Le rapport entre les deux est excellent, d'autant plus que le fils de Xavier, dans les comics, est aussi atteint d'un trouble dissociatif. Son nom est Légion.
2. Selon l'Ipsos en 2019, 165.000 enfants chaque année, d'en moyenne dix ans. Source : https://www.doctissimo.fr/psychologie/news/enfants-victimes-violences-sexuelles-france
3.
Forme de pensée qui s'attribue ou attribue à autrui le pouvoir de provoquer l'accomplissement de désirs, l'empêchement d'événements ou la résolution de problèmes sans intervention matérielle.

Cinéma, super-héros, société, thriller, Night M Shyamalan, Bruce Willis, James McAvoy, critique, analyse

Total Recall [Film] 1990

Thriller SF| USA |

Ciné - Crash neuronal et embolie schizophrénique

Parler de Total recall aujourd'hui, ça fiche un peu le cafard...
L'époque bénie où les effets spéciaux ne se sentaient plus pisser, où les réalisateurs n'avaient plus froid aux yeux, où même les cauchemars de Lovecraft pouvaient enfin prendre vie (cf. : The Thing). Les effets spéciaux latex et mécaniques allaient loin, trop loin, et du coup, quarante ans plus tard, les films ont vieilli, ce qui est bien sûr tout à leur honneur. Et du même coup, ils se font remaker. Avec plus ou moins de succès. Heureusement les films vieillissent, OK, mais sont immortels et survivent sur de multiples supports. Le Pestacle !

Douglas Quaid, ouvrier terrien, rêve d'une vie d'aventure sur Mars, qui est désormais une colonie humaine. Il rêve de Mars, déjeune avec Mars au grand dam de sa femme, et prend le métro avec Mars. C'est en voyant la publicité d'une société proposant des souvenirs artificiels, qu'il se décide à en faire l'expérience contre l'avis son collègue de travail. A la sortie, il est à deux doigts de faire une embolie SCHI-ZO-PHRé-NIQUE, alors que le rêve n'est même pas implanté. Conclusion : Quaid est déjà allé sur Mars, et il a déjà un implant mémoriel. Les employés et le directeur de la petite entreprise décident de lui effacer de sa mémoire sa venue chez Rekall, et de le jeter dans un taxi ni vu ni connu. Sur le chemin, Quaid a repris conscience et se fait enquiquiner sévère par son collègue et trois autres hommes, qui lui reprochent d'être allé chez Rekall. Il les tue par réflexe, dans le feu de l'action, et en rentrant chez lui, c'est sa femme qui manque de le tuer.

Si Total recall sent les 80's c'est une chose, mais avec le recul c'est plutôt le "réalisme béton et fusil à pompe" qu'il fouette à plein nez¹. Quand il met la main à la pâte de la scifi, Verhoeven nous fait Robocop, Starship troopers... des films de SF où l'on tire à balles réelles. Verhoeven sait donner une crédibilité crue à sa SF. Par ailleurs, le fait d'être dans une bande SF est tout-à-fait assumée : les billets de banque sont roses par exemple... A l'époque les influenceurs youtubeurs ne chipotaient pas sur des détails.

Ciné - Courir contre l'oubli
La genèse de Total recall est tout aussi intéressante. Ronal Shusett et Dan O'Bannon² écrivent le scénario dans les années 70 à partir d'une nouvelle de Philip K. Dick, Souvenirs à vendre. Trop ambitieux pour l'époque, le scénario passe de studio en studio jusqu'à ce qu'il soit acheté dans les années 80 par Dino de Laurentiis. Puis il est réécrit par David Cronenberg, mais la prod veut impérativement un film d'action, et il quitte le projet. Suite à l'échec de Dune, De Laurentiis abandonne le projet, et c'est Schwarzennegger, qui avait essayé d'obtenir le rôle, qui reprend en main le projet. Il trouve le producteur, Carolco pictures, puis le réalisateur, Paul Verhoeven, qui l'avait déjà envisagé pour le rôle-titre de Robocop. C'est encore Schwarzennegger qui trouvera le scénariste pour boucler le dernier acte qui faisait défaut au scénario. Rob Bottin³, enfin, s'occupera des effets de maquillage avec le succès qu'on connaît. Total recall a vieilli, certes, mais n'a rien perdu de son efficacité.
Pour en faire un bon remake, il faudrait déjà pouvoir garder tout le contenu Dickien, tout simplement, à l'inverse de quoi vous n'obtiendrez qu'un film lambda.
Si Terminator est au patrimoine national américain⁴, alors Total recall est à inscrire au patrimoine martien.

