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Outland et le space western [Film] 1981

Policier SF | USA |

Ciné - Outland et le space western industriel
Après une longue séquence d'immersion en guise d'introduction¹ pendant laquelle on découvre la colonie minière de Io², on entend deux ouvriers qui discutent de leurs conditions sociales. Mais leur discussion syndicale n'est pas terminée que près d'eux leur collègue a une bouffée délirante. Il croit qu'une araignée est entrée dans sa combinaison et débranche l'arrivée d'air. Sa combinaison dépressurisée, son corps se dilate et explose.
Après ça le nouveau marshall en fonction ("prévôt" dans la version française) commence sa journée avec sa famille. Après avoir fait preuve d'une psychologie toute paternelle, il consulte sa boîte vocale vidéo pour la relève et écoute le rapport de son collègue. Puis part au boulot.
Dans l'usine, du réfectoire au vestiaire on suit les allées et venues d'un ouvrier au comportement louche.
Enfin, dans la salle de réunion, tout le mode fume. Une clope par plan, bonjour l'air conditionné (aaah, l'american way of life...) Comme le marshall vient d'être affecté à sa nouvelle fonction, il se présente à l'équipe. Une collègue se présente à son tour puis c'est le directeur, qui conseille au nouveau de ne pas trop en faire et de la jouer mollo.


Alors tout d'abord, Outland c'est Peter Hyams, le réalisateur de Capricorn One et 2010, mais aussi de Timecop et de La Fin des temps. Même si les succès sont relatifs, on peut dire que c'est pas un manche en la matière de SF.

Mais Outland, c'est aussi un western. O'Niel est un marshall fédéral qui n'a rien à perdre et fait régner l'ordre et la justice avec un fusil à pompe. Un fusil à pompe, ça peut avoir l'air bête au premier abord, car rien de tel pour déglinguer une installation spatiale qu'un truc à balle réelle. Seulement voilà, dans ce futur lointain-là, les blasters et sabres laser n'ont pas encore été inventés³.
Un western à huis clos, outre quelques plans d'insert, une ambiance proche du film carcéral ou social. De la psychologie donc. Des rapports humains. De la tension. Et puis de la bagarre. L'histoire est inspirée du Train sifflera trois fois, un western de 1952, et le film est souvent présenté comme un space western, proposition déjà présente dans Star Wars : son Han Solo qui tire le premier, contrebandier de son état, Luke chez son oncle fermier, sont des éléments western. D'ailleurs toute la planète Tatooine est une ville western où même les pompes à eau ressemblent à des cactus. Pour trancher avec le western, et "l'exotiser", les créateurs l'orientalisent. Les maisons ne sont alors plus carrées comme au Nouveau-Mexique⁴, mais rondes. Solo évoquera encore le western avec son attaque du train et la bande des Cloud Riders.

Mais alors que Star Wars se place par rapport à un passé mythique et fantasmé⁵, Outland est réaliste et terre-à-terre. Car dans ce futur lointain, l'homme extrait ses ressources que dans le système solaire, et les conditions des ouvriers n'ont pas changé : une colonie qui ressemble à une usine (une plateforme pétrolière, en fait), presque une prison, où ses ouvriers se droguent pour échapper au quotidien et la routine... on est très loin de la fantasy de Star Wars. Les deux films semblent finalement n'avoir en commun que leur créateur des costumes, John Mollo.

Outland, c'est aussi une narration à la première personne, autant que faire se peut : nous découvrons les faits en même temps, ou presque, que le marshall (dans le même ordre en tout cas). Nous découvrons les autres personnages de la même façon. Si les coupables sont pressentis dès le début, il n'est pas de mystère non plus pour le personnage principal. Nous ne sommes pas dans un film d'enquête mais dans un policier efficace, ou dans son pendant historique, le film de shériff. Le western c'est les thèmes de la conquête, de la colonisation, mais aussi de l'ordre et de la justice, mais c'est aussi la question de faire régner l'ordre en-dehors de ses frontières (ou dans un territoire mal délimité). Rappelons le titre, thème : Outland.
Et puisqu'on en est aux digressions stylistiques, la scène de squash, impromptue, apporte beaucoup de réalisme au film. A t'elle été un casse-tête ou d'une simplicité effarante à monter ? Anodine... il y a pourtant deux rapports temporels à gérer : la conversation et la partie.

Outland c'est une musique immersive signée Jerry Goldsmith : la Planète des singes (1968), l'Age de cristal, Alien, Star Trek, Gremlins, Explorers, l'Aventure intérieure, Total Recall pour ne citer que quelques films de geeks SF.

Outland c'est aussi un procédé, l'Introvision, qui intègre vachement bien les maquettes et les décors grandeur nature, mais aussi un décor de 5,5m à sept modules.

Toutes ces raisons font de Outland un incontournable de science-fiction.

Enfin 1981 c'est aussi : l'Empire contre-attaque, Mad Max 2, Malevil, Scanners, Bandits bandits, New-York 1997. Une année très compétitive en SF.


1... en guise d'introduction et accessoirement de générique.
2. Lune de Jupiter.
3. Total recall, par exemple, adopte le même type d'esthétique.
4. Les films de Leone en sont un exemple typique.
5. Le western est tant un genre qu'un mythe fondateur.

Policier, science-fiction, cinéma, colonisation spatiale, western, société, critique, analyse, Sean Connery, Peter Hyams, Peter Boyle, Frances Sternhagen

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