Content-Security-Policy: script-src 'self' https://apis.google.com X-Frame-Options: SAMEORIGIN

Split [Film] 2017

Super-héros | USA/Japon |

Ciné - Super-héros et fracture psychosociale

Split, ou l'art de transformer un film de super-héros en thriller psychologique.

Un thriller assez peu horrifique, malgré les compositions honorables de James McAvoy¹ et des jeunes otages.
Problème d'identification déjà : le prédateur est un mâle de type caucasien. Inconsciemment, nous (je) nous mettons à sa place plutôt qu'à celles de ses victimes, des étudiantes. OK. Mais il faut dire aussi que c'est du Shyamalan, peu penché sur le spectaculaire (même s'il arrive à le faire émerger par moments).
Malgré la présence d'un personnage à personnalités multiples, qui aurait pu être, sinon fascinant, tout au moins troublant, c'est le personnage de Casey (Anya Taylor-Joy) qui s'affirme, par négation d'abord, puis totalement. C'est elle le vrai personnage principal, avec son souvenir traumatique presque ordinaire².
Shyamalan, pour son super-héros, adopte le point de vue clinique (et même psychanalytique), ce qui fait penser au syndrome de la pensée magique³. Il évoque aussi un proverbe de la pensée religieuse hindouiste : alors que les humains se battaient tout le temps, et détruisaient tout, Dieu a décidé de cacher leurs pouvoirs là ils n'iraient jamais les chercher, dans leur cœur.
Mais l'argument du film est le suivant : si un individu à personnalités multiples peut être diabétique et pas les autres, si l'esprit est capable de rendre une personnalité allergique aux piqûres d'abeilles et pas les autres,  quelles sont les limites de l'esprit ?
Encore une fois, si Shyamalan peut être très pertinent, il a selon moi un vrai problème, volontaire sûrement, avec le spectaculaire qui sans être inintéressant, le rapproche parfois du téléfilm, avec une fâcheuse tendance à désamorcer ses meilleurs effets. Par exemple, aucune trace de sang après que la Bête se soit nourri. Aucune effusion non plus lors du final, avec ses différentes personnalités : qu'il passe d'une identité à l'autre aurait pu être très impressionnant. Mais non, Shyamalan ne fera pas ces choix (il les fera au suivant).
On peut déduire deux choses : Split aurait pu être TRÈS sordide, voyeuriste, mais Shyamalan est "classe" et ne s'y mouille pas. Et aussi, que son propos est finalement l'inverse de celui d'un film d'encapé : remettre l'humain ordinaire au centre de la notion de pouvoirs. Et donc, faire dans le spectaculaire aurait desservi son propos.

Mais Split, en réalité, est un film sur la souffrance. La souffrance de Kevin, la souffrance de Casey. Et ce sont celles-ci qui les rapprochent, ces personnes brisées : SPLIT.

"Vous avez écrit sur une femme en Allemagne qui était restée aveugle pendant dix ans. Puis on a découvert qu'elle souffrait de dissociation et trois de ses identités ont développé la vue. Vous aviez avancé que son nerf optique avait été régénéré par sa conviction."
Ici, il s'agit du pouvoir de régénération, bien connu des comics, des vampires, et des salamandres. Mais difficile de savoir si l'anecdote est vraie ou inventée par Shyamalan.
"Des négligeables" dit la Bête, prédateur universel. Sexuel, cannibale, social.
"-Une identité chez un individu qui souffre d'un trouble dissociatif, va avoir trop de cholestérol. Une seule. On note des cas où une identité était allergique aux piqûres de guêpes et pas les autres.
-Est-ce qu'il peut arriver que deux entités coexistent en même temps ?
-Oui il arrive parfois que deux entités "prennent la lumière", ou s'octroient le devant de la scène, et cela simultanément. Cela s'est produit avec une lycéenne au cours d'une séance. Elle écrivait de la main droite et en même temps de la gauche. Les écritures étaient différentes et ses notes simultanées portaient sur des sujets sans aucun rapport. La différence entre les identités peut s'avérer spectaculaire, au même titre que peut l'être la différence entre vous et moi [...] Est-ce que notre sens du surnaturel ne nous viendrait pas de ces zones inexplorées ?"

Encore une fois on pourra supposer que ces arguments d'autorité placés dans la bouche de la psychiatre proviennent de l'imagination débridée de M. Night Shyamalan, mélangeant vraies et fausses informations pour construire son discours visant tant à impliquer le spectateur qu'à le mystifier. Force est de constater qu'il ne cite pas ses sources...
J'attends impatiemment Glass. En effet la méthode Shyamalan visant à crédibiliser des êtres surnaturels étant particulièrement chronophage, va-t'il se passer quelque chose dans le prochain opus ?


1. On pourra suspecter Shyamalan d'avoir choisi McAvoy pour sa précédente interprétation de Charles Xavier dans les X-Men. Le rapport entre les deux est excellent, d'autant plus que le fils de Xavier, dans les comics, est aussi atteint d'un trouble dissociatif. Son nom est Légion.
2. Selon l'Ipsos en 2019, 165.000 enfants chaque année, d'en moyenne dix ans. Source : https://www.doctissimo.fr/psychologie/news/enfants-victimes-violences-sexuelles-france
3.
Forme de pensée qui s'attribue ou attribue à autrui le pouvoir de provoquer l'accomplissement de désirs, l'empêchement d'événements ou la résolution de problèmes sans intervention matérielle.

Cinéma, super-héros, société, thriller, Night M Shyamalan, Bruce Willis, James McAvoy, critique, analyse

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Financez nos futurs projets sur Tipeee !