Total recall est largement un chef d’œuvre, et l'émergence des effets spéciaux numériques n'auront fait que le graver un peu plus profondément dans le marbre.


1. Le réalisme béton et fusil à pompe, comme je l'appellerai dorénavant à défaut de trouver le nom d'origine, c'est une esthétique d'inspiration industrielle, béton, à l'exact opposé de la fantasy : Outland, Toal recall, Starship troopers, Wing commander, Event horizon...
2. Scénariste notamment de The Long tomorrow avec Moebius, qui inspirera le film Blade Runner, et d'Alien le 8e passager.
3. Responsable des effets spéciaux sur the Thing.
4. Véridique. 

Cinéma, science, fiction, anticipation, espionnage, action, thriller, colonisation spatiale,  androïdes, mutation, Arnold Schwarzennegger, Paul Verhoeven, critique, analyse

Renaissances (Self/Less) [Film] 2015

Thriller SF | USA |

Ciné - Immortalité et transhumanisme : une course contre la montre

Un riche architecte est sur le point de mourir d'un cancer. Malgré tout ce qu'il a réussi dans la vie, il aurait aimé aussi réussir sa relation avec sa fille, Claire. Il décide donc de faire appel à Albright, une entreprise proposant une seconde vie grâce au transfert de conscience. Mais la société lui livre les termes du contrat au compte-goutte : il apprendra qu'il devra renoncer à sa richesse pour être quelqu'un d'autre, puis après l'intervention, qu'il devra définitivement renoncer à ses proches aussi (les arguments de départ du film ne tenant plus debout), et à ses souvenirs aussi puisqu'il devra en apprendre de nouveaux pour sa nouvelle vie. Et encore, qu'il aura un suivi régulier de l'entreprise, et enfin, qu'il y aura des effets secondaires et des pilules pour y palier. Bref, Damian Hale était prêt à renoncer à l'argent, à ses proches, mais pas à la vie. Mieux, il peut enfin faire des choses pour lesquelles il n'était pas prédestiné dans sa vie d'avant. Cependant les effets secondaires qui l'assaillent s'apparentent de plus en plus à des souvenirs, mais vécus par qui ?

Self/less, c'est deux types dans le même corps. Donc, c'est dickien, puisque personne n'a bien développé le sujet à part Dick. Du moins pas d'autre auteur classique¹, puisqu'il faut bien commencer à considérer K. Dick comme tel. Son impact est tel sur la SF qu'en plus que son nom soit devenu un adjectif de la science-fiction, il a déjà été adapté une vingtaine de fois au cinéma.
Dick, c'est aussi les méandres du cerveau et de la paranoïa. Mais la comparaison s'arrêtera là, faute de concret à se mettre sous la dent. Self/less propose un film d'action à la troisième personne, et pas une expérience immersive.
Sur fond d'action et thriller ici à égalité, façon Total Recall, Paycheck, ou encore Impostor, avec une intrigue donc moins labyrinthique mais menée tambour battant.
Il y a d'autres emprunts qu'à Dick, notamment au fantastique (Shining, et le thème de l'enfant maudit), qui accentuent la tension du film et facilitent les coups de parapluie.

Le film est réalisé par Tarsem Singh (réalisateur de the Cell, the Fall...) et joué par l'apathique Ryan "bichette" Reynolds² (Green lantern, Deadpool, Life : Origine inconnue...).
Le sujet du film, c'est évidemment le transhumanisme et le dépassement de la mort.

Self/less/Renaissances est un film d'action très sympathique qui nous balade du début à la fin pour notre plus grand plaisir.


1. Quoi Robert Louis Stevenson ?
2. Principal concurrent de Ryan Gosling avant Deadpool.

Film, science, fiction, anticipation, thriller, action, transhumanisme, critique, analyse

L'Œil du Mal [Film] 2008

Action anticipation | USA |

Ciné - Un film d'anticipation contemporain
Le film commence au Pakistan avec une opération de représailles anti-terroriste, mais l'intelligence artificielle qui assiste l'opération ne confirme l'identité des criminels, via reconnaissance faciale donc, qu'à 51%. De plus ils se sont rendus dans le village pour un enterrement. Un drone bombardier est quand même lancé, une vingtaine de terroristes et une quantité inconnue de civils sont tués.
Ailleurs, Jerry (Shia LaBeouf) assiste à l'enterrement de son frère jumeau. Plus tard, après avoir été livré chez lui en armes et technologies militaires de pointe, une femme l'appelle et lui annonce qu'il a été "activé", que le FBI va arriver et l'arrêter dans les trente secondes, ce qui ne manque pas de se produire. De son côté, Rachel (Michelle Monaghan) reçoit un appel de son fils, mais au bout du fil c'est une femme (la même !) qui lui dit qu'elle a été activée aussi et menace indirectement de faire du mal à son fils. Jerry, plus tard, est en garde à vue, la voix le rappelle et le fait évader grâce à une grue. La voix semble avoir le contrôle des grues, des métros et même des feux tricolores.

Et là on se dit, on pourrait faire des films sur n'importe quoi, avec un traitement grotesque, absurde, ça passe.
Mais le truc à savoir quand même, c'est que le scénario du film a été écrit en 1996, pour être tourné en 2008. L'effet anticipatoire est donc dissout dans un film d'action un peu lambda mais d'actualité : traçage et fichage des individus par des organismes de défense internationaux, avec l'Intelligence artificielle et reconnaissance faciale à disposition. Mais voilà, le propre des machines, c'est de beugger.

Un thriller d'espionnage mené tambour battant, sur un thème similaire à Déjà vu et Source code.

cinéma, science-fiction, anticipation, AI, thriller, critique, analyse, Shia Labeouf, Michelle Monaghan

Déjà vu [Film] 2006

Policier SF | USA, Royaume-Uni |

Ciné - Un policier à plusieurs dimensions
Le film commence à la Nouvelle-Orléans après le passage de l'ouragan Katrina, avec des soldats en permission qui reviennent par ferry pour une fête. Et puis le ferry explose, tuant 543 personnes, une des voitures transportée cachait des explosifs. Doug Carlin (Denzel Washington), un inspecteur de l'ATF (Alcohol, Tabac, Firearms and explosif) arrive sur les lieux. Il cumule rapidement un certain nombre d'indices jusqu'à ce qu'il découvre qu'une femme avait déjà été rejetée sur la rive une heure avant l'explosion, mais aussi, qu'elle a été bâillonnée. Pour son sens du détail, il est embauché par le FBI dans la foulée et intègre un programme expérimental.
Sa nouvelle équipe lui disent d'abord travailler à partir de reconstitution d'images satellites¹, grâce à un programme nommé Snow White (??) mais le tout ne fonctionne bizarrement qu'à quatre jours et demi de distance. Il apprendra vite qu'il s'agit d'une technologie mise au point à Cambridge, et cinq bonnes minutes plus tard à nous expliquer le pont d'Einstein-Rosen et comment on plie l'univers pour faire des raccourcis, on est pris au jeu. Doug arrive ensuite à faire passer un laser à travers l'écran.

On croyait d'abord qu'ils allaient résoudre l'enquête en face d'un écran, mais Denzel aime mouiller sa chemise, surtout dans le rôle d'un ancien marine.
Un thème qui se rapproche de Minority report², puisque l'inspecteur affirme vouloir arrêter l'assassin avant même qu'il ne perpètre son crime, parce que son collègue a été tué, mais qu'il craque aussi un peu pour la nana qu'il voit du coup vivante ! Mais à quatre jours et demi de distance, ils se heurtent à des impossibilités et s'en tiennent à voir les faits se dérouler sans rien pouvoir y changer.
Mais à 1h29 précisément, le deuxième film commence.
Il y a un glissement progressif, le film change à chaque fois qu'une pilule passe, il se découpe alors en trois parties :
-l'enquête devant l'écran,
-la poursuite jusqu'à l'arrestation,
-puis la dernière partie...

Dire de Déjà vu qu'il est un film de SF ou un film policier contenant des éléments SF, les deux se valent. Il s'agit d'un thriller SF, sur un mode à peu près réaliste.
De quoi parle le film ? De Dieu ? Du terrorisme ? De la patrie ? De la solitude ? Du sacrifice ? De la rédemption ? De l'amour ? Des nouvelles méthodes policières du FBI ? A priori de rien de particulier, le film brasse les thèmes sans rien avoir à dire.
Le terroriste, qui plus est, est un patriote fanatique et non un extrémiste religieux... ce qui le sauve un peu. Et c'est peut-être son sujet : un problème larvé, le terrorisme nationaliste (SnowWhite ?). Un sujet qui sera traité dans Source code par exemple.
 
Un exercice mené avec brio, un policier efficace, et c'est déjà beaucoup.


1. On pense aux Experts, ils peuvent zoomer à volonté sur les détails des scènes de crime. Mais bon même à l’œil nu ils sont capables de repérer un cheveu bionique dans une touffe d'herbe.
2. La fusion de Minority report et des Experts, donc.

Policier, thriller, science-fiction, cinéma, pont d'Einstein-Rosen, Tony Scott, Denzel Washington, Paula Patton, Val Kilmer

Sillage 20 : Résumé des épisodes précédents [BD] 2019

Espionnage SF /Space opera | France |

BD - Espionnage spatial et quête des origines
Quand on tombe sur les illustrations de couvertures de Sillage, on peut trouver ça sympathique, mais pas pour autant transcendantal quand on a passé la trentaine... relooking intéressant, mais très orienté ado. Et l'idée d'une ado indienne à moitié à poil, même du futur, ça peut laisser sceptique.
Pour ma part c'est de nombreuses séries et one-shots de science-fiction (qui vainquirent mes préjugés) plus tard, que je retombais sur la petite Nävis et me dis "bah ! peut-être son côté punk".
Surtout que l'histoire est signée Jean-David Morvan, qui m'avait marqué plus jeune avec le premier épisode de TDB : Trop de bonheur.

Je découvrais alors, bluffé, cette héroïne caractérielle et ses compagnons dévoués (et pour cause), des scénarios¹ de haut vol, lesquels aiment se jouer des apparences et nous ouvrir l'esprit en même temps qu'à son héroïne. Loin d'être expérimental, mais des parti pris osés et une vision moderne. Une série factuellement très proche de Valerian, disons franchement (Aquablue ayant passé son tour en tant que successeur), sa descendante par les thèmes et les objectifs.
Blockbuster², c'est un terme qui semble bien leur aller.

Je ne reviendrai pas aujourd'hui sur l'ensemble de la saga qui se compose déjà de 20 tomes et deux séries spin-off, et je ne suis pas sûr d'avoir prochainement le loisir de rédiger un article de ce genre. Je vais commencer directement avec l'épisode 17, puisqu'il constitue le début d'une espèce de trilogie mettant de nouveaux éléments en place et préparant selon moi l'épisode 20 Mise à jour sorti fin 2019.
Vous admettrez qu'il sera difficile de ne pas spoiler, mais l'article est pensé pour préserver les surprises à ceux qui voudraient découvrir la série, en privilégiant le sous-texte et les contenus thématiques.

L'épisode 17 Grands froids nous ramène sur TRI-JJ768, où Nävis a rencontré Clément Vildieu (lol) lors du tome 3 et avec qui elle a donné naissance à Yannseï, son fils caché... là tout-de-suite, on se croirait un peu dans un space soap-opera type Amour, gloire et beauté, mais il n'en est rien. Même si la série comporte une dose émotionnelle/sentimentale qui crédibilise et soude les personnages, Nävis n'a jamais eu qu'une histoire de cœur (et avec un révolutionnaire de surcroît³).
Sa mission est la suivante : dérober l'ornosphère (pivot de cette trilogie), dont elle ne veut rien savoir : les intrigues politiques sournoises de Sillage ne l'intéressent plus du tout⁴. Elle rencontrera Jules, un petit génie, et retrouvera ses amis Püntas. En plus de présenter une intrigue d'espionnage au parfum d'anarchie (Morvan peuple des mondes que je dirais très "représentatifs" à défaut d'être proprement réalistes⁵), la planète TRI-JJ768 a enfanté l'espèce la plus proche génétiquement de celle de Nävis (rappelons-le, la seule humaine du convoi).
On découvrira que l'ornosphère, crainte par les sages (psy-actifs) Püntas, est convoitée par les "Impériaux", tout comme Jules qui a en sa possession les notes secrètes de l'ancien "Empereur". Par la suite le petit Jules, qui se trouve être la petite nièce de son ancien amant⁶, intégrera le convoi du Sillage grâce à sa bravoure (et accessoirement grâce aux soins devant lui être apportés).

Dans Psycholocauste (t.18), ça dégénère GRAVE. Alors que se déroule la discussion parlementaire au sujet de l'intégration de Juliette (ex-Jules) dans le convoi, à laquelle Nävis assiste, Bobo est en mission sur Tartaruga.
Au passage, ces épisodes font penser aux "épisodes flashbacks" dans les séries TV, quand les personnages se remémorent les meilleurs moments de l'année. Sauf qu'ici bien sûr (quel intérêt en BD ?), il s'agit bel et bien de nouvelles histoires, mais dans des endroits déjà visités et avec des personnages déjà croisés : il y a beaucoup d'auto-références dans ces trois albums... Bref, Bobo est à Tartaruga pour acheter l'ornosphère dont ils ont retrouvé la piste, mais les ondes de l'amplificateur psy d'un autre acheteur provoque l'"éclosion" du bidule, qui s'avère être un virus créé de toutes pièces par les humains (mais ils ne le savent pas encore) pour éradiquer les espèces psy-actives. Pour rappel, la psy-activité est une constante chez les espèces de Sillage, il s'agit de capacités PSY (téléportation, télépathie...) dont pratiquement seuls les humains sont dénués. BREF, c'est le bazar et les autorités sont incapables de stopper la pandémie (on est en 2015). Nävis forme une équipe spéciale, dont Juliette sera le "cerveau", pour trouver l'antidote. Avec l'aide inopinée, aussi, du dernier Yiarhu-Kah⁷. Re-BREF, Juliette est intégrée parmi les espèces du convoi spatial.
Je ne sais plus pendant la lecture duquel des deux tomes je me suis dit "punaise, Morvan est TROP balèze", mais c'était par rapport à du sous-texte ou à de la structure scénaristique (difficile de retrouver des impressions de lecture). Tout ça pour dire, Sillage c'est de la belle ouvrage.

Temps mort (t.19) commence avec un couple d'aliens tout-à-fait zarbis capables d'arrêter le temps, ce qu'ils font lors d'une fusillade qui oppose Nävis, Bobo, Yannseï et Juliette à des robots. On assiste à la mort des protagonistes, par projection, puis Nävis, Yannseï et Juliette (la famille recomposée/ famille nucléaire ?) sont pris à parti dans le temps suspendu pour expliquer comment ils sont arrivés là. Un type d'exercice scénaristique très particulier donc, à grand renfort de flash-backs (ce n'est pas nouveau chez Sillage, mais ça fait toujours plaisir). L'épisode voit aussi l'apparition de trois nouveaux personnages qui, comme Bobo et Juliette, se distinguent de leur peuple par une subite prise de conscience les extirpant d'un déterminisme social (les thématiques sociales sont récurrentes chez Morvan). Nävis rencontre à nouveau le Yiarhu-kah au cours de la filature censée l'amener au revendeur d'ornosphère. Il lui confiera plus tard l'éducation de sa couvée, en même temps qu'un psiyôorm qui lui permettra dès lors la téléportation. Et c'est bien ce psiyôorm qui indique déjà un nouveau départ dans la saga : Nävis gagne une mise à jour de sa personne, comme un joueur de RPG qui gagne un pouvoir ou un artefact.

Voilà pourquoi cette "trilogie" est déterminante, et pourquoi il faut relire les trois.
Alors vous me direz, les éléments qui lient cet arc narratif ne sont pas beaucoup plus évidents que pour les autres tomes, que les autoréférences parcourent la série d'autant plus qu'elle s'articule bel et bien comme un soap : chaque tome étant la suite directe (ou quasi) du précédent.
Effectivement, si la série n'a jamais présenté clairement d'arcs ni de  cycles, il me semblait intéressant d'extraire ces tomes en particulier parce qu'ils précèdent et préparent le renouveau de la série (le tome 20 Mise à jour) et que je crois qu'il a été pensé comme tel, avec l'ornosphère (sphère ornementale ??⁸) au centre.

Dans tous les cas, ces trois épisodes (et certainement le prochain) sont déterminants dans la saga.
L'ornosphère créée par des humains, qui représente la quête d'identité et de sens de Nävis... Que nous réserve le tome 20 ? Suite au prochain épisode !

Oui l'axe de mes analyses est avant tout scénaristique. Mais on saluera quand même l'immense travail de Philippe Buchet...
 
SILLAGE 17, 18, 19. Scénario : Jean-David Morvan ; Dessin & couleurs : Philippe Bucher. Publié chez Delcourt.  


1. Normalement on dit scenarii mais bon.
2. Blockbuster ! : c'est d'ailleurs le titre du recueil consacré au travail de Buchet.
3. Remember Sambre d'Yslaire.
4. C'était tout le piment des premiers épisodes.
5. Et c'est une des fonctions de la science-fiction : tout en étant très loin du présent, les problématiques sont très similaires aux nôtres... sinon on ne comprendrait rien (et le genre ne serait d'aucune utilité). Comme preuve, Dune. Si on n'était pas dans la tête des personnages, on ne comprendrait rien à leurs mœurs subtils... Difficile d'exposer des problèmes encore inexistants dans nos sociétés, des thématiques qui ne sont pas encore conscientisées, ou même de présenter des personnages non humains (voire robots). Comment s'identifier à des humains de l'an 10.000 ? Le réalisme devrait être le sujet d'une prochaine rubrique.
6. La petite Juliette se déguisait en garçon pour avoir plus de crédibilité !! SOAP ! Mais une idée qui gratte...
7. Voir tome 14 Liquidation totale.
8. https://fr.wiktionary.org/wiki/orno

Espionnage, space opera, science-fiction, bande-dessinée, thriller, société, critique, analyse, Delcourt, JD Morvan

Aiôn [BD] 2019

Thriller SF | France |

BD - Un thriller spatial : Aiôn, de Ludovic Rio
Chapitre 1
Le capitaine Néel, à bord de l'Argo, sort d'hyper-sommeil. L'androïde de bord, Loop, l'accueille. Ils sont à mi-chemin de la Terre, dans le système Alpha Centaury. La procédure de réveil a été enclenchée car le vaisseau a reçu un signal de détresse. La source provient d'une colonie scientifique qui étudie les particularités de l'espace-temps¹.
Mais une fois arrivée, elle ne trouve que l'androïde Maxine, et le cadavre du docteur Elliot Lorentz, dernier résident de la station, mort il y a huit mois. Près de lui, un carnet crypté relatant ses expériences. Tout-à-coup la pièce est condamnée et un générateur se déclenche, altérant bientôt toute forme de vie...


Si son graphisme est très réussi (les couleurs notamment), son scénario n'est pas en reste, car bien que l'histoire n'explore effectivement pas un enjeu social capital, il sait entretenir le mystère, évoquer, réserver ses surprises... sur sa trame de thriller, le ton aussi sait se faire remarquer : contemplatif, tout en douceur, presque d'art et d'essai. Le volume (128 pages) se termine avec une fin ouverte, laissant supposer une suite. Un peu surprenant car ce type de roman graphique ne semblait déjà pas spécialement adapté à la SF (peu de spectaculaire, rythme assez lent et pas spécialement d'humour...). Si l'exercice a déjà été essayé au cinéma, il l'est assez peu en bédé.

Courageux. Du bel ouvrage.

AIÔN. Scénario & dessin : Ludovic Rio ; Couleurs : Christian Lerolle. Publié chez Dargaud.
 

1. Aiôn est par ailleurs un terme tiré du grec utilisé pour définir la destinée, l'ère, l'éternité, ou selon le spécialiste Marcel Detienne : la "force de vie".

Thriller, science-fiction, bande-dessinée, IA, Androïdes, critique, analyse, Dargaud

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